[Flashback] Restes d'une vie

Ses doigts se crispèrent une fois sur les draps. Ses yeux s'animèrent doucement, se fronçant légèrement. Sa tête se tourna sur le côté de l'oreiller. Elle semblait souffrir, si fort que les larmes vinrent à couler de ses yeux clos. Prise dans le cauchemar de la guerre qu'elle revivait, son corps s'animait pour lui faire revivre le pire évènement de sa vie. Sa respiration se fit rapidement puis saccadée. Sa main attrapa le drap blanc, le serrant dans son poing alors que dans un murmure un prénom s'échappait de ses lèvres tremblantes: " Crocodile-sama... " Ses ongles déchirèrent alors le tissu blanc et son corps de figea tout entier avant de finalement retomber simplement sur le lit sans plus un bruit. Sa respiration reprenait son court normale et ses lèvres entrouvertes laissaient s'échapper son haleine suave dans lesquelles des particules de poison étaient dissimulées.
Quelques gouttes de sueur parlaient sur son front et elle semblait être sur le point d'ouvrir les yeux. Ces derniers s'animèrent d'ailleurs à nouveau sous ses paupières, avec bien moins de véhémence et plus de douceur. Et elle les ouvrit enfin, fronçant les sourcils lorsque la lumière s'infiltra dans ces derniers alors qu'elle n'y était plus habituée. Ils se posèrent sur l'ombre qui se tenait à ses côtés mais qui apparaissait encore dans un savant mélange de formes et de couleurs floutées. La belle se sentait faible et sa gorge sèche n'était pas là pour arranger l'état dans lequel, elle se sentait.

Puis soudain ses iris firent le point et d'un réflexe primaire et instinctif la jeune femme sembla retrouver des forces d'une manière ou d'une autre. Elle ne connaissait pas cet endroit, ce visage posé sur elle ne lui disait absolument rien et tout cela n'avait que pour effet de provoquer une angoisse intense. Il sembla qu'elle s'éjecta littéralement du lit dans lequel elle se trouvait, s'éloignant au maximum de l'homme qui l'observait depuis son éveil. Une simple robe blanche sans artifice sur le dos, elle tenait ses avants-bras de ses mains froids comme pour se réconforter. S'enlaçant pour se donner le courage de confronter ce monde inconnu dans lequel elle venait de débarquer. Elle était debout et son visage fixait celui du bellâtre.
Puis une vérité éclata dans son esprit, ayant l'effet d'une bombe. Elle ne se souvenait pas de son nom.
Elle chercha alors des yeux un objet qui pourrait potentiellement lui servir pour se défendre inspectant la pièce qui n'avait rien d'une prison et qui avait même tout d'un palace. Que devait-elle faire ? Que devait-elle dire ? Visiblement aucune danger ne la menaçait et pourtant tout son corps lui criait de prendre garde.

Elle était là. Perdue. Frileuse. Angoissée.
Il était là. Assis. Serein. Beau...

Elle tomba finalement à genoux, les larmes envahissants ses beaux yeux. Son visage scrutant le sol sur lequel elle n'avait qu'une envie, se rouler en boule. Silencieusement, elle tachait de ses sanglots le tapis où elle était assise, ses cheveux traînant sur le sol autour d'elle. Elle ne savait pas pourquoi elle pleurait, le flot d'émotions était venu de lui-même comme un souvenir sans image, juste des sensations qui meurtrissaient son âme. Finalement, elle releva son beau minois vers lui. Murmurant entre ses pleurs la question qui tiraillait son esprit sans trouver de réponse.

" - Qui suis-je... ? "

Son coeur fit un bond dans sa poitrine et avant même qu'elle ne pense l'esquiver, il l'avait déjà pris dans ses bras. Elle ne bougea pas durant un instant, pétrifiée par ce qu'il allait faire son corps tremblait. Puis la douceur de sa main chaude derrière sa tête, l'odeur de ses vêtements et la délicatesse dont il faisait preuve eurent rapidement raison d'une jeune femme qui ne savait plus rien d'elle-même. Il la connaissait peut-être, il était peut-être quelqu'un de cher pour elle. Elle attrapa alors les pans du kimono de celui qui lui offrait ses bras, serrant le tissus entre ses doigts et plaquant tout son corps contre lui. Elle enfouissait son visage dans ses vêtements se cachant presque et cherchant encore davantage à se rapprocher de cette chaleur humaine. Il apparaissait comme la seule tangible de ses souvenirs.
Un trou béant dans la poitrine lui enserrait les entrailles, la boule dans sa gorge bloquant le son de ses sanglots. Elle pleurait dans l'intimité du silence. Ses larmes s'imprégnant sur les habits de l'inconnu.

