:: Ride The Lightning ! ::

La Brume nimbait la surface du Lac Noumu d’un doux manteau cotonneux. Comme à son habitude, la plus grande étendue d’eau du pays délivrait son froid tribut en exsudant d’importantes quantités de brouillard dont le village caché d’Eizo tirait son nom. D’aucun pourrait bien penser que le climat local était pesant, froid et brumes étant de rigueur la plupart du temps, mais le dernier des Okamura s’était depuis longtemps accommodé aux rigueurs de son pays pour en faire une force supplémentaire. Vivre dans un territoire hostile forgeait l’âme des guerriers et le Bretteur Démoniaque prenait sur lui de surmonter les affres climatiques pour pousser plus loin encore les limites de ses capacités.

La Fraicheur soudaine de la nuit proche portée par une subtile brise vint cueillir le frissonnant bretteur au torse nu zébré de cicatrices qui referme, plus encore, ses mains sur son Katana rendu bien plus lourd par les poids d’entrainement qu’il a précédemment noué à ses poignets. Les épaules musculeuses du Ninja se contractèrent un court instant avant qu’il n’esquisse un nouveau mouvement de frappe, laissant ses talons étouffer un bruit de mouvement lourd sur le sable sombre. Mécaniquement, le trentenaire multiplia une nouvelle fois les coups contre le vent frais, sous le complice regard du ciel qui, peu à peu, se marbrait d’encre.

« Devenir plus fort ... Ne plus jamais faillir ! Refuser l'idée même de la défaite, devenir plus fort coûte que coûte ! Je dois y parvenir ! »

Le simple fait de se répéter ces mots, à la manière d'une méthode Coué, aurait pu suffire à faire de leur auteur un authentique martyr. Un de ces kamikazes dont le quotidien ne trouvait de sens qu'à travers l'effort, la solitude, l'abnégation, la force de caractère, l’amour-propre, la fierté exacerbée, le refus de ployer lorsque sa foi et ses convictions sont en jeu, le poids des autres et la rédemption. Autant d'éléments qui correspondent au profil-type des êtres torturés. Il en allait tout autrement, dans l’esprit d’Okamura Eizo. La faiblesse avait été bannie de son vocabulaire depuis sa naissance en temps que Shinobi.

Jusqu'ici, il avait toujours anticipé les plus grosses claques. S'il venait à rencontrer un obstacle, il foncerait dedans. Plutôt que de l'éviter ou de rebrousser chemin. Et cela fonctionnait à merveille, passant davantage que ça ne cassait. Un seul être, à dire vrai, s'érigeait en tant qu'obstacle si conséquent que passer par la force ne suffirait pas. Eizo entreprenait donc de l'escalader ... Il s'agissait du Yondaime Mizukage Yagura, l'illustre Jinchuuriki dont la valeur n'était plus à prouver. Cet homme était considéré, à l'unanimité, comme l’un des meilleurs porteur de Démon de ce monde Ninja. Et c'est en cela qu'il constituait une pierre d'achoppement pour notre homme, dont le but était de ravir son trône au balafré. Tout en s’imposant comme le plus Grand Bretteur de ce Monde !

Pour ce faire, il avançait étape par étape. Sans trop se précipiter, mais sans perdre de temps non plus. Loin d'être fataliste, il acceptait son sort, quel qu'il fût. Vie ou mort, les combats qu'il livrerait en décideraient. Il avait conscience de la difficulté de la tâche et ne se montrait aucunement présomptueux quant à sa réussite à ce niveau. Simplement, avait-il pris l'habitude d'aborder tout ceci avec philosophie. Il restait très secret à son propre sujet, y compris envers ses camarades Shinobis. Mais il ne faisait aucun doute que chacun d'entre ceux qui ne le détestaient pas pour ce qu’il portait en son sein connaissait son raisonnement, ainsi que la force de sa volonté.

