Le voile se lève

Ambiance

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Enfin retourné de ma dernière errance, qui m'avait tenu éloigné pendant trois longues semaines, mon village d'adoption avait enfin le bonheur de me revoir. J'étais au sommet de ma forme, bien que toujours handicapé. Kurohige, hein? Je devais avouer qu'il m'avait pas mal amoché, l'ancêtre, surtout que j'avais toujours l'impression qu'il s'était retenu. Je pouvais d'ailleurs être heureux de m'en être aussi bien tiré, considérant que je m'étais fais punir tout de suite après ma raclée. Mei détestait la faiblesse et elle me l'avait fait comprendre clairement en gravant la deuxième lettre de son prénom sur mon cou. Je ne pouvais pas lui avouer que j'avais provoquer ce combat dans le but d'oublier l'obsession qu'elle devenait pour moi, pas après ses dernières paroles. Comme d'habitude, le garde m'avait laissé entrer, me faisant remarquer qu'il ne m'avait pas vu depuis longtemps. Généralement, je prenais le temps de compter les aventures qui m'avaient tenu loin du village de la brume. Cette fois-ci, je ne fis qu'hocher positivement la tête, continuant mon avancée vers ma demeure, ce qui laissa le garde sans voix. Ace, l'homme le plus arrogant de cette planète, ne manquant jamais une occasion de chanter ses louanges, se taisait...

Une fois chez moi, je déposais les affaires avec lesquelles je m'en étais allé quelques semaines auparavant, pour ressortir aussitôt, laissant porte et fenêtre ouverte afin de dissiper l'odeur de renfermé. Je ressortis aussitôt du village, à la grade surprise de la sentinelle qui venait à peine d'enregistrer mon retour. Il devait me prendre pour un fou, de repartir alors que j'avais un bras fermement bandé jusqu'à l'épaule, bien cela ne m'empêchait pas de le bouger. Je le vis partir, certainement pour prévenir le chef du village que je venais encore de prendre la pourdre d'escampette sans aucune autorisation. Qu'il se rassure, je n'irais pas bien loin. Me dirigeant vers les monts cachés par la brume épaisse, montant, malgré mon état de faiblesse, les chemins abruptes de cette sauvage végétation, je m'approchais du sommet le plus haut de ce pays. La nature m'accueillit dans un silence apaisant, tandis que les animaux qui jouaient le rôle de proie pour les prédateurs de ce lieu dissimulaient leur présence. L'air était frais, presque glacial. Mais je ne sentais pas sa morsure et ce n'était pas parce que j'étais anormalement vétu, un pantalon recouvrant presque les tongs dans mes pieds ainsi qu'un tee-shirt ne cachant pas grand chose vu comment mes muscles étaient moulés sur le tissu.

Assis sur le bord d'une falaise, regardant intensément le vide sous mes pieds, Kiri semblait si petit et mes soucis avec lui. Les lumières, sous la brume, donnaient une beauté particulière au village caché mais sa splendeur ne pouvait me captiver. Au loin, mon regard alla croiser l'étendu d'eau qui brillait à l'horizon, poignardant mon coeur d'une nostalgie que je ne pouvais m'empêcher de ressentir. Cette vie me manquait horriblement et les réactions aussi agréables que douloureuses de la Mizukage avait parfois tendance à me pousser à retourner à cette vie. Alors que je pensais cela, je sentis un chakra familier, vu qu'il avait opéré sur moi à plusieurs reprises sa puissance. Je ne pouvais pas avoir imaginer le frisson qui m'avait secoué, pourtant, en me retournant, j'étais aussi seul qu'au départ. Ignorant l'évidence se présentant devant mes yeux, je me relevai et me mis à la poursuite de celle qui pensait encore m'éviter. Malgré mon corps qui bougeait de lui-même, mon esprit était tirailler entre l'idée de la suivre ou de simplement feindre ne pas l'avoir senti m'observer. Je voyais son ombre au loin de moins en moins distinguable, tandis que je m'efforçais de la rattraper.

