:: Away From The Sun ::

Un nuage qui se dérobe, la lune qui se fait belle et dore de ses rayons la face mouillée de la pierre. Une lueur astrale qui de son éthérée lumière vint détourer plus en douceur les séculaires pierres composant le siège du pouvoir Shinobi de ce Continent. La Fraicheur soudaine de la nuit portée par une subtile brise vint cueillir le frissonnant bretteur au torse nu zébré de cicatrices qui se posa agilement au sommet d’une des tours garnissant les hauts remparts de son village. Ses yeux rubis plus ardents que jamais se délectèrent du tranquille spectacle que pouvait lui offrir son village plongé dans une paisible danse au creux des bras de Morphée.

Son sourire aurait pu se faire attendri si son corps ne l’assaillait pas des douleurs inhérente au chemin du constant progrès et du violent entrainement dans lequel il s’était plongé, il y a plus de six semaines déjà … Six semaines d’absences, passées au creux des dunes chaudes à combattre pour sa vie dans un but qu’il était seul à connaitre. Même sa Mizukage n’avait pas connaissance de sa quête et ce n’était pas plus mal, elle n’aurait probablement pas accepté de lui accorder ce délais de vacation autrement. Il en avait bavé …

Un cigare fumé aux deux tiers à la commissure de ses lèvres, retenu par ses mâchoires crispées par la douleur, Vicious ne décolérait toutefois pas. Son Bras droit était couturé de plaies plus ou moins profondes alors que de subtiles cicatrises temporaires zébraient son torse nu. Une forte quantité de sang tâchait encore les restes de ses vêtements désormais en lambeau et son Katana portait tout autant les stigmates du violents affrontement qui l’avait opposé à sa nouvelle acquisition … La Tête que ferait Burukku en le voyant ne serait, toutefois, pas suffisante pour lui faire oublier combien de fois il avait bien faillis passer de vie à trépas pour le faire sien …

Sous le regard mélancolique de la lune, Eizo resta un instant figé à fumer son cigare. Il faisait fonctionner ses méninges à vive allure et cherchait de nouveaux moyens de surpasser ses limites, de donner un niveau supérieur à son Art. Il avait encore tant à faire … Rageur, il s’éclipsa d’un bond et poursuivit ses tortures mentales en sautant de toits en toits, direction ses appartements. Pas question d’aller faire un tour à l’hosto ! Il maudissait tous ses passages dans cet établissement qui lui rappelait qu’il n’était pas assez balaise pour se priver de soins … Pas assez fort pour tout faire en solitaire … Pas assez fort pour LE faire passer de vie à trépas !

Ses réflexions cessèrent tout à fait quand il aperçut l’imposante stature de la Tour du Kage non loin d’où il comptait faire le reptile furieux qui assaillait son âme, qui lui imposait de renforcer son corps, son esprit, de devenir plus fort, de devenir LE plus fort et de lui faire rendre gorge ! Ses furieux désirs de pouvoirs et de sanglants entrainements cessaient quand il était confronté à sa présence … Il ne l’avait pas vu depuis si longtemps …

Le souffle court, Eizo ne savait plus vraiment que faire. Une partie de son âme lui intimait de quitter ce toit balayé par le vent au plus vite pour regagner le confort de son lit qu’il n’avait que trop peu goutté ces derniers temps alors que l’autre lui susurrait l’ordre de gravir la Tour pour l’apercevoir un instant. Cette simple vision serait à même d’ôter la douleur parcourant ses muscles, de faire du sang quittant ses plaies un relent de mauvais rêve. Elle avait tout ce pouvoir, par la force de sa seule présence. Ses pas s’animèrent donc sans pour autant prendre la direction de son domicile et un instant plus tard le jeune homme courait à la verticale du mur, terminant pas se nicher tel un silencieux oiseau de nuit dans l’embrasure d’une fenêtre donnant sur les appartements de Mei.

