[ Entraînement ] Taekwondo - Les bases de l'Art [ Complet ]

Pied d'Acier - Apprentissage


Chapitre 1 : Sankkyaku Nage

Spoiler:

La sérénité des Dojos. Voilà une chose ardue à égaler pour disposer de la paix de l’esprit, et de la tranquillité du corps. Assis en position reportée sur les genoux, les mains posées sur les cuisses, une rangée de disciples gardent les yeux fermés en écoutant le rythme des mantas qui se répandent dans la pièce, mêlés à l’odeur de l’encens qui se répand peu à peu. Certaines personnes n’arrivaient jamais à trouver la paix, peu importe ce qu’ils pouvaient faire en espérant atteindre une parcelle de bonheur. Pourtant, c’était dans ce genre de choses, silencieuses et paisibles, que Chôjuro trouvait réellement la paix. Ça et le fait de manger, mais il ne fallait pas qu’il se permettre de laisser ses pensées s’égarer inutilement. Pour ce guerrier accompli malgré son jeune âge, la sérénité d’un tel lieu était propice à le débarrasser de toutes les pensées qui le ramenaient à la violence qu’il perpétrait pour vivre. Certes, il avait été élevé dans le but de devenir un combattant hors pair, et c’était ce qu’il avait réussi à accomplir. Toutefois, le fait de savoir combattre mieux que beaucoup n’impliquait pas nécessairement le désir de combattre lui-même. Malgré tous ses talents de combattant et de shinobi, Chôjuro resterait toujours un jeune homme au naturel doux.

C’est d’ailleurs sur cette pensée qu’il revint au moment présent et à ce qu’il faisait précisément maintenant, au centre de la pièce gorgée de l’odeur de l’encens. Tout autour de lui se trouvaient un grand nombre d’apprentis du dojo dans lequel il se trouvait, silencieux alors qu’ils observaient le moindre de ses mouvements. Sur sa gauche, le sensei et propriétaire de l’établissement, dans la même posture que ses nombreux élèves, l’observant également avec une expression calme et posée en attendant de voir ce qui se passerait bientôt. Car devant lui, se trouvait ce qui représentait toute la cause de cette attente générale d’une trentaine de personnes dans la vaste salle. En posture de combat, stoïque et prêt à passer à l’action, se tenait un jeune élève du maître Sonshuu, fier et préparé à combattre du haut de sa vingtaine d’années. En fait, il était à peu près du même âge que l’épéiste, quand on regardait un peu l’expression infantile qui teintait chaque facette de son visage. Ce jeune homme était à la fois fier et intimidé de la position qu’il occupait en ce moment. Personne n’aurait pu lui en vouloir. On venait de lui demander d’être le partenaire d’apprentissage de l’épéiste de la Brume qui faisait office de garde du corps personnel à la Mizukage elle-même. Il y avait de quoi être intimidé. En particulier dans le milieu des arts martiaux, la force du jeune Chôjuro était bien connue de la majorité, et se retrouver contre lui, même en entraînement, représentait un défi de taille. Du moins, il allait maintenant être question de voir comment se déroulerait la suite, alors que l’épéiste venait d’adopter une autre position de combat en attendant le début de l’entraînement de combat en temps réel. Le Taekwondo était une discipline faite pour maîtriser les jeux de jambe. Il allait voir jusqu’où il pouvait se débrouiller en la matière.