♠ Ma présence te répugne à tel point que tu me fuis, maintenant ? Cela te dérange tant que ça d'être à mes côtés? ♠

Je m'étais arrêté, hors d'haleine, la regardant continuer sa course, n'ayant pas plus force de la poursuive plus avant. Mon voyage avait été long et sans escalle, ce qui ne me permettait pas d'utiliser le meilleur de mon potentiel dans un tel état de fatigue. Si elle ne voulait pas me parler, je n'allais pas lui imposer ma présence plus longtemps.

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J'avais eu ce que je voulais : elle avait stoppé sa course, me permettant de reprendre le souffle que j'avais perdu. Immobile, je la regardais sans pour autant comprendre la signification du silence qui s'installa. Cela devenait une habitude, une manie qu'elle avait de longtemps réfléchir avant de s'adresser à moi, chose que je n'avais jamais su faire. M'attendant à ce qu'elle reprenne sa course pour continuer sa fuite, je fus surpris quand elle apparut soudainement devant moi. Elle avait franchement un don pour affoler mon coeur, pour augmenter le rythme de ses battements, à un niveau tellement critique que je me demandais comment il faisait pour ne pas lâcher. Comme toujours, l'arôme de sa peau m'enivrait et réduisait de beaucoup la volonté qui me permettait de la préserver de mes sauts d'humeur. Au fur et à mesure que les jours passaient, l'emprise qu'elle avait sur moi devenait plus forte, bien trop que je ne puisse faire quoique ce soit pour le dissimuler plus longtemps. L'éviter était la seule perceptive qui s'offrait à moi, quand je savais que les réactions que provoquait l'état dans lequel elle me mettait la déplaisait, l'indisposait.

Elle m'attrapa au niveau du menton, diminuant encore la distance qui séparait nos deux visages, m'intoxiquant par le biais de son souffle. Pour la première de toute ma vie, je fus pris d'une gêne immense et baissai les yeux vers le sol, sentant le rouge me monter aux joues. Je me comportais comme un gamin et je ne pouvais rien faire empêcher mon corps de réagir aussi brutalement. Le poids de son regard émeraude m'embarrassait bien que je ne pouvais me convaincre d'augmenter l'écart entre nous. Les secondes pendant lesquelles elle m'osculta méticuleusement semblèrent s'étirer à l'infinie, me donnant la déagréable impression que le temps faisait tout pour croire mon malaise. Quand enfin elle me libéra de l'intensité de ses yeux, je me permis de respirer – je ne m'étais même pas rendu compte que j'avais retenu ma respiration- tout en la regardant mettre une distance salvatrice entre nous. Son sourire, son euphorie, me firent très bien comprendre que j'étais à nouveau l'objet de son amusement, ce qui m'arracha un léger soupir.

Elle prétendait respecter ma volonté, en s'éloignant de moi et je me souvins en effet avoir réclamer dans un excès de colère des vacances. Je ne pipai mot, bien que savoir qu'elle suivait à la lettre mes requêtes me peinaient, quelque part. Je ne pouvais pas nier que mes absences répétées coïncidaient beaucoup avec les jours où nous nous étions quittés en de mauvais termes. Mais je ne pouvais pas considérer mes actes comme lâches, vu que je ne les faisais que pour son propre bien, et peut-être aussi le mien. Éclatant d'un rire nerveux, si doucement que la mélodie du vent l'emporta presque, je répondis à sa question par une autre interrogation.

♠ Je ne peux pas avoir de pensées cohérentes quand tu es avec moi. De plus, ces derniers temps, on finit toujours par se disputer et moi, par m'énerver. Préférerais-tu que je reste et lève la main sur toi, emporté par le flot de ma colère ? Quand bien même je ne te toucherais pas, imagines-tu la souffrance que mon acte m'infligera ? ♠

N'osant toujours pas poser les yeux sur elle, observant mes pieds, je me demandais s'il était judicieux de ma part d'affirmer le pouvoir qu'elle exerçait sur moi. Cette discussion me conduisait encore vers l'unique évidence qui s'imposait à moi depuis longtemps : elle devait me rendre ma liberté. Ouvrant la bouche pour prononcer des mots que je n'aurais jamais cru capable de franchir la barrière de mes lèvres, je lui demandais de nouveau.

