Ordinary Day

Je me sentais de nouveau dans la peau d'un simple Genin, avec mes faits et gestes surveillés au centimètre près. Un retour en enfance, en quelques sortes, à la nuance près que j'étais à la tête du village caché des Nuages. Enfermée dans mon bureau, je passais la plupart de mes journées à résoudre diverses affaires, écouter des gens se plaindre sur de telles futilités que je songeais à les embaucher pour me raconter leurs histoires le soir afin de m'aider à lutter contre l'insomnie, envoyer des shinobis pour diverses missions, et surtout m'occuper de la paperasse que Katsuro ne pouvait s'embarrasser. Dès que je daignais outrepasser ma porte, il fallait toujours que quelqu'un m'interpelle, et j'étais repartie pour un moment derrière mes barreaux. Debout à l'aube, je moisissais entre quatre murs la plupart du temps, pour ne rentrer chez moi que dans la soirée. Heureusement, je parvenais parfois à me défaire de mes obligations afin de garder à jour mon entrainement auparavant régulier, ou aller passer un peu de temps là où bon me semblait. Je commençais à croire que le boulot de Raikage n'était guère fait pour moi, mais je tenais le coup, ne voulant en aucun cas décevoir mon prédécesseur, et tous ceux qui pouvaient compter sur moi en cette époque. Au fond, il ne devait s'agir là que d'une sorte d'épreuve, le temps de tout remettre en route et que je prenne une habitude certaine, une étude de mes capacités à gérer n'importe quoi n'importe quand. Et je le sentais, au fur et à mesure que les semaines passaient, je parvenais à respirer de plus en plus suivant les jours.

Mes yeux s'échouèrent sur mes deux dagues entreposées au fond de mon bureau, passant bien au-delà de l'homme face à moi. Je l'entendais bavasser, bavasser, bavasser, et je me demandais bien quand mon supplice allait enfin s'achever. Ce n'était qu'un simple commerçant, d'un petit bouiboui à la mauvaise réputation. Selon lui, des gamins s'amusaient à lui piquer ses fruits pendant qu'il avait le dos tourné, et les jetaient sur sa vitrine crasseuse. Cela ne m'étonnait qu'à moitié, parce qu'en plus d'avoir un caractère de cochon et bien peu de clients, la marchandise qu'il vendait était d'une qualité profondément médiocre. Mais soit, il parvenait toujours à trouver quelques pigeons afin de faire survivre son commerce, balançant également des promesses que tous savaient qu'il ne tiendrait probablement jamais. Je soupirai intérieurement en replongeant mon regard dans le sien, qui dû se montrer un peu trop dur, ou bien las, vu que le bonhomme s'interrompit en plein récit pour me fixer d'un air presque apeuré. Je lui dis que j'en avais assez entendu, et que j'enverrai quelqu'un constater les dégâts dès le lendemain afin de prendre toutes les dispositions nécessaires. Puis je le congédiai, avec un soulagement certain, et une joie irrépressible en voyant que personne n'attendait à sa suite. J'attrapai mes deux dagues, et partis rapidement hors de la tour avant que quiconque n'ose perturber mon petit état de béatitude.

Dehors, je ne m'étais pas emmitouflée des pieds à la tête, bien au contraire. Pour ruser, et ne pas éveiller quelques soupçons quant à ma tenue vestimentaire, j'avais passé les portes du village sous les traits d'une jeune ninja des plus banales, bien plus juvénile que je ne l'étais en réalité. Une fois que je jugeai être suffisamment éloignée, je repris mon apparence normale, et me mis à gambader dans l'herbe pieds nus. J'aimais ce contact avec la nature elle-même, cela me donnait l'impression d'être en résonance avec, ou alors était-ce ma faible maitrise du Doton qui me donnait cette sensation là. J’avais tôt fait de rejoindre la forêt en carapatant comme une biche tout juste libérée de ses agresseurs, sentant la fraicheur du vent outrepasser le fin tissu de mon t-shirt vert aux longues manches, camouflant tout tatouage visible sur ma peau nue. Une fois à l'orée de la gigantesque forêt, je ne me fis pas prier pour grimper aux arbres, pas comme les gamins, mais en marchant dessus en défiant toutes les lois de la gravité grâce à mon chakra. Une fois arrivée à une hauteur que j'estimai satisfaisante, je continuais ma balade, mais à quelques mètres du sol cette fois-ci, jusqu'à trouver l'endroit rêvé. Une petite branche, sur laquelle je ne tardai pas à m'assoir, laissant mes jambes choir de part et d'autre du bout de bois.