Spectre silencieux, protecteur vigilant, le Bretteur de la Brume laissa ses prunelles courir dans la pénombre pour se poser sur la silhouette de cette femme qu’il chérissait tant dans le silence. Pantin de chair désarticulé, il se contente de s’assoir silencieusement loin de ses côtés, rivant son regard sur le paysage floué par la vitre lui faisant face. Voir son visage du coin de l’oeil, respirer l’air alentour et pouvoir sentir un peu de son parfum. Okamura pensait n’avoir plus droit à vivre de telles sensations, redécouvrant comme cela réchauffe d’avoir des sentiments et affirmer que ce n’est pas mieux de vivre sans. Il pensait que la retrouver le soulagerait … Complètement. Elle est sa Kryptonite.

Il aurait bien pu rester ainsi figé à l’observer des heures durant, mais les plus doux moments qu’offrent la vie son bien vite bousculé par le quotidien de la violence. Ses réflex amochés autant que les incroyables capacités de sa Mizukage laissèrent donc Eizo sans réaction et c’est interdit au possible qu’il retomba donc au sol. Sa tête heurtant violement la froide surface, ses yeux se flouèrent un court instant durant lequel son visage fut peint d’un masque de souffrance. Voir son sang tâcher les appartements de la belle n’était pourtant pas des plus inhabituel, mais jamais il n’avait perdu son liquide vital devant elle dans un tel état de faiblesse.

Sa vue lui revint progressivement pour s’ouvrir au plus beau spectacle que pouvait lui offrir le monde. Il ne pouvait plus vraiment bouger mais n’en avait pas le moins du monde envie alors que ses rubis ardents se posaient sur le magnifique visage de la plus forte des femmes de Kiri. Son pouls grimpa en toute hâte avant de chuter à l’instant même où la main de Mei lui mordit la joue. Les yeux écarquillés, Eizo finit par reprendre son masque habituel pour faire de nouveau face à cette femme qui hantait ces pensées.

Il ne pouvait que la comprendre, pensant à la façon dont il aurait bien pu réagir si elle lui avait fait le même mauvais tour. Sa question se mua un ordre et elle posa bien vite un cas de conscience monumental au Bretteur de la Brume. Il n’était pas certain de vouloir lui révéler tout ce qu’il avait enduré. Pas certain de lui exposer son parcours solitaire dans les dunes. Pas certain de vouloir lui conter son massif et prolongé affrontement contre le Roi du Désert. Pas certain de mentionner l’action du poison ou encore la morsure de son dard comme de ses pinces sur ces chairs … Tout ceci n’était qu’un épisode parmi tant d’autre au travers sa vie, Mei avait elle vraiment besoin de s’immiscer jusque là ?

Son bras droit lui était encore bien trop douloureux, au point de ne pas être à même de le bouger. Alors à défaut, le Bretteur de la Brume leva sa main gauche pour la déposer tendrement sur la hanche de la belle. Il ne savait pas réellement comment elle accepterait ce mouvement, mais il était passé au travers de trop nombreuses morts pour s’imposer une nouvelle fois cent pour cent de retenue à son égard. La souffrance est bien plus détestable que le regret, alors autant prendre le risque de « l’amour » pour ne pas laisser passer cette chance !

« Rien … »

Son bras le lançait au possible, ses muscles tressaillaient encore des nombreux efforts sans fin qu’il avait pu fournir tout au long de ces six semaines et son visage était animé d’une douleur propre à chaque claque portée par Mei. Pourtant son cœur battait plus fort que jamais et une douce chaleur émanait de son corps alors que son torse puissant se soulevait de respiration qui exsudaient la paix. A son contact, tout était si différent … Il laissa remonter doucement sa main le long de son sublime corps alors que son sanglant regard se perdait dans l’unique œil visible de la Mizukage. Et alors que ses doigts dégageaient une mèche de ses cheveux aubrun pour la glisser derrière son oreille, Eizo souffla ces mots :

« Je n’ai rien fait du tout ! »

Il était plus que difficile pour lui de rester de marbre face à toutes les attitudes de Mei et peindre son visage comme son physique d’un masque froid d’indifférence lui était de plus en plus douloureux. A croire que la plantureuse Mizukage avait su inventer une torture à même de punir son plus fidèle combattant … Eizo ne cherchait plus le moins du monde son regard, se contentant de serrer les dents en détournant ses pupilles rouge sang comme l’aurait fait un enfant qui se savait fautif. Ces contacts avaient de quoi déclencher en lui de vrais torrents de plaisirs mais ils étaient plus semblables à du papier de verre en l’instant. Car le Bretteur de la Brume se sentait humilié et rabroué alors qu’il avait fait tout cela pour leur bien … Sans pouvoir lui exposer !