♠ Nous ne faisons que nous heurter continuellement, pourquoi ne pas me libérer, dans ce cas ? Rends moi à la mer, Mei...♠

Tirant sur le col de mon vêtement, je dévoilais mon cou, dépourvu des marques qu'elle avait sensuellement gravé sur ma peau. Me souvenant des paroles qu'elle m'avait craché au visage, tel le venin mortelle d'une vipère, j'ajoutai.

♠ Toi qui hais tant la faiblesse, tu devrais t'avoir en horreur, vu que tu es la mienne. ♠

Le tournant le dos, je m'éloignais pour retourner à l'endroit où j'étais avant de la poursuivre. À nouveau assis sur le rebord de cette falaise, la laissant seule avec les questions que je lui avais posé, je fixais la mer à laquelle elle m'interdissait d'appartenir.

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Si un jour quelqu'un m'avait affirmé que Mei m'aurait gratifié d'une telle marque d'affection, je lui aurais ri au nez tout en le traînant vers l'asile le plus proche. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle me retienne, préférant d'ailleurs qu'elle me libère et me laisse à nouveau nager dans les profondeurs des océans, moi le prédateur marin par excellence. Mais elle avait d'autre plans pour notre relation et ces derniers satisfaisaient la femme égoïste que je commençais à voir en elle. Espérant entendre la phrase me délivrant du lien nous unissant, je fus restreint plus que je ne l'avais jamais été de toute mon existence. Alors que je fixais la mer, le regard vide d'émotion, la surprise me gagna quand je vis ses mains cadenasser mon cou, me statufiant littéralement. La chaleur de son corps enflammait mon dos, tandis que son visage frôlait le mien en une caresse trop significative à mon sens. Son souffle brûlant, au contact de ma peau, provoquait des frissons que je ne pouvais réprimer malgré mes efforts. J'avais le souffle coupé, je suffoquais silencieusement alors que mon montrait la preuve qu'elle ressentait une attraction similaire à la mienne, en quelque sorte. Une nouvelle mascarade pour asservir mes pensées, un jeu auquel je serais la seul à me brûler, je n'arrivais pas à distinguer le vrai du faux tellement mon esprit était confus. Et je me mis à la maudire pour être consciente de ses atouts physiques et de savoir si bien s'en servir.

Ses premières phrases, contrairement à ce qu'elle l'imaginait eurent l'effet de me ramener à un semblant de réalité. Mon rythme cardiaque se régularisa tandis que je retrouvais l'usage de mes facultés mentales, me donnant le loisir de réfléchir à une contre-attaque. J'avais été d'accord pour être sa possession, son animal apprivoisé et ce uniquement parce que je pensais cette appartenance réciproque. J'avais été leurré. Je ne pouvais plus me laisser ainsi manipuler, je ne devais plus me soumettre, plus aussi facilement du moins. Pour la première fois depuis que je la connaissais, je semblais immuniser contre ses attaques sournoises où elle réduisait ma volonté à néant par le biais d'arguments pesants. Je ne bougeai pas alors qu'elle continuait son manège, le défilé de ses doigts et de ses lèvres sur ma peau, retenant chacune de ses paroles pour pouvoir riposter avec force. Prenant délicatement l'un de ses mains dans la mienne, je la portai à mon visage et en humai une nouvelle fois la fragrance enivrante. Et ma voix résonna, tel un couperet tranchant net l'objet sur lequel il chutait.

♠ J'avoue, t'oublier ne sera pas une chose facile mais ce n'est pas une tâche impossible. Après tout, on peut guérir de n'importe quelle addiction. Me marquer de nouveau n'y changera pas grand chose. ♠

Oui, elle était devenue une drogue dont je ne pouvais plus me passer et cela valait aussi pour les punitions qu'elle m'infligeait. Cependant l'addiction était une faiblesse. Ne désirait-elle pas que je l'éradique, à l'instar de toutes celles qu'elle voyait en moi ? Et si le fait que me perdre la désolait autant me réjouissait, je sublimais cette pensée de tout mon être pour continuer. Si elle tenait autant à moi, elle devait comprendre que je ne me contenterais pas éternellement des désillusions qu'elle m'offrait, des mirages qu'elle faisait apparaître devant moi quand bon lui semblait. Je voulais des valeurs sûres maintenant.