"Enfin... Pas trop tôt."

Je me parlai toute seule, laissant filtrer ces quelques mots dans un long soupire. L'après-midi était déjà bien avancé, mais je comptais bien profiter des prochaines heures à écouter chacun des moindres bruits m'entourant. J'appréciais le gazouillement du petit oiseau perché quelques branches plus haut, le grattement des griffes d'un écureuil sur une écorce annexe à ma position, le bruissement du vent dans les feuilles. J'attendais là, telle une fleur dressée dans le désert suppliant le ciel de lui offrir la goutte d'eau salvatrice, l'ataraxie. Le repos absolu, là où mon esprit pourrait vagabonder sans n'avoir à se soucier de diverses formalités aussi barbantes les unes que les autres. Mais cet instant rêvé fut de bien courte durée. Je sentis une présence non loin de moi, qui se dissimula presque immédiatement après. J'étais sure de ne pas avoir rêvé, et il me semblait encore percevoir les ondes du chakra de cet individu, comme s'il cherchait à se cacher de ma personne. Je n'y prêtai aucune attention, et ne cherchai pas non plus à me camoufler. Je restai ainsi, perchée sur ma branche, le dos ainsi que l'arrière de mon crâne en appuie sur le tronc d'arbre. L'autre arriva bien rapidement, surgissant comme un diable de sa boite au-dessus de moi, jouant les singes acrobatiques pour se retrouver à ma hauteur. S'il avait voulu me surprendre, c'était raté... "Tu sais que c'est dangereux de surgir comme ça...?" Ignorant sa phrase, je lui répondis tout autre chose d'une voix lasse, avant de reprendre immédiatement, ne voulant pas paraitre agressive. "Tu aurais pu me faire sursauter, et je serais tombée." Un fin sourire fit son apparition sur mes lèvres.

Ou alors peut-être cherchai-je à dissimuler ma véritable identité. Pourtant, je savais que c'était inutile, d'une part à cause de la hauteur à laquelle je me situais, et d'autre part les dagues rangées dans leurs fourreaux habilement tenus dans mon dos grâce à quelques sangles compromettaient fort mon idée de me faire passer pour une charmante demoiselle sans défense. Du moins, je ne laissais jamais mon chakra envahir les lieux, le laissant agir d'une manière plus discrète sans pour autant tenter de l'annihiler complètement. "Et le beau gosse perdu, il veut savoir quoi ?" D'une voix aguicheuse, la tête légèrement penchée sur le coté pour simuler la parfaite petite idiote ignorante avec rien dans le crâne, j'observai l'homme les yeux dans les yeux, le buste légèrement redressé. Je faisais mine de m'intéresser à lui, mais je cherchai principalement le jeu dans mes actions, me détendre un peu de toutes ces obligations passées. Je m'en étais allée sans le moindre signe d'appartenance au pays de Kumo, aussi pouvais-je passer pour une simple étrangère de passage dans cette forêt. De même que je me demandais d'où venait cet homme, pour ne pas m'avoir reconnue. Encore que je n'étais pas au pouvoir depuis des lustres, alors il était fort probable que mon visage soit inconnu de bien des gens.

Les yeux plongés dans ceux de mon interlocuteur, je le fixai sans ciller, un fin sourire barrant mon visage. En cet instant précis, je me demandais comment réagir. Il n'avait pas de bandeau, et ne semblait vraiment pas provenir du village duquel j'étais chargée de veiller à la bonne marche. Un Nukenin peut-être, ou bien un égaré de contrées lointaines. Il était également possible que tout cela ne soit qu'une vaste mascarade, dans laquelle je venais tout juste de me retrouver mêlée. Une feinte d'ignorance, une occupation toute autre de mon esprit pendant que des dizaines de ninjas se ruaient sur mon village afin de tout réduire à feu et à sang. Sur cette dernière pensée, je songeai que mes nouvelles responsabilités m'avaient rendue paranoïaque, en plus de ma névrose habituelle. Si des gens mal intentionnés s'attaquaient à mon bien le plus précieux, j'étais certaine de m'en rendre compte suffisamment vite pour voler de mes propres ailes jusqu'au lieu de perdition afin d'offrir le repos éternel à quiconque embrasserait l'une de mes deux lames. "Tu n'es pas là pour ça, n'est-ce-pas ?" lançai-je à la dérobée à mon interlocuteur, bien que consciente qu'il ne comprendrait certainement pas là où je voulais en venir. Cette interrogation n'avait que pour but de me rassurer intérieurement, de finalement me convaincre que tout cela n'était que pure imagination de mon esprit. De toute manière, cela était trop gros pour être vrai, que tous savaient quand je quitterais à la minute près le village alors que mes propres hommes n'avaient guère eu vent de mon départ, et qu'une foule de shinobis ne pouvaient passer ainsi sans que je ne m'en aperçoive. Et puis, les miens n'avaient rien de poltrons.