Son regard se planta pourtant de nouveau dans le sien, plus sombre et plus haineux qu’il ne l’avait jamais été auparavant. Qu’elle mette en doute ses capacités était une chose qu’il ne pouvait supporter et il pouvait bien la détester pour cela. La faille fut brève et pourtant elle laissa le temps à Rokubi de prendre part aux réjouissances, les prunelles rubis du Jinchuuriki virant un court instant au Topaze caractéristique du démon retenu par le sceau « 柔術 » gravé à même sa poitrine. Sa lèvre supérieure frémit comme frémissent les babines d’un loup prêt à fondre sur son adversaire. Il ne bougea cependant pas, ne souhaitant pas tomber aussi bas qu’elle souhaitait l’entrainer, cherchant par son calme à lui intimer qu’il n’était plus le même gamin aisément malléable d’autrefois …

Pour seule réponse, le Bretteur de la Brume vit l’objet de tous ses désirs se relever et prendre la direction d’une des pièces adjacentes. Bête autant sauvage que blessée, Eizo resta au sol, prenant toutefois appui sur ses avants bras pour redresser son corps et laisser son rude visage analyser la situation. Il ne voulait pas de la pitié de Mei, ne souhaitait pas rester dans cet état de faiblesse au devant d’elle tant il savait combien elle pouvait abhorrer cet adjectif. Mais force est de constater que son corps ne lui intimait nul autre choix. Pas question de baisser la tête toutefois, il ne ferait montre d’aucune douleur et s’en crisperait la mâchoire quitte à en faire craquer ses dents !

La fierté était une des choses les plus développées chez Eizo et cette expérience serait à même d’une nouvelle fois le démontrer. Débarrassé de son Katana, il se sentait aussi vulnérable et nu qu’un quelconque vers se tortillant dans la médiocrité. C’est à grand peine que le jeune homme tint son masque de mutisme devant les soins particuliers que lui portait la belle. La voir aussi près de lui était tout sauf désagréable, mais la sentir bouillir de colère à son égard était une des choses qu’il supportait le moins bien dans son malheur … Okamura n’en menait pas large et accueillit silencieusement les ultimes mots de la sublime jeune femme, les accompagnants d’un lourd silence alors qu’il tournait la tête pour ne plus voir son si beau visage. De nombreux instants plus tard, sa voix aussi neutre qu’à l’ordinaire soufflait un semblant d’explication :

« J’avais quelque chose à régler … Une vieille histoire que je tenais de Shilliew. Je l’ai fait pour nous, parce que s’était nécessaire … Je ne voulais pas que tu t’inquiètes. Mais maintenant ça n’a plus aucune importance … »

Ses doigts empoignèrent les drapas blancs tachés de rouge aux souvenirs que lui imposait l’immense adversaire qu’il tenait maintenant comme un atout dans sa manche. Il ne souhaitait pas perdre la confiance de Mei mais désirait encore moins ouvrir la porte de son jardin secret. Le Bretteur de la Brue espérait simplement qu’elle comprendrait le sens caché de ses mots … Et alors qu’il lui touranit toujours la tête, il plongeait ses yeux dans une des vitres de la chambre pour y observer le mince reflet de cette si belle femme assise à ses côtés.