♠ La mer n'est pas une amante ? Si je ne me trompe pas, tu ne l'es pas non plus, n'est ce pas ? ♠

Ma voix était moins agressive que précédement, bien que sa douceur, semblable à une caresse, rendait la phrase que je venais d'énoncer encore plus cinglante.

♠ Dis moi donc, Mei. Pour quoi devrais-je renoncer à la mer ? Qu'as-tu de si précieux à m'offrir, où est le trésor dont tu fais miroiter les joyaux devant mes yeux depuis si longtemps ? ♠

Déposant un baiser sur la main que je tenais, je la fixai enfin, exposant sans vergogne tous les sentiments qui bouillonnaient en moi. Peine, colère, désir, un mélange explosif et dangereux que je lui donnais avec un gant de velours.

♠ Mais surtout, quand bien même tout ce que tu me promets existe, auras-tu vraiment la bonté de me l'offrir, alors que tu m'as déjà démontré maintes fois que tu était une femme cruelle... ♠

Je ne savais pas comment elle réagirait à ce nouveau flot de question mais j'avais hâte de voir la nouvelle esquive qu'elle me présenterait en spectacle. Les milles et une manière de foirer une relation : c'était le livre qu'elle écrivait en s'inspirant de notre histoire.

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Je voyais la confusion dans ses yeux, alors que ses émotions se battaient pour se frayer un chemin de sortie. Cela ne fit qu'alimenter le désir calcinant que j'avais de la faire souffrir, comme elle, elle prenait un malin plaisir à me tourmenter. Je ne faisais que réclamer le droit que j'avais d'être le marionnettiste, d'être celui qui tirait habilement les ficelles. Je laissais glisser sa main hors de la mienne, lui concédant un moment de répit, car je ne faisais que commencer à savourer la torture que je lui infligeais. Alors qu'elle reprenait ma main, dans le but d'accentuer la puissance de son regard, elle reprit sa tirade, espérant franchement pouvoir me faire changer d'avis. Éclatant d'un rire léger, presque moqueur, je récupérai ce qui m'appartenais, pour la ranger dans ma poche et je lui répondis d'un ton badin.

♠ Avec toi, cruauté et exigence sont des synonymes. De plus, les dieux ne demandent pas que la guerre aux hommes, ils réclament aussi leur vénération. Or, à quoi bon prier une déesse qui ne peut exhausser aucun de mes souhaits ? ♠

Mes précédentes paroles avaient eu l'effet escompté car enfin, elle se détacha de moi, m'offrant le regard froid et plein de reproches. J'avais, comme toujours, réussi à la mettre dans une colère noire, qui faisait presque trembler l'air autour de nous. Bien que j'ignorais sur quel point j'avais eu l'intelligence de gaffer, il était clair que je venais de toucher une corde sensible. Était-ce parce que j'avais souligné qu'elle n'avait rien d'une amante, que je lui reprochais de toujours refouler. Cela ne pouvait pas être cela, elle ne pouvait pas autant s'énerver pour un sujet qui devait être déjà revenu plus d'une fois. Elle ne pouvait pas regretter le fait que son statut de dirigeante l'empêche d'avoir une relation et peut-être même une famille. Quoiqu'il en soit, elle fut des plus véhémentes quand elle reprit la parole, me citant tout ce qu'elle m'avait soit-disant offert. Pas vraiment choqué par ses paroles, gardant un visage neutre devant la rage qui irradiait littéralement de ses mots, je me redressais à mon tour et lui répondis avec un calme dérangeant.

♠ J'avais déjà tout ça, Mei. La reconnaissance, l'admiration, un toit, une famille, des femmes. Tout ceci était en ma possession bien avant que je ne te rencontre alors cesse de récolter des lauriers qui ne sont pas les tiens. Je n'avais pas besoin de ta permission pour exercer mes talents et tu n'en connais qu'un infime partie si je puis me permettre. En ce qui concerne cette contrainte, tu ne veux pas que je te sois fidèle, tu veux que je te sois soumis et je refuse d'être à nouveau l'esclave de quelqu'un ! ♠

Je la surplombais de toute ma hauteur, la dominant quasiment par la quiétude meurtrière qui émanait de moi. Pour finir de l'achever, je lui déclarai.