Mais ce que cette femme nouvelle née par son amnésie ne savait pas, c'est que dans les bras de cet homme; Tout son corps s'était mis en marche et si les larmes qui inondaient à présent la peau du bellâtre n'étaient que peu chargées en poisons, son souffle lui saccadé par ses sanglots, se chargeait d'un poison beaucoup plus nocif qui pourrait avoir raison de n'importe quel homme. Ne se méfiait-il donc pas de cette femme dont il ne connaissait rien ? Sans le savoir il jouait sa vie rien que dans une étreinte remplie de chaleur bienveillante. Sa respiration se calmait, ses larmes arrêtaient de couler mais ses joues empourprées n'auguraient rien de bon. Ses expirations étaient plus puissantes et remontaient directement vers le visage de l'homme qui lui offrait ses bras.
Les yeux qu'elle avait fermé, s'ouvrirent alors d'un seul coup. Elle n'avait absolument pas conscience du poison qui s'échappait de sa respiration et pourtant dans un réflexe primaire et instinctif, elle le repoussa violemment en arrière. Le protégeant sûrement d'une trop grande affluence de la neurotoxine qu'elle dégageait.

Ses yeux étaient rougis par les larmes qu'elle avait versé. Elle s'était relevée après l'avoir poussée et tandis qu'elle mordait ses lèvres, elle fut encore plus qu'imprévisible. Son regard plongea dans le sien et l'instant d'après elle prit la fuite. Ouvrant la fenêtre à la volée à la vitesse palpitante de son coeur, elle s'engagea dans les jardins qui s'étalaient sous ses pieds nus. Elle ne voulait pas partir au loin, non, elle voulait juste respirer dans un endroit qui n'était pas confiné. Et ce n'était pas pour elle. La belle avait senti qu'il valait mieux pour lui qu'elle s'éloigne aussitôt de lui et qu'il ne respire plus près d'elle. Tombant à nouveau à genoux après les quelques mètres qu'elle venait de parcourir, elle expira tout l'air de ses poumons vers un papillon qui butinait près d'elle et qui s'apprêtait à s'envoler. Il tomba finalement d'un seul coup inerte sur l'herbe, alors que la jeune femme, ses mains posées sur l'herbe et le dos courbé ne s'en était même pas rendue compte.

Il ne le savait pas encore mais il venait de mettre la main sur un des pires assassins du monde shinobi...

Tournant son visage sur le côté tandis qu'il la rejoignait. Elle ne bougea pas, ses larmes ne coulant plus de ses beaux yeux marqués, ses prunelles se perdaient dans celles qu'il lui offrait. Se délectant de la main chaude et puissante qui se posait sur sa joue, elle ne le sentit pas menaçant le moins du monde, si bien qu'elle se laissa faire. Tombant lentement dans l'herbe, ses cheveux s'étalant sur le sol, il s'allongeait sur elle. Son coeur palpitait à une vitesse folle et son souffle venait de prendre une toute nouvelle définition, il était léger mais puissant, dégageant de forte émanation de poison mortel. Ses joues s'empourpraient à mesure qu'il approchait de ses lèvres et elle écarquilla les yeux lorsqu'il les déposa sur les siennes sans hésitation. Elle les referma alors aussitôt avant de tenter de se dégager mais il avait déjà lié ses mains entre ses doigts. Son poux s'affolait et la chaleur de son corps augmentait considérablement.
La jeune femme sans nom n'osait plus bouger d'un pouce, se prêtant finalement au jeu, elle ouvrit finalement l'entrée des lèvres qu'elle avait laissé close, permettant à leur langue de se lier l'espace d'un instant où le rouge de ses joues s'intensifia si violemment qu'elle ne put que réagir de la même manière. Libérant ses jambes, la jeune femme attrapa son bassin de sa jambe gauche, l'enserrant férocement, avant d'utiliser la seconde comme d'un levier qui lui permit de le faire basculer sur le côté.

Elle se retrouva d'un seul coup sur lui, ses mains toujours entre les siennes et les ramenant au-dessus de la tête du beau brun alors qu'elle déliait d'un seul coup leur bouche, ses yeux fixant les siens. Il venait également d'apprendre quelque chose d'autre, la kunoichi de Suna savait visiblement très bien maîtriser ce corps, il ne devait être qu'un autre habile instrument pour tuer ses douces victimes. Ses beaux iris clairs se plongeant dans les siens alors qu'elle relevait la tête. Il pouvait voir le rouge qui lui était monté aux joues durant cette embrassade mais également toutes les questions qui s'imposaient à elle après un tel baiser, elle semblait perdue mais également gênée puisque pour elle, la seule raison qui l'avait poussée à s'emparer de ses lèvres ne pouvait être que sentimentale en toute logique.
Elle libéra finalement les mains qu'elles retenaient et ne resta pas simplement assise sur lui. La belle inconnue se releva, refermant les bras sur son corps avant de chercher quelque chose autour d'elle. Encore une fois, il n'y avait rien qu'elle puisse utiliser.