Le bruit du gong miniature résonna quelques secondes, et le son de sa voix puissante et aigue n’avait même pas encore fini d’émettre son chant alors que les deux adversaires franchissaient en un bond la distance qui les séparait. Ce fut alors que l’épéiste passa très près de réaliser sa première erreur. En temps qu’habitué fort aux tactiques de combat usant des bras et des poings, il faillit laisser passer dès le début le premier coup de pied retourné qui le visa une fois à portée. Brandissant son avant bras, il bloqua le coup in extremis, soupirant de soulagement à la pensée de la douleur qu’il venait d’éviter. C’était qu’il frappait plus fort qu’on ne l’aurait cru en le regardant, celui-là! Chaque mouvement qu’il faisait était accompli dans un but précis, déplaçant l’air par la vitesse de ses coups, qui se retrouvaient malgré tout tous bloqués ou détournés par les mains habiles de l’expert en Taijutsu qu’était Chôjuro. Puis, vint l’échange des rôles. À la suite d’un dernier détournement d’un coup de pied inversé, ce furent les jambes de l’épéiste qui effectuèrent une rotation, faisant perdre pied à son adversaire qui se retrouva sur le dos. Effectuant une roulade pour se relever en évitant un coup de pied au sol fait par son adversaire, le disciple se retrouva dans la précédente position de l’épéiste, à bloquer au mieux de ses compétences les coups de pied assénés par ce dernier. Il allait falloir trouver mieux pour avancer dans ce combat. Reculant volontairement d’un pas en laissant une ouverture bien évidente pour son adversaire, Chôjuro regarda celui-ci mordre à l’appât en se jetant dans l’ouverture montrée, à l’aide d’un coup de pied projeté. Ce à quoi le ciblé se déplaça de tout juste quelques centimètres pour laisser passer le coup, dérivant comme nombre de coups de pied précédents l’attaque en posant la paume de sa main pour faire dévier la trajectoire d’impact. Posant ensuite son pied droit directement sur le torse de son adversaire à sa merci, le jeune homme se donna une légère impulsion, qui alla lui permettre de tout juste s’élever du sol d’une trentaine de centimètres, dépassant maintenant d’une tête son adversaire. On aurait pu croire qu’il allait tout bonnement le projeter par la force du ressort de sa jambe, vu que sa posture laissait croire de toutes les manières qu’il s’agissait bien là de son intention, mais la suite allait en surprendre plus d’un. Usant de l’impulsion de sa jambe droite, l’épéiste se propulsa au contraire sur le corps du jeune disciple, escaladant en un seul pas supplémentaire le corps de celui-ci jusqu’à se retrouver à passer au dessus de lui. Le mouvement était rapide et précis, tout en était imprégné d’une si infime dose de chakra qu’elle n’en était presque pas perceptible, usée au niveau de la plante des pieds pour s’assurer une bonne prise au moment de se donner l’impulsion pour grimper sur une surface aussi instable que l’était le corps humain. La tentative de reprise de position du jeune homme pris au dépourvu se solda ensuite par un bête coup de revers avec la plante du pied gauche, qui alla donner un coup rapide et souple à l’arrière du crâne de l’apprenti, forçant ce dernier à chuter devant lui en perdant l’équilibre. Une bête attaque de base faite à l’aveugle, mais néanmoins assurée de toucher, étant donné la proximité des deux combattants et la posture calculée dont disposait celui qui effectuait le mouvement. Pour ce genre de technique, la position était un élément essentiel : une fois bien positionné, il n’y a qu’à effectuer le coup. Et le résultat, dans ce cas-ci, fut un apprenti d’un dojo de Taekwondo effectuant quelques pas maladroits avant de tomber devant, trop affecté par son instabilité soudaine. Effectuant une roulade, il se retourna finalement pour voir atterrir son adversaire avec souplesse au sol, restant dos à lui. Le Sankkyaku Nage. Une technique simple d’utilisation, mais qui faisait ses preuves, comme venait de le prouver l’épéiste. C’était définitivement prouvé, ce type était bien là pour apprendre le Taekwondo comme le lui avait offert maître Sonshuu. Ça ne faisait plus aucun doute.

Spoiler:

Le combat n’était pas fini, il en était même bien loin. Et c’était une bonne chose en soi, car les combats trop vite terminés ne laissaient jamais plus qu’une sensation de devoir non-accompli. La désagréable sensation d’avoir bâclé le travail, et de ne pas avoir fait assez pour mériter une quelconque récompense. C’est ce qu’aurait ressenti Chôjuro si le disciple – dont il venait d’entendre d’une oreille qu’il se nommait Oroki – ou le maître Soushuu avait interrompu le combat à ce stade peu avancé. Mais étant donné que le maître ne semblait faire montre d’aucune intention d’un quelconque mouvement pour signaler un temps d’arrêt, la décision en revenait à Oroki, étant donné que l’épéiste ne serait certainement pas celui qui mettrait un terme à l’affrontement. Et visiblement, l’adversaire du shinobi partageait la même vision des choses que ce dernier, en ce moment précis, alors qu’il reprenait la posture de combat qu’il avait adoptée en début de combat. L’échauffement était terminé.