Ma décision était prise. Si quelques secondes auparavant j'hésitai à prendre du bon temps ou alors à renvoyer balader l'intrus afin de récupérer mon repos bien mérité, je décidai de me la jouer aguicheuse. Après tout, s'il ne jouait pas la comédie, il n'avait aucune idée de qui j'étais -et cela était malheureusement réciproque-. Mon grade ne me permettait pas d'agir n'importe comment, mais mon esprit décida subitement d'en faire abstraction pour le reste de la journée. Je me redressai lentement, jusqu'à me retrouver dans une allure plus droite qu'affalée, et ma main parti se poser sur la joue du ninja. "J'aime cette forêt, et tout ce qui en provient. Donc je suis du coin, en quelques sortes... Si on veut." Langoureux, mes doigts caressèrent cette joue tendre durant quelques secondes avant de se retirer dans un geste doux. Une telle langueur était rare chez moi, étant plus du genre explosive avec mon caractère ondoyant, prête à lacérer ou bien rouer de coups tous ceux qui avaient tendance à échauffer un peu trop mon esprit. Mais là, je voulais jouer. Jouer à un jeu surement dangereux si je le poussais bien trop proche de son paroxysme, un jeu d'adulte qu'il valait mieux que personne ne me voit exécuter. Je voulais flirter en toute simplicité avec un bel apollon, un inconnu que je n'avais jamais vu rôdé dans les parages auparavant. Me débarrasser de toute ces visions de paperasses qui obstruaient ma mémoire jusqu'à m'en donner la nausée, et pouvoir avoir du temps en tant que femme, et non pas Raikage, ou encore Kunoichi.

L'autre chose intéressante était le fait qu'il semblait rechercher des compagnons de jeu lui aussi. D'un autre jeu que j'affectionnais tout particulièrement, et qui eut le don de me faire redresser sur mes jambes. La main droite glissant sur le manche de ma dague à la lame de charbon, je coulai un regard à l'homme qui n'avait plus rien de tendancieux. Au contraire, mon aura se voulait bien plus dangereuse que la petite minette rencontrée au premier abord, sans pour autant balancer tout autour de moi des effluves agressives de chakra. Le timbre de ma voix changea également du tout au tout, se voulant beaucoup plus doucereuse qu'auparavant, mais également oppressante. "A moins que tu ne recherches un adversaire à ta mesure..." Si je n'avais pas confiance en mes capacités, il aurait été suicidaire de lancer ainsi un appel au combat. Là, ce n'était qu'une pure bêtise, une idiotie que mon esprit me permettait de commettre afin de tester jusqu'où j'étais capable de me rendre. L’inconscience d’une jeunesse bien trop vite refoulée. Je conservai quelques microsecondes de silence avant de me mettre à rire et retomber lourdement sur la branche -qui ne tangua pas vu la proximité du tronc vis-à-vis de mon fessier, et de la robustesse dans laquelle elle semblait forgée-. "T'y as cru ?" Mon ton se voulait jovial, presque empli d'une once de défi. "Je ne vois pas qui je pourrais effrayer de toute manière avec ces jouets en plastique..." prononçai-je en parlant de mes dagues reposant dans leur fourreau respectif, sachant pertinemment qu'une fois hors de leurs cachettes, elle n'avaient strictement plus rien de l'objet enfantin dont je venais de les gratifier. Reprenant mon sérieux, je pris la parole une nouvelle fois d'un air détaché.

"Peut-être que je sais où se situe Kumo, ou peut-être pas. Pourquoi tiens-tu tant à t'y rendre, ça n'a pas l'air d'être de ton coin... Tu viens d'où ?"

La dernière interrogation pouvait paraître de trop, mais cela m'intéressait réellement. Et tant pis s'il le prenait mal ou n'y répondait pas, il le chercherait tout seul, le village. Et de toute manière, je ne pouvais lui indiquer la route en toute bonne foi sans connaître ses véritables intentions.