Elle recula de quelques pas comme pour imposer une distance de sécurité entre elle et le bel Apollon.

" - Je ne te connais pas. Alors ne me touche pas ! Sinon... Je te tue ! "

Peut lui importait les raisons qui avaient pu le pousser à s'emparer de ses lèvres. Peut lui importait qu'elle ait pris du plaisir en l'embrassant. Peut lui importait qui il pouvait être puisqu'elle ne se souvenait de rien que chacun de ses gestes, chacune de ses paroles ne pourraient être que d'habiles mensonges. Elle ne devait pas rentrer dans ce jeu. Elle ne savait pas qui elle était mais son corps et les réflexes qu'il lui imposait, lui il savait et s'il l'avait fait s'éloigner de cet homme ce n'était sûrement pas pour rien. Ses yeux avaient pris une nature plus sérieuse dans ses paroles. Il venait de tomber sur une belle plante sauvage, elle n'avait sûrement rien perdu de son caractère affirmé cela allait sans doute. Perdue et seule, elle trouvait encore le moyen de se dresser contre la première personne qui lui témoignait un semblant t'intérêt affectif.

Elle entendait sa voix pour la première fois et le regard qui s'ajoutait à son timbre avait de quoi la faire frémir mais étrangement elle en éprouva davantage de l'excitation, ses muscles se bandant à ses premières paroles comme un fauve prêt à fondre sur l'objet de sa convoitise. Et finalement elle calma ses ardeurs, déposant le bout de ses doigts sur ses lèvres. Son corps était un poison qui tuait les hommes ? Puis elle posa son regard sur ce corps dont elle ne connaissait rien encore. La seule chose qu'elle savait c'est qu'elle était une femme, que ses cheveux étaient longs et teintés comme les lilas. Elle posa un instant ses yeux sur son corps qu'elle découvrait mais releva rapidement ses belles prunelles pour les poser à nouveau sur lui, ses yeux se plissant tandis qu'elle tentait de se rappeler qui il pouvait être mais sans aucun résultat. Alors le connaissait-elle vraiment ?
Tandis qu'il se relevait et ne lui offrait que son dos comme unique image, elle se sentie comme abandonnée. Un de ses bras se tendant vers lui comme pour avancer et l'attraper avant de ramener finalement son poing contre sa poitrine et d'observer le sol. Les larmes lui montaient à nouveau aux yeux, une boule se formant dans sa gorge. Elle vint à s'asseoir par terre, sur l'herbe, posant ses mains devant ses genoux. Sa belle crinière courant sur la pelouse alors qu'elle réfléchissait à ce qu'il venait de lui dire tentant par la même occasion de se souvenir de son visage mais en vint.

Elle l'entendit alors, cette mélodie, cet instrument qui éveilla tous ses sens. Elle fut instantanément envahis de puissants sentiments d'admiration, de crainte et étrangement... d'un désir charnel. Elle pouvait sentir son corps qui se réchauffait, le grain de sa peau qui s'élevait comme si elle se faisait toucher par les doigts les plus fougueux, fermes et désirables qu'elle n'ait jamais connu. Elle sentait que chacune des notes parcouraient la peau de son corps comme l'aurait fait les mains d'un amant pressé et vorace. Le rouge lui montant aux joues, elle laissa un soupir s'extirper de sa bouche. La mémoire sensorielle pouvait être d'une puissance délicieuse, d'ailleurs rien que ce qui la surveillaient, avaient sûrement du frémir et passer leur langue sur leurs lèvres en la voyant ainsi réagir au son de l'orgue. Cette musique semblait la prendre comme un homme l'aurait fait.

Et finalement, tandis que la musique continuait de se jouer et qu'elle venait de dégager une quantité phénoménale de poison et d'hormone, la belle sans nom se releva. Ses bras avaient tremblé lorsque toute la chaleur avait envahis son corps, si bien qu'il en fut de même lorsqu'elle tenta de se relever. Ses jambes flageolantes comme celle d'un faon qui apprenait à peine à se tenir debout, elle tenait la robe blanche de chaque côté de ses cuisses, parvenant difficile à rester debout elle arriva tout de même à faire quelques pas jusqu'à l’entrebâillement de la grande fenêtre et se maintint dos contre le mur. Son coeur battait si fort qu'elle pensait qu'il allait exploser dans sa poitrine.

Et finalement les larmes revinrent, silencieuses, elles coulaient sur ses joues, s'échouant sur les formes voluptueuses de sa poitrine et imprégnant sa robe blanche. Le chagrin la submergeait à nouveau, la solitude à laquelle la jeune femme était de subir lui était insoutenable. Glissant jusqu'au sol, elle ne fit presque aucun bruit. Elle laissa alors s'échapper de ses lèvres humides une demande qu'elle allait réitérer tout au long des jours qui suivraient... Le murmure de sa voix se perdant dans le chant de l'orgue.

" - Munsu... Je ne veux pas être seule... "