Chôjuro adopta lui-même sa propre posture de combat au moment précis où Oroki démarrait et se dirigeait vers lui. Ses mouvements n’étaient déjà plus semblables à ceux qu’il effectuait encore quelques instants plus tôt. Ses pas étaient maintenant calculés, précis, et empreints d’une souplesse dont ils ne disposaient pas encore tout à l’heure. Avait-il augmenté le niveau du fait de la valeur apparente de son adversaire? Quoiqu’il en soit, les coups qui vinrent à son encontre par la suite étaient visiblement empreints d’une bien plus grande férocité, ainsi que d’un recul bien plus appuyé. Oui, son adversaire avait décidé de passer aux choses sérieuses. Bien entendu, l’épéiste disposait toujours d’une vitesse nettement supérieure à celle de son opposant, lui permettant d’éviter les coups de pied avec souplesse, mais il n’en restait pas moins que son assaillant faisait montre d’une compétence remarquable. Il n’en démordait pas, et chaque coup dévié ou évité était rapidement suivi par un autre pour tenter de prendre le shinobi par surprise. Sans succès, malheureusement pour lui. Et pendant que son adversaire s’évertuait à tenter de lui infliger un coup dans les règles de l’art, l’épéiste eut le temps de réfléchir à la meilleure façon de se sortir de tout ça. Visiblement, la tactique de son adversaire était des plus simples : empêcher l’adversaire de contre-attaquer, en l’obligeant à se focaliser sur sa défense devant une série de coups ininterrompus. Ça aussi, c’était une façon de faire qui avait fait ses preuves avec le temps. Certes, c’était une méthode qui nécessitait beaucoup plus d’énergie qu’en temps normal de la part de celui qui effectuait les coups pour bloquer son opposant, mais le tout restait relativement fiable malgré tout. Les pensées de l’épéiste furent malheureusement interrompues, alors que le sol se déroba sous ses pieds sans qu’il en connaisse réellement la raison. Revenant à présent de façon totale à ses mouvements et à ce que faisait son adversaire, il eut tout juste le temps de se rendre compte qu’Oroki, apercevant la baisse momentanée d’attention de sa cible, avait soudainement interrompu ses coups de pied en chaîne pour lui faire subir la même technique qu’il avait lui-même usée sur lui il y a peu de temps. À savoir la jolie rotation des jambes pour venir faucher l’adversaire au niveau des mollets, occasionnant sa chute par le fait même. Il allait falloir reprendre tout ça en main, et vite, sous peine de s’exposer à un coup bien placé.

Tendant ses bras d’un coup, Chôjuro se rattrapa sur les mains, interrompant in extremis la chute qu’il avait entamée vers le sol. Ne souhaitant pas le moindrement du monde s’attarder longtemps dans cette position, il usa de l’impulsion de ses bras pour faire basculer son corps en entier, lui permettant de rejoindre le sol de manière à effectuer une habile roulade qui le mit à l’abri des coups de pied aplatis que tenta de lui asséner son opposant alors qu’il s’exécutait. Le tout, jusqu’à ce qu’il se retrouve coincé dans son mouvement, retombant soudainement dos à une large poutre de bois circulaire. Il n’avait pas exactement prévu ce petit détail dans son mouvement, il fallait bien l’avouer. Bras de chaque côté de la poutre derrière lui, l’épéiste n’eut que deux secondes pour réfléchir à la meilleure façon de reprendre le dessus. Et la réponse s’imposa d’elle-même. Usant une nouvelle fois de la force de ses bras, et de ses abdominaux sur ce coup-ci, le shinobi pivota son corps vers le haut en maintenant ses mains fermement ancrées sur la poutre , laissant le coup de pied frontal d’Oroki percuter le bois avec un bruit mat là où aurait du se trouver son ventre, autrement. Posant les pieds pour se retrouver en positon accroupie sur la surface de la poutre, le jeune homme mit une dernière seconde à rassembler une bonne impulsion dans ses mollets, et se propulsa ensuite avec rapidité. Oroki n’eut le temps que de faire un pas en arrière en tentant de brandir ses bras croisés au niveau de son visage comme protection, que déjà son adversaire fondait sur lui depuis les airs, le pied dans les airs et prêt à frapper. La posture était encore une fois très importante, pour ce que nécessitait le Nerichagi qui avait frappé l’idée de Chôjuro au dernier moment. Le pouvoir de l’improvisation, je vous jure. Toujours est-il que la jambe ne broncha pas sur toute la descente, stoïque et ferme jusqu’au dernier moment. Le coup partit comme une flèche, empreint à la fois de souplesse, de précision et de rapidité, propulsant le talon du pied droit au sommet du crâne du disciple, qui ne put que se voir obligé de tomber tête la première au sol. Enfin, c’est ce qui se serait passé, si la poutre n’avait pas imposé sa présence pour percuter en premier le front du malheureux. Ça allait laisser une marque, ça. Le tout par un coup de pied simpliste à exécuter quand on y pense, mais malgré tout empreint de sa force de propulsion bien à lui, et de la douleur qu’il impose. Après tout, un coup de talon sur la tête, ça marque pour un moment. Posant son pied dans le dos d’Oroki l’espace d’une dernière seconde, l’épéiste se propulsa finalement trois mètres plus loin, laissant le soin au concerné de décider s’il souhaitait toujours poursuivre l’affrontement. Car lui, il était prêt.