Inoffensive… Ce mot me fit sourire à l’instant même où il dépassa la barrière des lèvres de l’homme aux poings ardents. Comme si une femme perchée à des mètres du sol sans n’avoir l’air de se soucier des lois de la gravité pouvait l’être, à moins qu’elle ne soit totalement perturbée au point de ne plus connaître la peur. Ou alors, comment aurait-elle pu se hisser à telle hauteur avec la force seule de ses bras et de ses jambes ? Lui qui semblait être venu ici en quête d’information, ou bien de simple amusement –je ne savais rien au sujet de ses véritables motivations, après tout-, et qui ne m’intéressait guère au tout premier abord venait de susciter chez moi un intérêt des plus grandioses. Lors de mes combats, il m’arrivait fréquemment de mêler la foudre à mes coups afin de rendre mes attaques encore plus dévastatrices qu’elles ne l’étaient déjà. Et rares étaient les fois où j’avais pu observer d’autres personnes utiliser le même style de combat, si ce n’était l’ancien Raikage qui m’avait enseigné son savoir à propos du Nintaijutsu, ou bien quelques rares individus que j’avais pu croiser tout au long de ma courte et bien piètre existence.

Je ne dirais rien, me contentant de l’observer avec une lueur amusée brillant au fin fond de mes pupilles, bien que l’air jovial que je me coltinais quelques instants auparavant s’en était allé comme par magie. A l’instar que je ne lui répondais jamais de manière véritablement franche, il m’imita. Une localisation, ou plutôt un seul village pour toute réponse. J’ignorai alors toujours pourquoi il se trouvait dans les parages, mais je pouvais mettre au moins un lieu sur sa tête malgré l’absence de bandeau. "Taki… En effet, tu n’es pas à coté de chez toi." Je repliai ma jambe droite contre mon buste, et passa mes bras autour sans ne perdre l’équilibre. Une idée me traversa d’ailleurs vaguement l’esprit, me mettre en tailleur sur cette branche, mais à l’envers. Jamais je n’avais tenté de m’accrocher de la sorte à une quelconque surface verticale, ou bien carrément à l’envers par d’autres endroits que mes pieds. Une expérience peu enrichissante, mais amusante que je comptais bien tenter, plus tard. Faire le pitre risquait de nuire à mon image, si seulement cet inconnu n’avait pas souhaité se rendre au village caché des Nuages. J’aurais pu continuer simplement à m’amuser sans ne me préoccuper de la réputation que j’allais pouvoir récupérer si je laissais libre court à mon esprit de me faire faire des choses sans la moindre réflexion. Et en plus de me ternir moi, cela risquait de faire passer mon village dans une dérision des plus totales. En bref, il valait mieux que je surveille d’un peu plus près mon comportement face à mon vis-à-vis.

Détachant mes yeux de son visage pour les fixer succinctement vers ses poings rougis, je fis apparaître quelques étincelles entre mon pouce et mon index de la main droite, préalablement relevée à coté de mon propre faciès. "Je commence à croire que nous avons peut-être quelques points communs bien que nous venions d’univers totalement différents…" L’électricité courut l’espace de quelques secondes le long de mes doigts, avant de retourner dans les abysses desquelles elle provenait. Dans mon esprit, nos similitudes ne se limitaient pas uniquement à la maitrise du Ninjutsu, qui au fond, était une pratique tout à fait banale. Et j’étais certaine qu’il comprendrait ce que je souhaitais sous-entendre sans n’avoir besoin de développer d’avantage le fond de ma pensée. "Mais bon, je pourrais peut-être te conduire au village, même si pour le moment je crains fort que ce ne soit pas possible. Je ne connais pas tes intentions, et je ne mettrais pas la vie de ses habitants en péril sur un coup de tête, même si je suis certaine que tu arriverais à le trouver par tes propres moyens après de longues heures de recherche, ou dans quelques minutes si la chance se montre clémente avec toi." A moins que tes intentions ne soient véritablement néfastes… Et que tu souhaites m’extirper cette information par la force. De toute manière, même s’il m’offrait ce que je souhaitais entendre, je ne l’accompagnerais pas immédiatement aux portes de Kumo. J’étais venue ici pour me détendre un peu, et cela ne faisait pas assez longtemps à mon goût que j’étais perchée en haut des cimes.

"Et sinon, le shinobi de Taki, il a un p’tit nom ?"