La résolution d'un homme à accéder au sommet, quitte à perdre la vie en cours de route. Eizo en était tellement empreint qu'on eut cru qu'il avait été élevé dans cette seule optique. Il n'en était rien, bien entendu. C'est lui-même qui s'était forgé ce caractère de battant, de guerrier de l'impossible. Cause autant que conséquence d'une vieille rencontre, celle-là même qui transparaissait à travers le moindre de ses actes, sur cette voie du plus fort. Puis était venue Mei qui n’avait rien fait d’autre que le séduire par sa simple existence et toute la force qu’il accumulait, dorénavant, dans sa quête de perfection il la mettait au service de la protection de son amour qu’il ne souhaitait que garder à ses côtés pour toujours !

« Devenir plus fort ... Il n’y a pas de place pour la faiblesse, pas de place pour la pitié ! Seulement pour la force ! Dur & Fort ! Je dois y parvenir ! »

Si Mei devenait son moteur dans sa quête de puissance, Yagura demeurait le point de chute et le dernier obstacle de son chemin de croix. Mais il n'en demeurait pas moins vrai que d'autres hommes de haut rang attendaient Eizo de pied ferme. Ils n'étaient pas spécialement animés du même désir, voire pas du tout pour la plupart. Aux yeux du bretteur, c'est le destin qui les plaçait et en placerait encore sur son chemin. En résulterait ce qui devrait en résulter : soit il se montrerait assez fort que pour ne pas ployer, vaincrait et continuerait à avancer ... Soit il subirait un cuisant échec, verrait son objectif devenir inaccessible et préférerait la mort au constat de sa déroute.

Tout ou rien, vivre ou mourir, vaincre ou disparaître. Si cette façon de voir les choses paraissait aussi carrée que stupide aux yeux de certains, elle n'en était pas moins admirable. Okamura ne le sait que trop bien. Nombreux sont ceux à pouvoir parler, à se prévaloir de telle ou telle chose. A l'opposé, ceux dont les actes suffisent comme signature se comptent sur les doigts de la main … Il en fait partie ! Et il lui faudrait un immense choc psychologique pour changer de point de vue sur sa façon de mener sa vie. Une vie où Mei prenait de plus en plus d’importance. Une importance lui imposant de devenir toujours plus fort pour protéger la femme qu’il aime autant que pour parvenir à ses sempiternels objectifs et ne pas y trouver la mort pour vieillir longtemps aux côtés de sa Mizukage.

Concentré sur ses répétitives frappes à l’encontre du vent nocturne, Eizo ne perçut point l’arrivée de Mei…

Ses muscles gonflés et tendus sous les efforts répétés se couvraient progressivement de perles de sueur trahissant toute l’énergie que le Bretteur pouvait mettre dans son entreprise de renforcement. Son point de vue ne variait pas sur les entrainements : il était nécessaire de tout donner pour espérer recevoir quelque chose en retour ! Le sabre fendit une nouvelle fois l’air mais alors que la pointe faisait face au sol, Eizo se figea tout à fait, ses narines emplies d’un parfum qu’il ne pouvait trouver qu’infiniment délicieux.

Un sourire tendre se dessina sur les lèvres du manieur de sabre alors que la douce main de Mei se déposait sur son épaule, glissant sensuellement sur son bras pour venir marquer la fin de ce jeu solitaire en apposant sa paume sur la large main refermée sur le pommeau. Il l’admirait de son regard vermillon alors qu’elle levait ses jades pupilles en sa direction. Le sourire de la belle le fit s’interroger un court instant avant qu’il ne décrive également un large sourire sur ses lèvres. Il ne pouvait que trop comprendre ce que son esprit s’était imaginé à ces mots et il en put s’empêcher de penser avoir trouvé la femme parfaite. Tout chez Mei le fascinait et faisait battre son cœur d’un puissant amour. Alors il ne put s’empêcher de murmurer sur un ton moqueur :

« Ne serais-je donc qu’un simple outil de plaisir pour ton esprit lubrique aujourd’hui ? »

Car la belle lui apparaissait comme bien différente en ce jour… Jamais il n’aurait cru possible ce qui s’était auparavant passé dans son bureau et pourtant cela avait eu lieu. Et ça avait eu le mérite de vraiment lui plaire. Alors le Bretteur de la Brume garda toutes les questions qui germaient dans sa tête pour lui, il n’en trouvait ces nouvelles attitudes que plus propices au développement du charme sans limite de son amour qu’il redécouvrait chaque jour pour son plus grand plaisir !

