[Habitations]Pavillon Secondaire - Maison des Anciens Alpha Hari

I’m Still Your Son…

Aujourd’hui, le soleil s’était levé, brillant de milles feux, présage d’une journée plus qu’agréable. Enfin, les apparences étaient trompeuses pour certains. Debout devant son miroir, une mine de condamné à mort plaqué sur la figure, Tsuki se préparait. Si l’astre solaire annonçait une chaleur de plomb, notre jeune ami ne pouvait s’empêcher de voir les nuages grisonnants de sa mort toute proche. Ses yeux exprimaient le désarroi qu’il refusait d’afficher sur ses traits. Car cette journée différait des autres. Il ne s’entraînerait pas jusqu’à épuisement, ne se ferait pas gronder une énième fois par sa sœur. Il n’aurait même pas à supporter la présence ennuyeuse de son beau-frère. Non, le calvaire qui l’attendait était bien autre. Aujourd’hui, c’était le jour de sa visite pseudo parentale.

Enfin, depuis que ses parents l’avaient, en quelque sorte, renié, le louveteau vivait seul. Mata, sa sœur aînée, prenait souvent de ses nouvelles et s’occupait de sa santé, un critère que négligeait beaucoup l’adolescent. Cependant, elle avait instauré une règle que le Hari ne pouvait en aucun cas contourner. Voulant préserver le peu d’esprit familial qui restait encore eux, son alpha de sœur lui avait fait promettre de visiter ses parents au moins une fois par moi. Or, depuis sa graduation au rang de chuunin, évènement qui datait déjà d’une demi-année, le loupiot n’avait pas daigné montrer son visage à ses géniteurs. Pour cause, il savait très bien ce qui l’attendait, une fois qu’il aurait franchi le pallier. Malheureusement, il n’avait pas pu continuer à remettre l’inévitable. La rencontre prévue dans quelques heures s’annonçait joyeuse.

La ponctualité faisant partie des qualités qu’il montrait rarement poussèrent Aoi à écourter sa contemplation. Se détournant de la glace renvoyant le reflet d’un loup apeuré, il se rendit aux appartements de ses parents. Traînant du pied en chemin, le ninja aux yeux vairons finit quand même par arriver à l’heure à la demeure qu’il occupait il n’y avait pas si longtemps. Poussant la porte coulissante, il ôta ses sandales et posa ses pieds nus sur le parquet ciré. Humant l’air, il pouvait dire le plat que sa mère avait préparé, son préféré mais pouvait aussi sentir l’animosité qui les animait tous les deux. S’avançant vers le salon, le canidé les trouva, assis sur un sofa. Quand son regard croisa le leur, sa mère détourna les yeux, tandis que son père tentait, en vain, de retenir un grondement dédaigneux. Soupirant, il entra dans la salle en les saluant.

- Père… Mère… Cela faisait longtemps.
- Pas assez longtemps, selon moi.

La voix rocailleuse de son père le fit frémir. Si ses paroles ne lui arrachèrent pas de larmes, Tsuki ne s’en sentit pas moins blessé. Ignorant l’atmosphère haineuse qui se faisait plus oppressante, il prit le siège qui se trouvait en face de celui qu’occupait ses parents. Évitant le contact visuel, ses mains frictionnant les pans de son écharpe, l’animal priait pour que le temps s’écoule le plus vite possible. Il regrettait, à chaque fois que ce jour arrivait, d’avoir accepté la requête de son sœur. Comme toujours, elle s’avérait être sa faiblesse. Malgré l’épreuve qui lui était imposé, il ne pouvait la haïr, car il savait, qu’à long terme, tout ceci lui servirait. Prenant une grande inspiration, il releva la tête, plongea ses pupilles dans celle son père, ce loup blanc à l’aura glaciale et décida de briser le silence pesant qui s’installait.

- Tu sais… Je suis chuunin maintenant.

Éclatant d’un rire sonore, comme si la révélation qui venait de lui être faite ne pouvait être qu’une mauvaise blague, l’ancien alpha se leva d’un bond. Après trois longues enjambées, il se planta devant le shinobi des nuages qui se figea. La seconde d’après, ses pieds ne touchait plus le sol, car son géniteur l’avait élevé, retenu par le col de son tee-shirt. Alors, les paroles qu’il craignait tant sortirent de la bouche du loup blanc qui le surplombait depuis toujours.