Spoiler:

C’était définitif, il s’était trouvé un opposant désireux au-delà de toute chose de prouver sa valeur, à la fois à ses congénères et son sensei qui observaient la scène sans dire un mot, hypnotisés par ce qui se déroulait…et à l’épéiste qui le contrait de façon admirable, pour un débutant du Taekwondo. Simplement par ses talents, sa vitesse et ses réflexes alliés à quelque talents d’improvisation travaillés, on pouvait reconnaître en lui un réel adepte versé dans l’art du Taijutsu. Il savait ce qu’il faisait, comprenait rapidement tout ce qui pouvait lui être utile, et se voyait pourvu d’un talent suffisamment grand pour en faire l’exercice aussitôt. C’était une capacité que peu de personnes pouvaient se vanter de posséder, au vu de la maîtrise et de tout l’entraînement qu’elle nécessitait. Mais comme pouvaient le voir tous les individus silencieux agenouillés dans la pièce, le résultat en valait amplement la peine. Et au contraire de nombre d’adversaires qui auraient pu croiser sa route en ce jour, Chôjuro pouvait croire que ce que cela inspirait à son adversaire, ce n’était pas de la crainte. Ni de l’appréhension envers un ennemi bien plus talentueux que lui, et apte à lui mettre une raclée avec les deux mains attachées dans le dos. Ce qui brillait dans les iris d’Oroki, c’était une lueur de défi pur et dur. Après avoir attrapé la serviette qu’on lui avait tendue, et essuyé le mince filet de sang qui avait commencé à couler du sommet de son front, le jeune homme s’était contenté de rendre le bout de tissu et de reprendre la même posture de combat qu’auparavant. Voilà qui était un bon esprit. Voilà qui était un bon adversaire.

Emportés par ce duel qui se rallongeait de façon fort intéressante pour tous les témoins, les mantras avaient augmenté la force de leurs voix, et résonnaient en se répercutant partout dans la large pièce, créant une ambiance surnaturelle qui laissait une impression étrange au corps. C’était une sensation à la fois paisible et agressive, un désir de combat, mais qui n’était nullement motivé par les émotions ou l’impulsion. Seul l’instinct comptait en ce moment. L’instinct le plus pur, comme il devrait en être lors de n’importe quel affrontement d’arts martiaux digne de ce nom. Reprenant lui-même sa posture de combat à l’image de son opposant, Chôjuro se laissa tout bonnement emporter par les sensations de cette ambiance, porté par le rythme qu’elle soutenait. Les mouvements qu’ils firent tous les deux par la suite leur semblèrent constamment plus fluides, portés par une intuition naturelle qui guidait chacun de leurs pas, chacun de leurs coups. En ce moment, la vitesse, l’esprit, tout cela ne comptait plus. Il s’agissait d’un échange de coups qui ressemblait presque à une danse parfaitement chorégraphiée, alors que les deux combattants se laissaient voguer au gré de leur instinct en ébullition. Jusqu’à ce que tous deux effectuent finalement un bond simultané vers l’arrière, revenant à la réalité après un moment d’absence. Le combat resta suspendu l’espace de quelques secondes, après quoi le tout reprit un coup de vitesse. Ondulant sur ses pieds en avançant vers son adversaire, l’épéiste eut le temps de voir ce dernier se projeter dans un unique mouvement concentré, risqué mais honorable par la force qu’il représentait. Le pied droit tendu devant, droit et solide, l’autre jambe repliée et le haut du corps au complet bloqué dans une position ferme qui ne bougerait pas, ce coup recelait d’une essence artistique à lui seul par la beauté de sa posture. Toutefois, il ne fut pas suffisant pour palier au manque de vitesse de l’exécutant. Pivotant de côté pour esquiver le coup, Chôjuro empoigna la jambe tendue par-dessus son épaule en l’entourant de son bras, retirant par le fait même son équilibre à son adversaire. Puis, usant de la force de son bras, il projeta tout bonnement Oroki devant lui, qui atterrit alors sur le sol avec fracas en amortissant à moitié sa chute à l’aide d’une roulade parmi tant d’autres. Un peu juste, cependant. N’y avait-il rien qui pouvait le toucher, cet épéiste?! C’était à croire que rien ne l’atteignait, il devait bien y avoir…les pensées d’Oroki s’interrompirent brusquement alors qu’il venait de se retourner, face à la vision inattendue qui s’offrait à lui.