La laissant mettre toute la distance nécessaire à ce qui s’annonçait comme un entrainement brutal et sans pitié, Eizo remit son Katana dans son confortable fourreau avant de faire face à la plantureuse jeune femme. Commandant dans ce qui faisait la force de son règne sur Kiri, avec fermeté et charme, elle lui intima donc de passer le Manteau de Chakra offert par son Bijuu, ne manquant pas de mentionner des épisodes passés qui firent sourire le dernier Okamura. Des années auparavant, le jeune homme servait déjà de résistant sac de frappe à la jeune femme quand elle s’entrainait à maitriser tout le plein potentiel de son Ninjutsu. Il faut dire qu’il était particulièrement doué pour encaisser… Le petit sourire du Bretteur se fit l’écho du grondement qui parcourut le ciel alors qu’il libérait une infime partie du pouvoir de Rokubi.

Plus longues de quelques centimètres, les pointes capillaires du Bretteur de la Brume se détachaient en mèches affinées dirigées vers les cieux brumeux. Ses muscles avaient légèrement grossi pour adopter une forme encore mieux proportionnée. Et son corps était entouré d'éclairs de Chakra pur, d'une blancheur et d’une chaleur insoutenable au point de faire disparaitre en fumée le haut noir d’Okamura. Des Éclairs qui crépitaient furieusement en formant des cercles autour de son torse et de ses membres. Ses yeux, quand à eux, étaient maintenant d'un or extrêmement pâle, comme décolorés. Étirant un sourire qui dévoila ses canines désormais hypertrophiées, le jeune homme que torse parcouru de nombreuses cicatrices murmura dans un feulement :

« A ton service mais… Ne m’abime pas trop ! »

Son corps salé par la sueur de son entrainement solitaire, Eizo se sentit tout penaud alors que la jeune femme semblait prendre un vicieux plaisir à lui faire entrer en mémoire le douloureux souvenir de son sabre tranchants ces chairs tendres pour s’imposer comme l’évidence qu’il se devait d’être à ses yeux. Il n’avait jamais pris aucun plaisir à user de ses armes contre sa belle et n’en éprouvait que plus de remords depuis qu’il savait ce qui se cachait sous l’esthétique cache œil que formait la mèche de cheveux auburn. Gouttant donc modérément les paroles de la belle Mei, Okamura se contenta de laisser affluer plus de Chakra encore dans son corps, tentant de puiser dans la nature même de ce qui faisait son bijuu : le Raiton.

Sentant toute la nature électrique naturellement puissante de son dérangeant hôte emplir ses méridiens, Eizo ne manqua pas d’arquer un sourcil alors que la plantureuse Terumi multipliait une série de signes qu’il ne lui avait jamais vu effectuer auparavant. Quelques instants plus tard, il se retrouvait enfermé dans une sorte de gangue de pierre imparfaite qui ne manquait pas de s’imposer comme une prison potentielle pour les futures proies que le jeune couple pourrait bien partir chasser un jour.

Dans un premier temps, le dernier Okamura pensa à dégainer son Katana pour passer outre cette défense de manière forte et immédiate : tout en force brute ! Mais l’utilisation du Manteau de Rokubi lui offrait la possibilité d’améliorer ses propres Ninjutsus et le jeune homme se mit donc en tête de tenter une reproduction de ses techniques basiques en matière de Raiton mais en dosant sa forte et sa fréquence pour moduler une porter de frappe plus importante et des dommages à même de faire réagir Mei et de lui montrer que son amant commençait à progressivement dompter le démon en lui ! Il posa alors un genou à terre…

Le Jinchuuriki qui puisait dans le Chakra de son démon déplia ses bras pour apposer ses mains sur la surface de combat. Le jeune homme au corps zébré de cicatrices concentrait son énergie Raiton et le laissait circuler sur le sol. Lentement, elle s’insinuait comme un poison ou une énergie vive, pour entièrement occuper un espace de quelques mètres de diamètres. Les éclairs couraient sur la surface de combat, et les arcs électriques brisaient les pierres qu'ils atteignaient. Quelques rocs se soulevèrent, puis explosèrent en s'envolant, réduits en poussière par les vagues d'énergie que le Bretteur de la Brume générait.