Il pouvait mentir, comme sur tout. Dire qu’il venait pour une mission diplomatique alors qu’en réalité il n’était là que pour orchestrer le meurtre d’untel. De toute manière, il n’allait pas sauter les pieds dans le plat en disant qu’il venait pour détruire et attiser la flamme de l’Enfer sur ces quelques demeures. Et s’il était venu de lui-même ainsi, avec cet air-là pour bavasser au lieu de songer à ses priorités, cela ne devait pas être de grande importance. Même si l’aura qu’il possédait en arrivant avant de tenter de la dissimuler m’avait fait frissonner.

Tant de choses me traversèrent l’esprit lorsqu’il prononça le nom de vagabond. Dans ma tête, cela sonna automatiquement comme déserteur. S’il était soi-disant de Taki, mais qu’il ne pouvait guère supporter une quelconque autorité Ninja, alors il avait fuit son pays, fuit sa patrie. Une ombre passa dans mon regard, rapidement, celle de l’ancienne Oi-nin sommeillant au fin fond de mon être. Ôh combien de Shinobis j’avais pu chasser, qu’ils viennent de Kumo ou non, cela ne m’importait que très peu. Après le décès de Kazuki, seule la vengeance m’habitait, jusqu’à ce que je gravisse un échelon supplémentaire afin de me retrouver à la tête de mon village. De toutes mes forces j’avais souhaité retrouver son assassin, et détruisait quiconque osait se dresser sur mon chemin. Une facette bien sombre de mon âme, une page presque tournée de mon histoire. Un égarement de trois ans. Je passai succinctement ma langue sur mes lèvres pour dissimuler la gêne s’étant soudainement éprise de mon être, l’envie de connaître le bruit de ses os brisés sous les coups de dague. Auparavant, je me servais d’une lance, qui parait-il me donnait l’air d’une possédée lorsque je la prenais en main pour la manier mortellement. Je ne prononçai rien dans un premier temps, ne relevant rien de ce qu’il pu dire, me contentant de sourire tout en déposant les mains sur mes genoux. Je voulais connaître son identité dans un premier temps, et en savoir un peu plus sur ses intentions plus tard.

"Ace… Le prénom choisit par tes géniteurs, ou alors ce n’est que le surnom que tu t’es choisi ?"

Inutile de dire que je trouvai cela relativement provocateur en soit, se rapprochant dangereusement de l’as, la crème des crèmes. Si cela était véritablement son prénom, pas de chance. Autrement, je songeai de plus en plus à le défier plus tard afin de connaître la puissance de ses poings de feu, comparer la maitrise de son Ninjutsu couplé au corps à corps avec le mien. J’aimais le combat, c’était chose indéniable. Mais l’heure n’était pas à la bagarre. Il fallait que je me choisisse un camp, oscillant étrangement entre mes diverses personnalités depuis le début de notre discussion. J’ignorai comme me comporter hors de mon bureau, avec un faciès autre que l’imperturbable Raikage, bien que profondément colérique. Depuis le début, je passais de la Kunoichi sans histoires comme je l’avais été à la femme blessée et meurtrière, et de cette dernière au chef qui se devait de conserver son village dans une ère de sérénité. Des dires qu’il prononça quant à sa véritable raison de sa venue dans nos montagnes, j’en déduisis qu’il valait mieux que je garde mon secret afin d’avoir la paix quelques temps encore. De toute manière, je voulais en savoir plus, et montrer un visage de femme de pouvoir n’était pas la meilleure des solutions à mes yeux. Il pourrait se retrouver comme un idiot après ce qu’il avait dévoilé, et sa langue pourrait s’en trouver nouée. Et éviter ce genre de situation désagréable était amplement préférable.

Il fallait dire que mes propres précédentes pensées me semblaient incongrues. A le voir se pavaner ainsi comme un paon, il était quasiment impensable qu’il se sente gêné par quoi que ce soit. "Et bien jeune démon des eaux, pour espérer me faire tomber il faudra déployer un peu mieux tes plumes que ça." D’une voix moqueuse, sourire incrusté sur le visage, je souhaitais voir s’il comptait se lancer dans une espèce de plan drague à l’arrache au sommet des arbres, ou s’il continuerait à penser à son objectif. Objectif qui était juste sous ses yeux, sauf qu’il l’ignorait. Et qu’il ne le découvrirait qu’une fois à Kumo, ou pas. En tout cas, il avait le don d’attiser ma curiosité, l’animal. "Tu m’as dit que tu venais de Taki… Et tu te décris maintenant comme un vagabond… Tu as déserté ton village ?" Et tu es un foutu nukenin juste bon à remplir ma bourse ? Je revenais sur le sujet principal à mes yeux avec un air enfantin, parlant avec un ton léger. Comme si cela était une chose qui m’impressionnait, ou tout du moins qui était là pour m’intéresser. "Et tu as fait tout ce chemin pour voir la Raikage ? Tu lui veux quoi ? Discuter avec et tenter de la séduire ? Ou bien simplement vérifier qu’elle a bien le physique promis pour y penser dans tes rêves les plus torrides ?" Ou toute autre chose, je laissai la fin de ma phrase en suspend pour signifier que ma liste donnée n’était pas exhaustive. Je ne savais plus si je devais le prendre pour un fanfaron ou tout simplement pour un fou. De toute manière, je n’allais pas le lâcher ainsi, il m’amusait. Et je n’allais pas cracher sur le peu de satisfaction que je parvenais à me dénicher depuis quelques temps.