- Chuunin? Un gringalet comme toi? J’ai bien envie de voir comment tu as fait. Dans la cours! MAINTENANT!!

L’ordre avait été adressé de telle sorte que personne ne puisse y faire objection. Ayant retrouvé le plancher des vaches, de manière assez brutalement, Aoi regardait son père s’éloigner. Tournant vers sa mère un visage de martyre, il se leva et obéit gentiment. Cependant, il n’avait aucune envie de se battre. Surtout pas contre un homme qui, malgré le lien de sang qui les unissait, n’hésiterait pas à le briser, tant mentalement que physiquement. Pourquoi ces rencontres familiales finissaient toujours par se transformer en test d’aptitudes stupides?

I’m Still Your Son…

L’affrontement père/fils n’allait pas tarder à commencer. Assise sur un coussin, en position tailleurs, l’ancienne alpha du clan angoissait devant le spectacle auquel elle avait droit à chaque fois que les deux hommes de sa vie se réunissaient. Elle n’était pas la seule, cependant, à avoir des sueurs froides. Tsuki observait son père qui se mettait en conditions, faisant craquer chacune de ses articulations endolories par le manque d’activité surement. S’étant préparer dès l’instant où il avait fermé la porte de chez lui, le jeune homme attendait que son adversaire mensuel lui fasse signe. Chose qui ne tarda pas. Une fois son échauffement terminé, le loup blanc fit signe à son fils de commencer. Soupirant une nouvelle fois devant la stupidité du jeu auquel il se prêtait, il se mit en position de combat. Face à lui, son père n’adoptait aucune stance de combat, ses bras croisés et le torse bombé. Cette garde baissée était une invitation à l’attaque et le loupiot ne s’habilla pas de ses états d’âme vu les circonstances. Fondant sur l’homme impassible en face de lui, il l’escalada habilement pour lui asséner un violent coup de pied derrière la nuque. Une technique simple de taekwondo qu’il utilisait généralement pour jauger ses opposants.

Comme il s’y attendait, il ne put atteindre sa cible. Bien trop vite pour que ses yeux aient pu suivre le mouvement, le poing fermé de son géniteur vint se mettre sur la trajectoire qu’avait prise son pied. La seconde suivant, tout aussi rapidement, ce même poing s’abattit sur l’estomac du jeune Hari. La puissance de l’impact le cloua net au sol, lui coupant le souffle par la même occasion. Il ne lui fallut que ça pour comprendre que ce vieux grincheux puisait ses forces dans son animal totémique. Se redressant, soudainement motivée, le louveteau comptait bien apprendre une ou deux grimaces à ce singe très peu souriant. Posant la main au sol, il scotcha son rancunier de père. Se relevant, le chuunin sauta en l’air pour un nouvel assaut. Alors que son pied s’enfonçait dans les côtes du colosse, ce dernier laissa sa place pour un rondin de bois, dissimulant par la suite sa présence. Découvrant ses dents, grondant d’impatience et de frustration, le loupiot cherchait à mettre la main sur sa cible.

- Jouer à cache-cache n’est plus de ton âge. Montre-toi qu’on en finisse.

Ce concentrant et humant l’air autour de lui, il finit enfin par trouver la fragrance de son père. Trop tard cependant. Apparaissant dans le dos d’Aoi sans crier gare, il attrapa son écharpe et resserra le nœud. Grinçant des dents devant ce coup bas, l’air s’échappait petit à petit des poumons du lupin bicolore. Son visage commençait même à peindre une teinte rougeâtre, signe qu’il manquait cruellement d’oxygène. Ne voyant qu’un seul moyen de se libérer, il bascula sa tête en arrière, heurtant le visage de son oppresseur. Pris de court, l’alpha retraité lâcha prise juste assez longtemps pour que le ninja des nuages prenne ses distances. Alors que son père se tenait encore son nez sanguinolent, le canidé tapa du pied, paralysant son géniteur par une décharge de chakra. Ne perdant pas plus de temps, il le projeta dans les airs d’un puissant coup de pied. Puis, d’un bond gracieux, il s’éleva à son tour. En un simple retourné, enfonçant ses deux pied dans les ^côtes du vieux loup blanc, il le plaqua violemment au sol. Réceptionnant sa chute, il se laissa tombé à genoux, le temps de reprendre son souffle. Sur son corps, le chakra électrique du grincheux crépitait encore. Il venait de détruire un simple clone de foudre.