Le Dôme crée par son tendre amour ne cessait de s’affaiblir et il tomba bientôt en ruines pour nimber le Jinchuuriki d’une couronne de débris qui se vaporisèrent progressivement à son contact. Immergé sous les rochers, il entendit la douce voix de Mei et ses yeux d’un doré décolorés luirent de malice quand il avança ses doigts au devant de son corps, de la foudre crépitant au bout de ses phalanges terminées par des griffes. Toute l’énergie contenue dans son Manteau explosa alors sous la forme d’une nuée plus dense d’éclairs qui rampèrent à une vitesse folle sur le sol pour en briser les rocs qui enserraient le Disciple de Shiliew dans un inconfortable tombeau avant de se diriger vers la belle Mizukage en vue de lui lécher les chevilles de toute leur débordante énergie.

Eizo suait à grosses gouttes et avait du mal à contenir toute l’énergie qu’il avait utilisé pour cet assaut improvisé. Son dosage avait été maladroit et si la puissance était au rendez vous, il avait clairement utilisé trop d’énergie pour la déployer et son corps en payait les conséquences. Son bras droit s’animait d’inquiétant spasmes qu’il chercha vite à cacher puis à contrôler alors que le large torse du Bretteur se soulevait d’une irrégulière respiration. Pour un pur adepte du Taijutsu comme lui, en venir à la maitrise du Ninjutsu requérait d’importants efforts qu’il semblait, pourtant, enclin à fournir. Epongeant son front d’un revers d’avant bras, Eizo s’adressa à Mei :

« Recommence… »

Toute l’énergie Raiton déversée à même le sol serait un véritable supplice à la modélisation du Doton par la belle et Eizo cherchait à lui faire comprendre au travers de son regard doré délavé. Une question passa de fugace manière dans son esprit en l’instant. Le trouvait-elle séduisant avec ses yeux de démon ? Lui même ne la trouvait que plus belle dans l’effort. Il se devait d’honorer sa fonction de Nibanme et aidant sa Kage comme son amour à progresser. Aussi son Manteau de Foudre crépita avec plus d’ardeur alors qu’il étirait un doux sourire vers sa douce. Pour ceux qui le connaissaient, ce ne serait pas surprenant, mais en l’instant il était plus qu’heureux …

Reprenant progressivement sa respiration, le jeune homme ne put s’empêcher de lâcher un lourd soupir alors que sa tendre partenaire l’affligeait de nouvelles paroles qui la plaçaient sur le rang des femmes blessées et avides de prouver toute leur importance à la suite d’une cuisante déconvenue. Il ne semblait pas y avoir de place pour la douceur et la tendresse dans leur échange, c’est un brin froidement que le Bretteur de la Brume posa donc ses pupilles d’un or décoloré sur les parfaites formes de cette plantureuse femme qu’il ne souhaitait qu’envelopper de ses caresses.

Mei redevenait progressivement la froide tigresse qu’elle n’avait jamais vraiment cessé d’être mais qu’elle masquait quand son amant se trouvait non loin d’elle. Pourtant, Eizo ne lui trouvait que plus de charme dans cette posture de femme aussi forte que fatale et à même de symboliser tout le caractère impitoyable et violent du monde Ninja ! Armées de telles Griffes, la sublime Terumi ne faisait que battre plus fort le cœur amouraché d’un Okamura qui se devait d’apparaitre tel un lion au devant de sa belle. Afin de sauvegarder son honneur comme sa place dans son cœur !