"Si tu avais réellement perturbé ma tranquillité, tu serais déjà en train de gésir par terre comme une pauvre loque inanimée."

Un parfum de dangerosité accompagna mes paroles, tandis que mes iris vinrent chercher les siens. Dans une mimique provocatrice, un fin sourire vint de nouveau se loger sur mes lèvres alors que mes sourcils se froncèrent, signe qu'une idée passa brièvement entre quelques uns de mes synapses. Il n'avait pas tord, il avait perturbé mon havre de paix. Mais heureusement pour lui, il m'amusait suffisamment pour que le goût d'en savoir plus sur lui me prenne. "Je n'ai pas besoin de la compagnie de quiconque, je suis très bien là, au milieu de la verdure." Dans un mouvement très français, je haussai les épaules avant de continuer à déblatérer quelques paroles. "En compagnie d'un ninja bien loin de chez lui. Tu m'amuses. Tu devrais venir chez moi, je te trouverais une place aux cotés de mes autres polichinelles." Tant qu'il tentait pas lui-même de m'en mettre un dans le tiroir... Avoir un enfant était une chose non envisageable chez moi, surtout avec un inconnu dont l'identité me paraissait faussée. De toute manière, j'avais déjà assez de problématiques comme ça à régler chaque jour, alors me retrouver avec la garde d'un être aussi fragile qu'un bambin dépassait tout sens des réalités.

Je me redressai sur mes deux jambes, surplombant le ninja assis de toute ma hauteur. Le fixant d'un air hautain, je pinçai les lèvres pour retenir le flot de mots qui les agaçait. "Ne te fais pas passer pour une victime, ce n'est pas moi qui vais de plaindre. Si ton village t'a, rejeté, ça ne tiens qu'à toi de relever la tête." Depuis que je m'étais remise de mon deuil, j'étais devenue une vraie chienne. Mais je m'en portais plutôt bien, et la compassion avait quasiment disparu de mon état d'esprit. En tout cas, je me demandais si la raison qui l'avait poussé à vouloir me rencontrer n'était pas de tenter d'intégrer Kumo, au fond. Ignorant sa dernière demande, je me laissai glisser autour de la branche afin de me retrouver la tête en bas, et m'exécutai pour faire la bêtise qui m'avait traversé la tête quelques instants plus tôt. Assise en tailleur, à l'envers, je découvris la forêt sous un tout nouvel angle. "Tu peux m'appeler Raï si tu veux." Raï, comme la foudre, un pseudo qui me collait parfaitement à la peau. Mais j'avais offert ce nom en hommage à l'une des personnes qui m'avait convaincue de suivre la voie du Taijutsu, et qui portait très mal son prénom puisque le Raiton lui était totalement inconnu. Je l'avais vue une ou deux fois par le passé s'essayer à cet art, mais sans grande conviction. Son dada, c'était le Genjutsu, avec quelques coups bien placés pour assommer pour de bon quiconque osait se mettre au travers de son chemin. Les illusions, un concept qui m'échappait totalement, mais que je souhaitais peut-être apprendre plus tard, à un moment de ma vie où je n'aurais plus grand chose à faire. A compter sur le fait que je survive aux aléas du temps.

"Je vais te mener à Kumo..."