« J’avais besoin de te revoir … »

Tout simplement … Pour se sentir de nouveau en vie après six semaines de petite mort au combat, dans l’enfer de la solitude …

Comme toujours, Mei s’imposait aux yeux d’Eizo comme une énigme absolue du fait de son langage corporel. Si elle donnait la vague impression d’une femme aimante se préoccupant du sort du Jinchuuriki, ses geste durs et sadiques à la fois intimaient plus la sensation d’une perverse maitresse aimante à raviver les douleurs d’un corps d’une jeune esclave qu’elle n’aurait que déjà trop amoché. La fierté comme la force d’Eizo lui intimaient de ne pas réagir, de serrer les dents à se les en briser pour ne pas donner satisfaction à la belle en lui offrant un cri ou un râle de douleur. Pourtant, il dégustait …

Ses sens furent encore mis à rude épreuve, autant que ses émotions et ses sentiments alors qu’elle se posait sur son corps de la plus érotique des façons. Il avait beau essayer de rester de marbre, tenter de faire de son corps une statue de glace, il n’en restait pas moins un homme … Un homme au cœur battant au son de celui de sa Mizukage. Sa respiration en était altérer, sa poitrine avait de plus en plus de mal à se soulever alors que des gouttes d’eau et de sang mélées tombaient succesivement sur son visage difficilement resté stoïque face à cette situation.

Il ne voulait qu’une seule et unique chose : rester avec elle ! Passer ses maisn sur ses hanches avec autant de force que de tendresse, la coucher à ses côtés et voir défiler l’éternité au contact de sa chaleur et de sa présence, alors que ses lévres s’unieraient aux siennes pour offrir à leurs langues la plus douce des valses. Mais il était ce monstre de complexité, cet assassin froid et silencieux qui compartimentait sa vie et qui n’était pas au fait de tous les aspects de la vie. Il se contentait de cette image de Shinobi flegmatique et fier qui couvraient son épiderme d’une cuirasse si particulière …

Sa fierté fut, pourtant, bien vite mise à mal de nouveau. Alors que Mei le délaissait, comme à l’accoutumée, le Jinchuuriki vit avec éffroi les doigts de la belle se refermer sur sa lame, sur tout ce qui constituait l’héritage de Shilliew aux yeux du jeune homme. Le bretteur de la Brume enrageait, au point d’en oublier la douleur qui parcourut son corps, alors que SA Mizukage enfermait SA raison de vivre au creux d’un placard vide. Elle le regardait de ce regard qui avait le don de faire bouillir sa rage comme son Bijuu sous ses abdominaux sculptés. Okamura tentait de se contenir, tentait de retenir les pulsions violentes qui assaillaient sa pensée alors qu’il se sentait progressivement humilié et trainé à même le sol par les actes de cette femme qui le faisait chavirer. Dévoilant ses dents blanches dans un sourire qui n’était que le reflet de ses instincts de prédations, le Bretteur de la Brume se leva avec peine pour s’avancer lentement vers elle.

Orientant son musculeux corps racé en direction de Mei, le second Jinchuuriki du Village de la Brume Sanglante entreprit donc d’emplir le bureau de sa présence, dardant la Mizukage d’un regard qui lui évoquerait un souvenir proche alors que la voix neutre teintée de souffrance du jeune homme brisait le silence :

« Pourquoi es tu comme ça ? »

C’est dans cette situation que son sourire prenait une toute autre signification. D’ordinaire, ses lèvres se pinçaient en prenant bien soin d’impliquer une forte de dose de sadisme dans le dévoilement de ses dents blanches. En temps que Jinchuuriki, il se devait d’entretenir cette dérangeante aura qui était la sienne, celle d’un élément alternatif sur lequel il était impossible de se forger un avis arrêté et qui n’attirerait aucune sympathie de la part des autres Ninjas de la Brume. Mais Mei était étrangère à cette comédie malsaine tant elle occupait une place particulière dans le cœur d’Eizo.

Autant maladroit que malhabile, Okamura avait également le vilain défaut de se laisser griser par ses émotions violentes. Le Bretteur de la Brume se laissait définitivement aller en gratifiant le meuble d’un direct de son bras gauche, encastrant son poing à même le panneau de bois qui céda sous le choc et vi disparaitre la main au travers. Ses doigts n’empoignèrent, toutefois, jamais la garde de son Katana …

Vif dans son mouvement mais infiniment doux dans son toucher, le porteur de Rokubi déposa tendrement sa main sur celle de Mei, cherchant par ce contact à forcer la belle à le regarder de nouveau pour planter son regard dans le sien. Elle serait à même de lire dans ses yeux. Il ne désirait qu’une chose alors qu’il se rapprochait lentement, au point de mêler son souffle à celui de Mei, la retrouver. C’est donc sur ce ton suave qu’il ne réservait qu’à elle qu’il répondit dans un murmure :