C’est donc silencieux mais ses lèvres peintes d’un énigmatique sourire que le musculeux Bretteur laissa sa belle décupler ses efforts dans une série d’essais qui s’avérèrent concluants. A une vitesse décuplée, les panneaux de roche sortirent du sol après un premier échec et la gangue de terre se forma rapidement autour d’un Eizo figé qui se contentait de faire rouler ses yeux dans leurs orbites pour constater la colmatassions progressive de toute fissure. Seul dans le noir le plus complet, le disciple de Shiliew étira un simple sourire, ravi de voir son tendre amour réussir aussi vite.

Elle qui avait le don de développer des assauts Terrestres plus que dévastateurs sur d’importantes zones ne manquait pas de faire sienne les plus basiques techniques pour s’imposer comme un pur talent polis à la force de la pratique. Et s’afficher plus encore comme la femme idéale pour un Okamura conquis, se contentant de former un signe de ses deux mains à même de focaliser sa concentration.

Malaxant une importante quantité d’énergie Raiton au creux de ses reins, l’ancien Oï-Nin cherchait à faire affluer une quantité juste mais considérable d’électricité au creux de ses paumes afin de l’y stocker un temps pour mieux la relâcher en une puissante vague suffisamment importante pour briser les fondations de ce dôme qu’il aurait très bien pu briser d’un coup de sabre ainsi auréolé du Manteau de Chakra de son redoutable mais perfide démon. A l’extérieur, il entendit la voix moqueuse d’une Mei toujours prompte à la provoquer pour titiller son honneur et lui intimer le progrès. Ses lèvres se pinçant, Okamura laisse tout bonnement sa protection de foudre redoubler d’intensité et les éclairs en crépitèrent avec plus d’ardeur !

Dépliant ses bras pour pointer l’ensemble de ses doigts vers le sol, une foule d’éclairs en jaillit et se mit à danser à même le sol, creusant des fissures alors que de multiples rebonds accompagnés de grésillements dérangeants amenaient les éclairs à mordre la base des panneaux sortant du sol. Ceux-ci s’effritèrent progressivement avant que les émanations électriques ne courent plus encore sur les murs pour les briser progressivement et amener leur irréversible tombée en ruine ! Le dôme retombait une nouvelle fois vers la tête d’Eizo qui avait gardé une carte dans sa manche. Une bonne quantité de Raiton courrait encore dans sa main droite qui la communiqua instantanément à son unique sabre quand il referma ses doigts sur le pommeau.

La rigidité de l’édifice semblait présager d’un effort supplémentaire pour le Bretteur qui voyait là la première occasion de combiner son Taijutsu comme son Ninjutsu pour se sortir de cette situation à la seule force de son talent ! Aussi, alors qu’il décrivit une frappe inspirée de son Rasetsu, la lame s’auréola d’une nuée d’éclairs aveuglants qui rongèrent aussi efficacement la pierre que le fil de la lame et autorisèrent le Bretteur de la Brume à sortir de sa prison s’effondrant d’un bond alimenté au Shunshin et enfin se figer immobile au devant de la belle Mei.

« J’ai du faire preuve de modération pour ne pas te violenter d’un nouveau coup incontrôlé. »

Justificatif acceptable qui avait le don d’être empreint de vérité alors que le Katana d’Eizo s’en retournait à son fourreau. Le pommeau heurta le cerclage de fer alors que le Bretteur plantait son démoniaque regard dans la belle émeraude de sa douce. Penchant son visage vers le sien, le dernier Okamura approchait doucement leurs lèvres dans une attitude reptilienne et sous la seule musique des éclairs roulant sur ses muscles luisant de sueur. Il n’était qu’à un souffle de dévorer ses lèvres quand sa voix questionna d’un murmure :

« Serais tu fatiguée par ce premier échange… ? »

Le sourire de son tendre amour sembla plus à même de réchauffer le cœur du Bretteur de la Brume que la foule d’éclairs aveuglants ceinturant son corps d’éphèbe guerrier marqué par les affres de la guerre. Voir les lèvres de Mei se pincer pour signifier une quelconque sensation de bonheur avait le don d’enflammer les sens d’un Eizo semblant plus amoureux chaque jour. Mais comment ne pas l’être en présence d’une telle femme ?