♠ Avant de chercher à apprivoiser un animal aussi sauvage que moi, il faudrait apprendre à le connaître. A ce que j'ai pu comprendre, tu ignores tout de moi. ♠

Une vérité qu'elle ne pouvait pas nier.

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Notre dispute atteignait des sommets que jamais elle n'avait pu escalader auparavant. Devant moi, froid et glacial, d'un sang-froid inhabituel et dérangeant, elle se tenait sauvage, retenant la rage qui l'empoignait en plus à chaque seconde. Je jubilais de joie devant la contenance qu'elle affichait, tentant avec brio de retenir le poing colérique qui frémissait au son de ma voix. Je me faisais violence pour ne pas la provoquer davantage, effaçant l'image où je lui présentais ma joue à frapper. Je savais que je ne l'impressionnais pas, malgré la différence flagrante entre nos deux corpulences. Je la connaissais assez pour ne pas prendre cette différence comme un atout dans cette joute verbale et me contentais simplement de montrer l'euphorie que provoquait chez moi ses réactions. Elle recula et je compris que c'était certainement pour mieux repartir à l'assaut de ma personne. La pierre verte, unique pupille qu'elle avait toujours montré, me foudroyait sans jeu de mots, me faisant ressentir l'intensité de sa colère. Je ne me montrais que plus imperméable à ses oeillades à l'aura meurtrière, tandis que je réfléchissais à un sujet vide de sens. Dans un écart, une parenthèse dans cette interminable fusillade oculaire, je vins à me demander si l'oeil dissimulé derrière sa mèche renvoyait les même émotion que sa paire. Et sa voix résonna, amenant une réplique quasi instantanée de ma part.

♠ Je pourrais avoir cette prétention... ♠

J'en savais des choses même si je montrais plus souvent mon masque d'ignorance. J'avais appris dans le passé que parfois ne rien savoir ou du moins feindre l'ignorance pouvait être une bien grande bénédiction. Comme je l'avais deviné, elle fit de nouveau disparaître la distance entre nous, cherchant à affoler des sens plus alertes que jamais à ce manège. Je sentais la chaleur de sa peau, la douceur des ses mains sur mes bras et restai impassible bien qu'un contact direct avec mon bras bandé fut douloureux. Un frisson me parcourut, mais ne dérida pas mon expression neutre, conscient qu'elle n'attendait que cette faille pour proclamer sa victoire sur moi. Ses lèvres s'approchèrent de mon oreille et le murmure qui atteignit cette dernière ne m'adoucit aucunement. Bien au contraire, je détenais encore une remarque cinglante à lui offrir en réponse à la description qu'elle venait de faire.

♠ Le portrait que tu viens de dresser n'est un secret pour personne. Tu n'en tires aucun mérite vu que la plus ignare des créatures vivantes aurait pu en faire autant en m'observant un jour seulement. Tu ne fais que flatter mon égo en faisant mon éloge. ♠

Sa dernière interrogation fut cependant une chute à laquelle je ne m'étais pas préparé. Je sentis dans la ton de sa voix toute l'incertitude qu'elle éprouvait, à l'instar d'une peine qu'elle ne pouvait plus cacher. Je compris que j'en avais assez fait, assez dit pour aujourd'hui, qu'il était temps que je l'épargne. Déposant les armes, renonçant à la faire souffrir davantage, un long soupir se fit entendre avant que je ne m'exprime.