Mes yeux glissèrent tout autour de mon être, observant les divers points d'appuis qui s'offraient en premier lieu. Des opportunités à saisir, des endroits où grimper afin de ne pas choir et me retrouver par terre dans le même état qu'une pauvre grenouille n'ayant pas vu le cheval s'approcher. "Si tu arrives à m'attraper..." J'annulai tout apport de chakra dans le bas de mon corps, et me retrouvai soudainement en suspension dans les airs, en train de tomber. Mes mains agrippèrent la première branche en vis-à-vis avec celle sur laquelle j'étais perchée, et dans un geste souple, je mis mes deux pieds dessus. Désormais située sous Ace, je levai les yeux afin de l'avoir dans mon champ d'action. "Allez, bouge toi ! Ne t'en fais pas chéri, je ne dégainerais pas mes dagues." Je sautai sur une branche en amont, à une vitesse fortement réduite pour tromper l'adversaire. "Mais ne compte pas sur le fait que ce soit aussi simple que cela en a l'air..." Je rigolai tout en parlant, même si tout mon être brûlait de se battre contre cet homme. "Non, touche moi juste. Enfin, essaie..." Moqueuse, je lui avais lancé un défi. Quelque chose pour le blesser dans son égo de mâle, même si je ne comptais pas me prendre totalement au jeu. J'ignorais tout de son niveau, et peut-être que c'était moi qui allait me trouver surprise de ses capacités. Je jouais avec le feu, et j'adorais ça.

Bon, si tu te prends au jeu je sais pas si tu veux faire ça full rp ou avec quelques stats, donc je mets un récapitulatif dans le doute =).

Action 1 : S'éloigne d'une action

Action 2 : S'éloigne d'une action

Bilan : à deux actions de distance.

Pv : 500
Pc : 635

L’excitation était à son comble... Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas prit autant de plaisir à jouer avec une tierce personne, d'autant plus que celle-là était une parfaite inconnue, et ne faisait même pas partie du même pays que le mien. En cet instant, je me foutais éperdument de toutes les précautions que j'étais sensée prendre en temps que Kage de mon village, ne me préoccupant que de mon propre amusement, telle une enfant lâchée au beau milieu d'un parc d'attraction. J'avançais de branche en branche, Jane poursuivit par son Tarzan, réduisant tout de même fortement ma vitesse afin de lui laisser toutes les chances de me rattraper aisément. Ou plutôt de lui en offrir l'illusion, même si je ne l'avais jamais vu à l’œuvre. Dans tous les cas, s'il usait de toutes ses capacités pour me rattraper, il était sans conteste que j'étais bien plus rapide que lui, et que le semer ne me poserait aucun problème. Seulement, je ne souhaitais pas en arriver à une telle extrémité, et comptait bien l'amener au sein de mon village. Mais pour le moment, il ne fallait pas qu'il sache qui il côtoyait véritablement, surtout que je ne savais toujours pas exactement pourquoi il souhaitait me rencontrer.

Je fis mine de glisser sur l'une des branches pour repartir de plus belle, riant aux éclats. "Allez... Allez ! Appuie sur le champignon ou on y sera encore dans trois ans !" Je me moquais ouvertement de lui, espérant qu'il comprenait le second degré. Et s'il ne le comprenait pas, tant pis pour sa pomme, je le planterais tout simplement au milieu de l'océan verdâtre bordant Kumo. Montre moi petit shinobi... Montre moi de quoi tu es capable ! Et si tu es vraiment l'orphelin que tu prétends être, peut-être que je te proposerais une place parmi les miens... J'y songeais réellement sur le coup. Lui proposer de rejoindre mes rangs, même si une longue période de surveillance risquait d'être amenée avec sa nouvelle condition. Du moins, il fallait qu'il se montre à la hauteur de mes espérances... Et enfin, enfin, il me rattrapa. Et quelle ne fut pas ma surprise lorsqu'il exécuta ce geste incongru. Je m'attendais à ce qu'il cherche à me frapper, et m'étais déjà à moitié retournée en vue d'esquiver le prochain coup à venir. J'haussai un sourcil lorsqu'il frappa dans la branche sur laquelle j'étais supposée prendre appuie, et me retrouvai irrémédiablement projetée dans le vide.

Par ailleurs, la branche m'intercepta en plein dans ma chute. Je me pris le tronc de l'arbre suivant, heurtant le bout de bois à pleine puissance, même si mes bras firent office de brève garde. Un gémissement s'écoula le long de mes lèvres, avant de me suivre jusqu'à mon point final. J’atterris à terre dans un bruit sourd, entendant même un craquement douloureux remonter le long de mes os. Et je me retrouvai ainsi, gisant à terre comme une pauvre loque, le corps foutu n'importe comment à même le sol. A moitié allongée sur le ventre, mes jambes s'étaient rétractée, et mes bras semblaient former un angle bizarre sous mon buste. Quand à mon visage, il était désespérément vide, avec ma joue posée sur la racine d'un chêne centenaire. Mes yeux étaient grands ouverts, vitreux, et les ténèbres s'étaient emparés de mon âme, tout comme ma respiration qui semblait s'être évaporée comme par magie.