« Cinq jours … Dans cinq jours, je serais plus fort que toi … ! »

Qu’il pouvait la détester dans ces instants, ces moment où elle le jugeait comme étant quantité négligeable et où elle ne prenait même pas la peine de le voir comme une menace. Alors oui, jamais Eizo ne se retournerait contre elle mais sa fierté lui imposait d’afficher éternellement cette aura de prédation qui lui avait permis de se hisser au sommet de la hiérarchie pour s’installer comme un bras droit de qualité. Cette place, il pensait la mériter proportionnellement à ce qu’il pouvait la désirer tant elle lui offrait le luxe de rester perpétuellement, ou presque, au contact de celle pour qui il avait retrouvé la vie …

Au point de faire fondre toutes ses barrières et de briser toutes fondations de sa confiance au moindre contact charnel. Le toucher de ses doigts empourpra les joues du Jinchuuriki de Rokubi et il ne manqua pas d’amorcer un léger mouvement de recul avant de s’imposer une attitude flegmatique. Silencieux, il était semblable à un jouet entre les mains de la Mizukage qui lui faisait parcourir le plus bel endroit sur terre. Ses doigts garderaient longtemps le souvenir de ce doux contact et cette expérience grava définitivement une idée dans l’esprit du porteur de Rokubi : il la voulait pour lui et pour la vie !

Se défaisant de ce doux contact avec une infinie douceur, le musculeux Shinobi de la Brume retira également son poing du panneau de bois avec une grande délicatesse. Ses ardents rubis ne quittèrent pas la douce lueur émeraude du seul œil visible de la magnifique Mizukage. Laissant retomber ses bras le long de son corps, Eizo vit toutefois le dos de sa main gauche entrer en contact entrer en contact avec l’avant bras de la belle. Un mince sourire serpentin étira ses lèvres alors qu’il appréciait plus que quiconque ce contact et qu’il entreprit de remonter lentement vers l’épaule dans un contact semblable au passage duveteuse d’un froid serpent.

Reptilien dans ses attitudes, le Bretteur de la Brume se pencha plus encore en avant, son regard cherchant à se faire aussi vipérien que possible alors que ses traits se peignaient d’expression prédatoriales. Sous son large torse, son cœur battait la chamade alors que le dos de sa main glissait sur l’épaule dénudée de la magnifique jeune femme à la nuisette blanche teintée de son sang. Le dos des phalanges de Vicious épousa la clavicule de la jeune femme tout au long d’un contact infiniment lent avant que ses doigts ne s’animent et ne se posent sous le menton de la belle, se repliant duveteusement pour aller toucher la commissure de ses lèvres.

Penché au plus près d’elle, Eizo frôla de son nez celui de Mei pour répondre à son mouvement par un des siens. Il pouvait la toucher sentir son parfum et entendait presque battre son cœur. Autant de bonheurs qui faisaient offices d’onguents plus efficaces sur ses blessures que les meilleurs des médicaments. Tout le sel de sa vie lui était rendu par ces simples contacts et il n’avait plus l’intention de partir désormais. Elle lui avait offert une nouvelle épreuve dont il saurait se montrer digne. Figé dans cet amoureux tableau où son froid souffle reptilien battait les pulpeuses lèvres proches de la belle, Okamura se contenta de murmurer sur le ton du secret :

« Je saurai te surprendre … »

Personnellement engagé par ce genre de promesse, Eizo mettait en jeu toute sa fierté et Mei serait à même de comprendre la portée de ce geste. Immobile, le Bretteur de la Brume ne souhaitait pas fuir sa présence tant elle lui était agréable … Et tant sa fatigue était grande. Sur la route pour devenir le meilleur, bon nombre d’efforts étaient encore nécessaires et le musculeux jeune homme au corps zébré de blessures comme de cicatrices n’en avait que trop conscience. Aussi se lancerait il bien vite dans de terribles entrainements pour remettre la main sur son bien et se montrer digne de tout l’intérêt qu’avait bien pu, un jour, lui porter la plus forte des femmes du Pays de l’Eau en le nommant Nibanme …