Maintenant à une distance d’à peine un mètre de lui, se trouvait Chôjuro, pied tendu, jambe inverse repliée. Semblant voler au ralenti alors qu’il allait atteindre celui qui lui avait démontré le même coup un instant auparavant, le jeune shinobi affichait une expression concentrée et ferme, quoiqu’empreinte d’une légère touche…de sarcasme. Après tout, se faire avoir par sa propre technique était un peu comique en soi. Les poings serrés au niveau des hanches, le pied droit contracté en prévision du contact à venir, l’épéiste effectua finalement le reste de la distance qu’il lui manquait pour finaliser son mouvement. La plante de son pied alla percuter avec force le ventre du disciple, coupant net le souffle de ce dernier par le fait-même. Le genoux de la jambe qui venait de toucher plia un peu à cause du recul du coup, ce qui donna au jeune homme l’occasion de se donner un léger élan vers l’arrière qui le ramena à se poser en douceur au sol, laissant à son adversaire touché le loisir de tomber de tout son long sur le dos, emporté par le coup qu’il venait de subir. Ce coup avait beau être simple à effectuer, il n’en restait pas moins d’une efficacité remarquable. Le Kuusajin. Un léger élan, une bonne impulsion au moment de sauter, ainsi qu’une bonne coordination pour rester ferme jusqu’à la conclusion du coup. C’était ça, l’art du Taekwondo : la maîtrise du corps par l’esprit. Restait maintenant à voir si une fois de plus, son acolyte de combat se verrait apte à poursuivre la leçon, ou s’il déciderait d’arrêter les frais.

Spoiler:

Il allait définitivement demander le même adversaire la prochaine fois qu’il viendrait dans ce dojo. De nombreux disciples disposés autour de la salle auraient déjà renoncé par la force des coups et des mises en échec qu’avait subies Oroki depuis le début de ce combat. Mais lui, par contre, ne se laissait pas faire aussi facilement, il fallait croire. Encore à moitié sonné par la force du Kuusajin qui l’avait envoyé s’allonger de force au sol, une main crispée sur le ventre là où le pied adverse l’avait percuté, il tâchait déjà de se relever, petit à petit. Chôjuro tourna le regard un moment vers Soushuu, lequel resta impassible devant cette scène. Soit il faisait confiance au jugement de son élève sur ses propres capacités, soit il s’était endormi sur place. Mais dans tous les cas, le type que l’épéiste avait en face de lui, en train de reprendre sa posture de combat alors qu’il achevait de retrouver une respiration normale, il avait fait ses preuves aux yeux de son adversaire, ainsi qu’aux yeux de tous les élèves rassemblés autour de la pièce. Le respect, il venait de s’en mériter une bonne dose. Il était maintenant temps de donner la dose finale, que ce type puisse aller se reposer un bon coup.