La voir de nouveau jouer les filles de l’air eut pour immédiat effet de lui faire étirer un mince sourire. Son Manteau de Chakra démoniaque avait de quoi rebuter la belle et le dernier Okamura ne manquait pas de se rassurer en pensant qu’elle n’avait pas souhaité tourmenter son corps des douleurs qu’engendrait un contact direct avec ce courant électrique détonant dansant sur son épiderme zébré de cicatrices. Et pourtant, il n’en désirait que plus plaquer ses lèvres contre la tendre lippe de ce doux amour qu’il voulait serrer dans ses bras et couvrir sa peau de pèche de sucrés baisers.

A défaut d’un savoureux moment, le Jinchuuriki se contenta de rester immobile sous les cris déchirant de son Manteau de Chakra Électrifiant l’Atmosphère. Il gardait encore dans sa tête les mots lui intimant qu’il était le seul fatigué ici, si elle savait tous les efforts qu’il avait bien pu fournir en l’attendant, se montrerait elle aussi moqueuse ? Il garda bien pour lui ses poufferies en la voyant écraser son poing au sol sans pour autant que son attaque ne soit dangereuse pour le jeune homme. Cherchant à mettre en place un nouvel assaut à même de compliquer la tâche de sa belle, Eizo entreprit donc de modeler son Chakra mêlé au Raiton de Rokubi en le malaxant pour former une sphère à l’immaculée blancheur au creux de sa paume.

Les secousses s’amplifièrent sans pour autant que le Nibanme eut repéré un nouveau mouvement de frappe au sol chez sa tendre Terumi. Dans un geste défensif assumé, il pointa donc son bras terminé par la bille de foudre au devant de celle ci et impulsa une forte dose de Chakra dans sa paume pour libérer une nuée d’Éclairs qui s’en alla percuter le sol au devant de son corps, formant une couronne de terre imprégnée d’Électricité à même de tuer la progression des fissures dangereuses.

Laissant ses yeux rivés sur sa paume, réfléchissant déjà à un moyen d’améliorer sa technique nouvellement improvisée, le Porteur de Rokubi se laissa bercer par les paroles de Mei. Il avait bien compris qu’elle ne se maitrisait pas encore et ne pouvait s’empêcher de frémir en pensant que seule l’affinité de son démon lui offrait le luxe d’une confortable protection contre cette femme plus redoutable que jamais !

Il ne repéra pas le moindre geste de la part de sa belle quand de nouvelles secousses firent frémir la plage et il se devait d’opposer une riposte surprenante pour s’affirmer comme un combattant toujours aussi digne d’intérêt aux yeux de sa belle. Malaxant une nouvelle quantité de Chakra en pointant deux doigts vers Mei, Eizo se focalisa sur ses deux phalanges pour concentrer toute son énergie en un même point et immédiatement une nouvelle bille électrique se forma à l’extrémité de ses deux doigts désormais terminés par des Griffes. L’Énergie crépitait avec une force insoupçonnée et tout le bras du Bretteur semblait bien agité de Spasmes alors qu’il était soumis à une tension électrique forte et douloureuse qu’il lui était difficile d’ignorer. Il n’avait pas l’habitude de ce genre d’utilisation…

« Moi de même… »

La moue douloureuse qui peignait les traits du combattant trahissait toute la difficulté qui était sienne pour improviser des assauts à même de complexifier la tâche d’apprentissage de sa tendre partenaire. Le sol tremblant n’aidait pas à faciliter la maitrise de ces assauts et dans le but de ne pas se trouver démunis en cas d’échec, Eizo entreprit de procéder à la même méthode de conception sur son second bras, de façon à disposer d’un plan de secours, au cas où…

Grand bien lui en prit car alors qu’il amorçait un mouvement d’esquive sur la fissure s’avançant dangereusement vers lui, le premier bras armé laissa exploser la bille électrique le terminant pour déverser un flot de foudres dans les airs, à une portée qu’Eizo ne soupçonnait pas. Concentrant tout son talent comme sa détermination sur son second assaut, préparé, le Bretteur étira un sourire en pensant qu’il commençait à disposer d’une arme à même de pallier son plus gros point faible : la distance ! A même de délivrer des assauts à moyenne portée par la force de cette nouvelle technique, le Jinchuuriki porta maintenant toute son attention sur Mei.