La vie n’avait de sens que dans ces moments de pur bonheur ou la réalité rattrape et dépasse même le rêve. Jamais dans son inconscient le jeune homme au corps zébré de cicatrice n’avait imaginé situation plus propice à l’éclosion de son bonheur. Sa peau pâle frémissait pour mieux ressentir le monde alentours, afin de se rassurer que corps et esprits se trouvaient bien dans la même réalité physique, que le Bretteur de la Brume ne rêvait pas éveillé. Et son cerveau malade ne semblait pas lui jouer des tours …

Elle ne le repoussait pas et semblait même reconnaitre son acte de courage à sa juste valeur. Car du courage, il en avait fallu au jeune homme pour le voir tourner son caractère vers l’audace. Mais nombre d’événements avaient changé à jamais la psyché du Disciple de Shilliew au cours de son absence. Voir la Mort en face et lui réchapper au péril de nombreux efforts fut une expérience aussi douloureuse qu’enrichissante qui imposait au Jinchuuriki de vivre en conjuguant son existence au présent plus qu’au futur. Un futur qu’il n’avait que trop longtemps imaginé avec Mei à ses côtés …

Comme toujours, elle n’acceptait pas de le voir quitter ses vêtements de gentil chien pour le voir s’affirmer comme le loup qu’il cachait dans son âme. Et pour affirmer son statut de femme forte, elle se défit de son étreinte et retourna cette dernière contre le Bretteur de la Brume qui sentit une douleur aigue enserrer sa nuque. Les ongles de la belle s’enfonçaient dans son épiderme alors qu’elle dégageait son bras et frôlait les lèvres du jeune homme couturé de cicatrices des siennes plus pulpeuses que jamais ce qui le fit frissonner.

Un frisson qui trouva son écho dans les gestes et attitudes la plus puissante Kunoichi du Pays de l’Eau. Une douleur pourtant si proche du plaisir vint assaillir les muscles pectoraux du manieur de sabre à la cage thoracique se soulevant de plus en plus violement sous la respiration saccadée que lui imposait cette surnaturelle situation. Ce genre de contact il n’en avait que trop rêvé … Voir leurs lèvres se toucher, sentir son souffle enlacer le sien … Mais comme toujours, cette situation était au bon vouloir de la Mizukage et cette situation déplaisait plus que jamais un Jinchuuriki qui se sentait comme un vulgaire jouet au bout de ses doigts. Pour tout l’amour qu’il pouvait bien lui porter, il estimait avoir le droit d’être traité différemment, pas comme un simple pantin avec qui jouer en toute impunité …

Eizo pencha alors la tête sur le côté, un air faussement innocent se dessinant sur son visage à la peau pâle alors qu’il esquivait la langue de la belle et que les ongles de Mei lui labouraient la nuque. Il ne savait pas vraiment comment pourrait bien réagir la belle devant ses actes nouveaux, toujours est il qu’il ne souhaitait qu’une chose en cet instant et qu’il allait s’employer pour que cette chose soit dessinée dans cette réalité. De chien docile, il souhaitait passer au statut de loup … Ces mots furent donc orientés dans ce sens :

« J’apprend vite … »

Ses forces ne tarderaient probablement pas à l’abandonner, mais au moins aurait il eu le courage et la conscience de cesser d’être le jouet d’une autre pour prendre en main sa vie sentimentale. Décomposant sa gestuelle à la manière d’un froid serpent, Eizo agrippa le poignet de Mei et le dégagea avec force de sa nuque pour retrouver sa liberté. Reculant infiniment, le Jinchuuriki de Rokubi passa une main sur le visage de sa Mizukage, cherchant de ses rubis Iris le regard envoutant de la belle pour lui faire comprendre ce qu’il cherchait plus que tout. Ce la lui vaudrait peut être des coups et de la haine, mais au moins saurait elle maintenant qu’il était assez fort pour prendre sa vie en main. Sans toutefois l’imaginer loin d’elle …