Cette fois, Chôjuro n’attendit pas l’assaut de son adversaire, et veilla à lancer prestement le sien. Après tout, si Oroki voulait se montrer assez dur et orgueilleux pour se relever sans arrêt, alors il devait assumer le fait de se prendre une raclée monumentale s’il avait surestimé sa capacité à continuer ce combat. Cependant, et fort heureusement pour lui, il fit montre de réflexes très peu diminués, malgré la sueur qui perlait maintenant à grosses gouttes sur son visage à chaque coup de pied qu’il bloquait au mieux de ses capacités. Il était exténué, à force, et c’était compréhensible. Chôjuro lui-même commençait à ressentir les effets de la fatigue, étant donné que l’entraînement se révélait toujours bien plus ardu à exécuter qu’un combat normal. Le niveau de concentration n’était jamais le même dans un cas comme dans l’autre, et l’entraînement intensif demandait toujours une plus grande quantité d’énergie. Achevant cette pensée, l’épéiste croisa brièvement le regard de son adversaire. Et ce qu’il vit lui confirma une pensée bien précise : il était temps d’en finir. Alors quitte à en finir, il allait terminer ce combat dans les règles de l’art, en tant que combattant apprenti au Taekwondo. À la suite d’un dernier coup de pied latéral bloqué, la jambe droite du shinobi obliqua d’un coup sec, forçant le genoux d’Oroki à plier brusquement, à la grande surprise de ce dernier. Et ainsi, l’ouverture était créée pour mettre un terme à cet affrontement d’une façon qui resterait bien inscrite dans la mémoire de tous ses témoins.

Les coups démarrèrent. Dès la perte de stabilité du disciple, le premier coup atteignit sa cible, forçant l’autre genoux à suivre la même direction que son congénère. Une fois tombé sur les genoux, ce fut au tour de la taille d’être ciblée, rapidement percutée de coups de talon latéraux qui allèrent compresser les côtés de la cible. S’ensuivit ensuite trois coups de pied bien placés au niveau du sternum, qui eurent pour effet en même temps de redresser Oroki par leur impulsion, remettant ce dernier sur ses pieds dans une position maladroite. Un dernier coup partit alors en flèche, un splendide coup de pied retourné au visant la zone du plexus solaire pour faire reculer de plusieurs pas le concerné, maintenant dépassé par ce qui fondait sur lui. Et le dernier moment qu’il eut pour retrouver un peu de sa lucidité face à son adversaire fut pour voir celui-ci, comme quelques instants auparavant, projeté juste devant lui. Mais cette fois, la posture était différente, ce qui poussait les disciples, et même le maître Soushuu, à s’avancer de façon imperceptible alors que l’intrigue se faisait sentir. Jambe gauche tendue et droite vers l’arrière dans un angle oblique, pour finalement plier au niveau du genou pour rejoindre le fessier. Les bras quelque peu écartés du corps, pliés eux aussi, les mains ouvertes pour une meilleure maîtrise et une parade prête à une riposte éventuelle. Le corps droit et ferme, le visage impassible. La jambe droite dans la même position exacte que sa sœur de gauche, hormis le fait qu’elle s’orientait vers l’avant, quand à elle. Le corps se maintenait à environ un mètre et demi du sol, et le coup à venir ne laissait plus aucun doute dans l’esprit de ceux qui le connaissaient. Raimei Zan. La jambe se déplia d’un seul coup, souple et précise à la fois, envoyant d’un coup le dessus du pied percuter le menton d’Oroki pour lui renvoyer la tête par derrière de force. Ce coup venait d’être exécuté de magnifique façon, tout dans la posture, encore une fois. La suite sembla se dérouler au ralenti, alors que l’épéiste faisait un salto arrière pour reprendre pied au sol. Pour sa part, Oroki recula tout simplement jusqu’à percuter son dos contre une poutre derrière lui, sonné par ce dernier coup qui venait de lui drainer ce qui lui restait de forces. Le combat était terminé, comme le témoignait maintenant le maître Soushuu, qui venait de se relever sur ses pieds. Il fallut un moment à Oroki pour reprendre pied au sol, et avancer jusqu’à une distance acceptable de son adversaire victorieux. Pour un combat d’entraînement, c’était assez intense. Les deux combattants joignirent les pieds, et plaquèrent les bras sur les côtés simultanément, se saluant mutuellement tout en mettant officiellement fin à ce combat. Le silence perdura un moment, les deux jeunes hommes s’observant avec un brin d’amusement sur ce qui venait de se dérouler…Puis le silence fut brusquement interrompu, par un truc aussi bête qu’un puissant grondement en provenance de l’estomac de l’épéiste.

…………….Mais merde!