- Pas mal. Tu commences à taper comme un vrai fils d’alpha. Dommage, tu ne me succéderas jamais.

L’affrontement était fini mais le problème persistait. Tsuki savait que, même si son père reconnaissait la puissance qu’il avait acquit, il ne lui pardonnerait peut-être jamais d’avoir renoncé au titre d’alpha. Et le loup aux yeux vairons était las de s’égosiller à dire qu’il n’avait aucunement besoin d’être le big boss pour qu’on sache qu’il était puissant. Alors que son père se rhabillait déjà, sa peau d’albâtre n’ayant subi aucun dommage, Ao se relevait difficilement.

- Va prendre une douche. Ta mère déteste qu’on soit à table dans un état déplorable. Et la prochaine fois que tu te mesureras à moi, sois au meilleur de ta forme. Je ne peux pas te jauger autrement.

Le Hari resta silencieux face à ces nouvelles directives. Il fut étonné que son géniteur se soit rendu compte des stigmates que lui avait laissés son dernier entrainement. Quelque, il espérait que ses parents l’aimaient toujours et cet acte l’aidait à garder la fois. Se dirigeant vers la salle de bain, l’animal réfléchissait. Cette énième rencontre porterait peut-être les fruits de la renonciation. C’était le vœu le plus chair de chuunin.

I’m Still Your Son…

De quand cela datait-il? Tout lui paraissait si familier et en même temps tellement inconnu. Alors qu’il traversait les couloirs qu’il avait parcourus de long en large dans sa jeunesse, Tsuki se sentait perdu. Rien n’avait changé pourtant, mis à part le fait qu’on avait refait la peinture. Laissant sa main glissée sur le mur en bois verni, il avançait comme s’il redécouvrait cet endroit. Quand il arriva enfin devant la salle de bain, il poussa la porte coulissante pour se rendre compte que sa mère l’avait devancé. Le louveteau le savait car sa serviette préférée, avec un loup brodé dessus, était pliée sur le banc où il alla s’assoir. Dans la baignoire reposait de l’eau fumante tandis qu’une légère odeur de fleur d’oranger embaumait la pièce. Le jeune homme avait du mal à imaginer qu’il devait toutes ses attentions à sa mère, celle-là même qui avait détourné les yeux quand son père lui avait dit qu’un enfant aussi peu ambitieux ne pouvait être son héritier.

Alors que ses images défilaient dans son esprit, l’eau l’immergeait jusqu’au nez. Le Hari aurait aimé pouvoir noyer la douleur qui empoignait son cœur. Mata se rendait-elle compte du sacrifice qu’il faisait en respectant la promesse qu’il lui avait faite? Savait-elle seulement à quel point le jeune loup avait été touché ce jour chaotique? Pendant un instant, les vapeurs de l’eau prirent la forme d’une fleur de pavot. Morphée essayait-il d’offrir une échappatoire au génie de l’acharnement ou était-ce simplement une hallucination causé par la faiblesse d’esprit dont souffrait le chuunin à cet instant? La réponse était d’une honteuse évidence. Sortant de son bain, avant de finir aussi fripé qu’un fruit séché, le loupiot s’enroula avec la serviette de son enfance. De retour près du banc, des vêtements d’un blanc neigeux avaient fait leur apparition. Surement des affaires qu’il n’était pas revenu récupérer, pensa le l’ado aux gènes lupins. Cependant, quand il les déplia, il se remarqua qu’un kanji était brodé sur la proche de la ceinture du kimono. Il s’agissait de celui de son surnom, celui que seules sa mère et Mata utilisaient pour l’appeler.