Et dans une concentration fugace de Chakra dans ses jambes, il disparut tout bonnement aux yeux de la belle pour ne lui laisser le luxe que d’entendre le crépitement des éclairs l’auréolant non loin d’elle, à sa gauche… Quand la plantureuse jeune femme tournerait son unique œil dans sa direction, elle y verrait le Porteur de Rokubi la fixer de ses yeux dorés décolorés et pointer vers elle ses deux doigts terminés d’une sphère de foudre blanche. Beau joueur, le Bretteur ne manqua pas de lancer dans le roulis des vagues proches, sur un ton légèrement plus fiord que de coutume mais intimé par la rigueur de l’entrainement :

« Je ne suis plus un simple sac de frappe aujourd’hui… »

Donnant du sens à ses mots en laissant exploser la sphère qui cibla la belle d’une nuée d’éclairs, Eizo ne souhaitait pas la voir relâcher toute l’énergie qu’il ressentait dans le bas de son corps avec une facilité certaine. En plus de chercher à prouver qu’il en cessait de progresser et qu’il comptait bien devenir plus fort chaque jour pour honorer son Poste et tout l’amour que Mei pouvait bien lui porter. Une force qu’il ne souhaitait que mettre au service de la protection de la plus belle des femmes sur terre…

Le jeune homme haletait toujours autant alors que les rayons de foudre irréguliers quittaient l’extrémité de ses doigts pour fondre vers Mei. Cette dernière esquiva l’assaut avec une facilité que le Bretteur de la Brume jugea indigne. Il se promit intérieurement de multiplier les efforts comme les sacrifices corporels pour ne plus se voir renvoyé l’image de sa propre faiblesse au Ninjutsu. Une faiblesse qu’il devait s’employer à muer en force comme en nouvelle corde à son incroyable arc de capacité. La Nature lui avait fait le maléfique don d’un Bijuu à l’affinité qu’il jugeait la plus intéressante pour son art de prédilection : le Taijutsu. Il était donc plus que temps de se renforcer en soumettant ce malsain cadeau du destin !

Le sourire qu’affichait Mei ne présageait rien de bon au Bretteur qui s’attendait immédiatement à une réplique aussi sonnante que cinglante. Le talent de Mei pour le Ninjutsu n’était plus à démontrer et elle lui offrait au moins le luxe d’affronter ce qui se faisait de mieux en la matière au sein du village de la Brume Sanglante pour tenter de combler ses propres lacunes comme ses points faibles. Et bien que la technique qu’elle utilise à l’instant semble lui être inconnue, Okamura connait suffisamment son tendre amour pour savoir qu’elle ne mettra que peu de temps pour l’assimiler et s’en faire une arme à même de le mettre des une situation peu enviable.

A peine fut elle retombée au sol que ce dernier se mit à trembler. Nul doute dans l’esprit d’Eizo, la jeune femme de ses rêves était à l’origine de cette frappe et elle n’avait pas manqué d’améliorer sa maitrise en un temps record, touchant presque du doigt l’excellence comme la perfection à la seule force de son talent naturel. L’assaut s’affichait comme une illustration parfaite du pourquoi la plantureuse Terumi s’était vue promu au rang de Mizukage !

Sentant poindre le danger, en oubliant presque la protection que son Manteau de Chakra Raiton lui offrait sous l’influence de Rokubi, le dernier Okamura entreprit de réagir en améliorant lui aussi sa technique afin d’agir plus en guerrier assuré qu’en Jinchuuriki tourmenté et asservi par son démon ! Il se devait d’opposer une farouche résistance en usant du Chakra de son démon. Raiton dominant Doton, il serait à même de ne pas encaisser la frappe puissante de sa Belle Mizukage !