♠Pourquoi je ne suis pas parti ? Certainement pour les mêmes raisons qui te poussent à me retenir ici. Parce que je ne suis qu'un pauvre fou espérant encore découvrir le trésor que tu renfermes en toi. Parce que je suis assez fou de croire que j'ai le droit de t'aimer... ♠

Ma dernière phrase me choqua moi-même alors que j'avais été celui qui l'avait médité, énoncé. Je m'étais juré, quand j'avais compris la nature de mes sentiments, de ne jamais rien lui révéler, par orgueil ou par crainte des conséquences. Mais ce poids en moins sur mes épaules me soulagea bien plus que je n'aurais pu l'imaginer. Je ne pouvais dire quand j'avais pris la permission d'agir ainsi, cependant, mes bras la ceinturaient doucement, une étreinte qui n'avait rien de celle que j'avais pu lui donner, l'obliger à accepter, emporté par ma fougue et mon désir. Je me surprenais à découvrir une facette de moi que j'avais cru à jamais enterrer dans les profondeurs de mon âme. En fait, j'étais le seul à nier mes propres émotions dans cette histoire, vu que j'avais cacher cette révélation derrière une addiction, le désir charnelle qui me poussait à regarder les femmes. Mais, maintenant que la vérité venait d'éclater, je me devais d'affronter les conséquences que j'avais tant redouter. Et mon coeur se serra en pensant que j'aurais bien moins souffert si j'avais eu la force de m'éloigner d'elle dès le commencement. Aujourd'hui, j'étais addicte et ne savait pas comment en guérir... Ne manquait plus que la suite évidente de cette histoire : ma déception pour avoir dit quelque chose qui n'aurait pas du frôler mon esprit et encore moins s'enraciner dans mon coeur.

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Elle s'était figée et je savais très bien que c'était une sorte de prélude à la souffrance qu'elle allait bientôt m'infliger. Tout ce qu'il me restait à faire était de réfléchir à un moyen de diminuer ma douleur et profiter de l'instant présent. J'aurais aimé être assez égoïste pour l'obliger à quitter son poste, pour la forcer à arrêter ce sacrifice trop grand pour elle. Pourtant, cette idée ne me passa même pas à l'esprit. Quand elle réagit enfin, pour ne mimer qu'un simple mouvement, je relâchai mon étreinte, lui laissant l'option de me repousser. J'y étais habitué et une fois de plus ne me tuerait certainement pas. Je pouvais constater que mes mots l'avaient mis dans un tel état de choc qu'elle n'arrivait plus à réfléchir. Elle devait se demander comment j'avais eu le culot, le courage de lui avouer pareil chose sans prendre en compte ce qu'elle devait probablement ressentir. J'aurais aimé avoir pu contrôler le flot de mes émotions, ne serait-ce que pour retenir ces malheureuses paroles. Je connaissais un moyen de revenir sur ces stupides phrases, bien que cela allait me porter autant préjudice qu'à elle. Cependant, elle souffrirait peut-être bien moins que maintenant.

Enfin elle ouvrit la bouche pour prononcer ce qu'elle craignait le plus de dire, me repoussant et s'éloignant de moi. Je ne fis pas mine de la retenir, la laissant mettre toute la distance qu'elle voulait entre nous, car elle serait plus apte à coordonner ses pensées de la sorte. Son refus avait été si difficilement énoncé que j'avais l'impression que son être tout entier cherchait à les contenir. La réponse que j'avais espéré, pour notre bien à tout les deux, elle me la donnait mais je n'arrivais pas à me réjouir. Je sentais son amertume sur ma langue, le sel des larmes qu'elle n'oserait jamais verser, alors que nous n'avions plus aucun contact physique. Je restais de marbre devant son comportement, bien qu'il était évident que j'étais ravagé au dedans de moi. Non pas parce qu'elle me disait ce que je ne voulais pas entendre, juste parce qu'elle le disait contre son gré, parce que chacun des syllabes qu'elle prononçait la lacérait littéralement. Son regard sur moi était la pire des punissions qu'elle pourrait jamais m'infliger et pourtant, je le soutenais sans ciller une seule seconde.