*Elle a fait ses vêtements spécialement pour ma venue ? Mère ne me déteste donc plus ?*

Tant d’interrogations et aucunes réponses irréfutables. Ne pas savoir était souvent une torture tout aussi insupportable que celle qu’infligeait la connaissance de faits horribles. S’approchant du salon, d’un pas fantomatique comme à son habitude, les oreilles d’Aoi frémirent. Ses parents discutaient, ou plutôt se disputaient à son sujet. Ils devaient penser qu’il s’éterniserait plus dans son bain et ne se gênaient pas pour se crier l’un sur l’autre. Caché dans un coin d’ombre, dissimulant son chakra, son aura et même son odeur, par le biais du la technique de filature qu’on lui avait appris à l’académie dans il y avait cela plusieurs années, des brides de la conversation lui arrivait. Même si la curiosité dominait, un pressentiment persistait et lui retourner l’estomac. Peut-être n’aurait-il jamais du entendre ce qui ce disait?

- Matsuda, quand te lasseras-tu de faire souffrir ton fils? Regarde ce qu’il s’inflige pour te prouver qu’il peut devenir quelqu’un sans pour autant être Alpha. Oublie cette rancœur futile et réconciliez-vous. Cela sera plus sain, tant pour toi que pour lui.
- Jamais!! Comment veux-tu que j’accepte que mon sang se contente de si peu? Tu as vu les progrès qu’il a faits en si peu de tant et cela sans même utiliser ses capacités personnelles. Cet enfant ferait un parfait dirigeant, un leader d’exception pour le clan.
- Et Mata, tu y penses? C’est pour elle qu’il a fait cela.
- Tu ne fais qu’alimenter mon feu, Tama. S’il a pu se sacrifier à ce point pour sa sœur, imagine combien il est dévoué au clan!

C'était comme parler à un sourd. L'ancienne Alpha ne trouvait aucun argument pour raisonner son mari et arranger la situation familiale. Mais c'était un acte louable, une tentative qui réchauffa un court instant le shinobi des nuages. Ne supportant plus d’entendre ce flot d’inepties, des paroles insensibles, Tsuki dévoila sa présence. Entrant dans le salon, le visage fermé par les horreurs qui venaient d’être proféré à l’encontre de sa sœur, son regard navigua de son père à sa mère. Cette dernière, certaine que la conversation avait été écoutée, détourna le regard, comme cette fameuse voix. À ce moment, le cœur du loupiot se brisa, une nouvelle fois. Il se mordit la lèvre inférieure pour s’empêcher de pleurer. Mais seuls les dieux savaient combien le torrent de tristesse qui l’envahit à cet instant était impétueux. Agissant comme si de rien n’était, il s’installa devant la table, ses yeux vairons fixant le bol de porcelaine vide qui se tenait devant lui. Quelque part, il ressemblait à ce petit loup qui, il y avait cela plus d’un an, s’était renfermé sur lui-même, roulé en boule comme un félin dans l’un des coins de sa chambre. Comme il aurait aimé réitéré cet acte à ce moment…

I’m Still Your Son…

Comme il l’avait sentit, il s’agissait de son plat préféré. Des nouilles, des légumes divers tous crus, de la viande de bœuf et de porc coupé en dé, de la sauce soja. Un mélange homogène qui devenait une vraie explosion de saveur une fois passé sous le palet. Tsuki se souvenait que, petit, il en mangeait tellement qu’à chaque fois qu’il finissait toujours au lit à cause de l’indigestion qui suivait. Généralement, après tant de récidivisme, les enfants de son âge se lassaient ou finissaient par être dégoutés. D’ailleurs rare étaient les enfants à manger des légumes de leur plein gré. Comme le disaient tous les membres du clan, ce gosse avait vraiment quelque chose de différent, comme s’il chamboulait toutes les lois de l’univers à lui tout seul. Mais ne disait-on pas aussi que les enfants naissant avec les yeux rouges étaient amenés à attirer les pires catastrophes. Dans son cas, le loupiot était content que les malheurs s’acharnent sur sa personne, préférant être le bouc-émissaire des foudres divines. Les siens n’avaient rien à voir avec la décoloration étrange de ses yeux.