Malaxant son Chakra avec plus de vitesse que lors de sa première et précédente utilisation, Eizo laissa donc une nouvelle fois affluer la tension électrique tout au long de son bras pour voir son index et son majeur chargés d’un courant puissant et grésillant dans les airs alors que des éclairs blancs auréolaient les deux doigts tendus en direction du sol se mouvant en sa direction. Concentrant son esprit sur le flux de Chakra plus que sur la lancinante douleur qui tiraillait ses muscles, le Jinchuuriki laissa exploser la masse d’énergie en un instant pour voir une nuée d’éclair jaillir de ses phalanges en direction du sol qui se zébra de fissures sous l’assaut, dans un contre qui semblait éfficace mais pas à même de suffisament ralentir des secousses. Eizo decolla donc du sol sous le soulevement d’une plaque de terre et s’en retrouva à barbotter dans le lac… Remontant après un instant passé sous l’eau, le jeune homme prit une profonde respiration avant de fixer sa belle de ses yeux froids, son Manteau de Chakra nimbant toujours sa silhouette percutée par les flots…

« Ça se paiera… »

Mais à peine eut il prononcé ces quelques mots que la belle menaçait de réitérer son assaut précédent et le Bretteur ne se sentait pas le moins du monde rassuré par la perspective de voir un séisme lever des vagues immenses sur les flots où il se débattait pour activer son Suimen et déplier son corps trempé de toute sa haute stature. Fixant d’un mauvais œil les gestes de Mei alors qu’il sentait les eaux bouillir sous ses pieds, le manieur de sabre entreprit une nouvelle fois de malaxer son Chakra à une vitesse folle et se décida pour en concentrer une quantité bien plus importante dans ses deux doigts qui en souffrirent. La peau de ceux-ci se craquelait et se soulevait sous la puissance crépitant des éclairs qui auréolaient les phalanges peignant d’un masque d’horrible douleur le visage d’Eizo !

Les chairs de ses doigts désormais à nue, le Bretteur avait le plus grand mal à moduler dans son esprit la forme qu’il souhaitait donner à ses éclairs alors qu’une impressionnante vague s’était formée entre lui et Mei. Finalement, il tendit le bras dans cette direction, visant de ses doigts le monticule d’eau et relâcha un rayon de foudre concentré qui perçant la vague sous sa puissance comme sa chaleur.

Le Manteau de Rokubi retournant au néant, ses yeux reprenant leur sempiternelle couleur Vermillon, le dernier Okamura s’activa d’un Shunshin pour passer au travers du trou béant qu’il venait de former et retomber à genoux dans le dos de Mei. Son bras droit se voyait couvert de zones où la peau avait sauté sous l’action de l’électricité et le jeune homme eut un peu de mal à rapidement retrouver une respiration normale. Maitriser pleinement le Raiton lui demanderait encore une foule d’efforts… Se relevant, trempé jusqu’aux os, le jeune homme étira un sourire en se tournant vers Mei. S’approchant d’elle, il glissa ses doigts meurtris sous le Menton de sa Mizukage pour planter son regard dans le sien et murmurer :

« J’aurai pu. Tu es beaucoup trop douée pour moi… »

Souriant devant son affirmation, le Jinchuuriki laissa passer son bras libre sur la hanche de son tendre amour pour la rapprocher de son corps avec une infinie tendresse. Penchant son visage vers le sien, il laisse son nez froid et mouiller caresser celui de sa belle alors que ses cheveux de jais laissaient tomber une succession de gouttelettes glacée sur le décolletée de la Mizukage. Lentement, ses lèvres froides violacées par les os glaciales du lac se plaquèrent contre la lippe pulpeuse de son tendre amour. Sans l’avouer verbalement, Eizo indiquait qu’il était fatigué des entrainements…