Quand il m'incita à quitter Kiri, une partie en moi, la plus grande d'ailleurs, me soufflait à l'oreille de ne pas discuter ses propos et de partir sur le champs. Malheureusement, je n'étais pas assez égoïste pour m'en aller et la laisser ainsi dans le tourment qui la rongeait. Alors qu'elle venait de me libérer, de briser les chaînes qui me maintenaient ici, tel un animal frustré, je lui souris. Et remettant autour de mon cou le collier qui faisait de moi sa propriété exclusive, déployant des trésors de retenues, je lui déclarai :

♠ Ne dit plus rien, s'il te plait. Oublie tout ce que je viens de te dire, Mei. Tu seras juste la Mizukage et moi ton shinobi. De toute manière, après avoir aussi longtemps vécu en captivité, j'ai perdu l'usage de mes crocs... ♠

C'était le moins que je puisse faire pour limiter les dégâts que j'avais causé. Et puis, ce que je ressentais, qui s'en préoccupait. J'avais déjà feint tellement de choses dans ma courte existence qu'un mensonge de plus, une comédie supplémentaire, serait une jeu d'enfant pour moi. De plus, ce qui ne me tuerait pas me rendrait définitivement plus fort, assez pour avoir un jour la cruauté de la quitter, assez pour ne plus avoir de regret, assez pour ne plus jamais ressentir quoique ce soit. Quand ce jour arriva, je pourrais enfin me vanter d'être le démon sans coeur que je prétendais être et je pourrais retourner à la mer sans aucun état d'esprit. Je venais de me fixer un nouveau but qui était de venir à bout de ma nature d'humain, de faire disparaître les faiblesses qui m'empêchaient d'avancer. Et aujourd'hui, Mei venait de m'aider à passer la première étape, en tuant tout ce qui pouvait être bon en moi.

The Man You Thought You Knew Is Gone Now...

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Je ne sus pas à quel moment la lueur de mon regard s'éteignit mais je me rendis bien vite compte que son comportement avait changé. Alors qu'habituellemment elle faisait tout pour limiter les contacts trop intimes, sauf dans le cadres de mes punitions, elle se rapprocha de nouveau. Ses mains vinrent lentement se poser sur mes joues, pendant que ses yeux essayaient de me captiver, me soumettre à elle. Ne voulant pas trahir le but que je me devais d'atteindre, je baissai le visage, m'obligeant à fixer le sol que foulaient mes pieds. Or de cette manière, je lui permis d'approcher plus facilement son visage du mien, m'exposant à un danger plus grand encore. Son front contre le mien, son souffle caressant mon visage, malgré la différence physique qui jouait en ma faveur, je n'avais pas la force de me défaire d'elle. Pourtant tout mon être me criait que je devais m'en aller, m'éloigner du piège qu'elle me tendait ouvertement. Et je n'en fis rien : je restai totalement figé alors que ses doigts entortillaient l'une de mes mèches rebelles.

*N'as tu donc aucune volonté, faiblard ?!* me cria ma conscience, silencieusement.

Non, j'en avais une, car je ne pouvais décidément pas renoncer à mes sentiments, pas je savais qu'elle les partageait, même un peu. Ses paroles de réconfort, elle ne se doutait pas qu'un jour, elle se retournerait contre elle, car les crocs qui repoussaient ne me servirait qu'à une chose : la soumettre. Alors que je pensais, ses lèvres frôlèrent les miens, provoquant l'arrêt momentanée de mon pauvre coeur. Le monde pouvait s'arrêter de tourner, je pouvais mourir demain, je n'en avais rien à faire vu ce qu'elle venait de m'offrir. Quand je repris enfin conscience, dès la seconde où je compris que cela n'avait pas rêvé, je constatais qu'elle n'était plus en face de moi. Ne me retournant pas, car je la sentais appuyer contre mon dos, le vent apporta à moi ses murmures. Puis elle disparut, ce qui ne lui laissa pas l'occasion d'entendre les pensées que je prononçai à voix haute.

♠ Il y a peut-être meilleur à trouver, mais tu m'as passé l'envie de chercher... ♠

reprenant une position assise, continuant à contempler ce à quoi je venais de refuser, j'entendais les cris de désespoir de la mer, qui venait de perdre pour une durée encore indéterminée l'un de ses précieux fils. Je la cajolais de mon regard, lui promettant de revenir à elle bientôt. Elle pouvait patienter, car elle m'aurait toujours en elle et elle vivrait toujours en moi.