Toutes ses réminiscences coupait l’appétit du jeune Hari, qui pour la première fois, ne trouvait aucune saveur au plat posé devant lui. Levant les yeux ses les autres protagonistes en face de lui, il constata que sa mère semblait gênée de ce qui s’était dit tout à l’heure, tandis que son père dévorait son repas avec insouciance. C’était plus qu’il ne pouvait endurer en une journée. Posant ses baguettes, repoussant son bol vers le centre de la table, sans y avoir pris une bouchée, il s’inclina devant sa mère en signe d’excuse et se leva de table. Le poing de Matsuda heurta violemment la table, faisant tant surtout la femme que le fils. Se retournant avec un air de défi dans les yeux, le louveteau attendit les réprimandes auxquelles il avait si souvent droit. Les pupilles pleines de colère, les canines devenant de petits crocs signe que le vieux grincheux ne contrôlait plus sa bête, sa voix sortit comme un grondement qui fit trembler toutes les fondations de l’habitation.

- Assieds-toi ou ne reviens plus pour le reste de l’année.
- Je me suis passé de toi pendant six mois. Je pense que je survivrai six mois de plus. Au revoir Matsuda.

En appelant son père par son nom, Aoi coupait d’une certaine manière le lien du sang qui les unissait. Il pouvait comprendre qu’en tant qu’ancien Alpha, il veuille toujours le meilleur pour son clan et il était fier qu’il reconnaisse ses capacités. Mais tout cela valait-il vraiment la peine de sacrifier le travail acharné de sa sœur, tous les efforts qu’avait fournis Masahiro pour être aux côtés de Mata? Le loupiot n’avait jamais été de cet avis et aujourd’hui il affirmait à nouveau ses convictions, qu’importe si elles déplaisaient à un homme insensible. Traversant les couloirs de cette maison, qui fut jadis la sienne, se précipitant presque vers la porte, comme si l’air à l’intérieur était impossible à respirer, le chuunin suffoquait dans un environnement qui le conditionnait pourtant. Sa famille était-elle telle qu’il ne pouvait même plus se sentir à l’aise, en sureté dans ce tout le monde appelait le cocon familial? Il semblait bien que la réponse était indéniablement négative. Une pensée qui tomba dans son esprit comme un couperet, déchirant par la même occasion un nouveau morceau des lambeaux qu’était devenu son cœur. Enfin la sortie était visible.

- Ao-chan.

Ces quelques syllabes suffirent à l’arrêter, enserrant davantage l’étau qui compressait son cœur, qui lui nouait l’estomac. Saisie d’une peur qui n’avait aucune raison d’être, il tourna la tête, s’attendant presque à voir la grande faucheuse levant son arme mortelle au-dessus. Mais ce qu’il vit, debout en face de lui, était bien pire. Mourir sans fois aurait été un bonheur. Se faire transpercer le cœur, souffrir sans jamais mourir était supportable. Le visage de sa mère en pleurs était un spectacle auquel il ne pouvait assister, pas s’il voulait s’en sortir indemne. Détournant le visage, sentant qu’il ne retiendrait plus très longtemps le flot tumultueux qui gémissait en lui, il attendit la suite. La voix étranglé par les larmes de sa mère, de la louve qui l’avait porté dans ses entrailles, résonna et fit disparaître ce qu’il restait de maîtrise dans le jeune loup.

- Pardonne-le. Pardonne-moi…

C’en était trop. Utilisant toutes les forces qui lui restaient pour s’échapper de ce tourbillon d’émotions cinglantes, il bondit, passant littéralement au-dessus de la barrière. Mata le lui revaudrait, au dixième, au centième, au millième même. Mais jamais elle ne pourrait refermer les plaies qui s’étaient ré-ouvertes aujourd’hui. Tsuki aimait sa sœur de ton son cœur, il mourrait pour elle. En fait, c’était ce qu’il venait de faire… Mourir pour elle. Ne voyant plus rien, un ruisseau cristallin noyant son regard, le louveteau cherchait un lieu de rédemption.