Action 1, 2 & 3 : Actions cachées
Action 4 : Prend une tasse de thé avec Marilyn Monroe sur les nuages.

Pv : 0 ?
Pc : 0 ?

Allongée comme je l’étais, je commençais à trouver le temps long. Ce n’était pas que ma position était foutrement inconfortable, mais si. Je commençais à ressentir des effets de fourmillements au niveau de mes bras, et je sentais que mes jambes allaient finir par subir le même traitement si je restais encore longtemps dans cette posture là. A la base, j’avais trouvé que l’idée de jouer les mortes était drôle, et cela me permettait dans le même temps de pouvoir jauger un de peu quel type d’homme était mon adversaire. Viendrait-il comme un poisson s’enliser dans mes filets sans même ne se douter du moindre piège, ou bien viendrait-il avec des pincettes ? Ou alors partirait-il comme si ne rien était, me laissant là comme un vulgaire macchabé perdu dans les bois, tout juste bon à nourrir les quelques bêtes féroces avec lesquelles il arrivait que l’on se retrouver nez-à-nez. Mais pas de chances pour elles, nous étions les plus grands prédateurs de cette planète, ou plutôt les plus grands parasites, des choses hors normes dans un monde qui ne leur appartenait pas, même si chacun de ces bipèdes dotés d’intelligence passait son temps à s’en persuader.

Je le sentais, il était toujours là, non loin. Je l’avais entendu descendre, surement que la tension lui avait fait perdre momentanément ses moyens, ou bien était-ce juste le fait que je savais qu’il était là, et que l’endroit était étrangement calme. Le moindre bruissement de feuilles ne parvenait pas à passer outre mon ouïe surentrainée, et le silence était de retour. Et il tardait, tardait. Il me semblait presque que je pouvais entendre le flot de pensées traverser de part et d’autres son esprit, ou bien n’était-ce que mon imagination qui me jouait des tours, et j’avais l’air d’une belle idiote à mimer ma propre mort au milieu des bois. Je ne tardai pas à avoir ma réponse, glapissant en sentant quelque chose fondre sur ma personne. Deux boules de feu, ce qui expliquait l’accentuation du chakra ressentie quelques dixièmes de secondes auparavant, me forçant à me replacer sur mes jambes en un éclair, le corps tourné vers le prédateur humain. Dans un geste souple, j’esquivais l’offensive portée à mon encontre, bondissant d’un coup sur le coté et réatterrissant en une roulade habile, pour finalement me redresser l’air de rien, un large sourire barrant mon visage. Si l’attaque avait été plus puissante, je me serais probablement sentie agressée. Mais là, il ne s’agissait que d’un petit tout destiné à me faire probablement bouger, ou bien s’assurer de mon état de santé. Futé petit shinobi…

"Ba putain, si c’est comme ça que tu t’occupes des gens que tu blesses, j’aimerais pas que tu me soigne…"

Un rire s’échappa d’entre mes lèvres, et pour relancer la partie, je levai les bras, plaçant mes mains de manière parallèle au-dessus de ma tête. "Mais si tu veux corser un peu plus le jeu, on peut y aller aussi…" A mon goût, il avait eut la bonne réaction. Après tout, il ne me connaissait pas, et j’aurais pu préparer un truc durant ma chute qui lui aurait explosé à la tronche à peine aurait-il touché mon corps étendu. Une boule d’électricité fit son apparition, et je la lui lançai dessus, avant de me remettre à courir, usant de toute ma vitesse cette fois-ci. "Cours mon petit, cours cours ! Montre moi de quoi tu es capable, montre moi jusqu’à quel point ta puissance peut être dévastatrice !" Je me trémoussai à moitié en sautant de nouveau sur mes branches, comme si je me trouvais dans une boite de nuit à danser sur un rythme endiablé. Ce que je ne lui avais pas dit, c’était que la direction prise était la plus directe pour retourner dans le village que j’avais quitté quelques temps auparavant. J’avais confiance, et je brûlais d’envie de savoir ce que cet individu pouvait bien attendre de moi… A compter du moment où il connaitrait ma véritable identité, bien entendu.

Action 1 : Esquive classique
Action 2 : Raiton, Rikyuu [80 pv / 20 pc]
Action 3 : S’éloigne d’une action
Action 4 : S’éloigne d’une action

Spoiler:

Pv : 500 / 500
Pc : 615 / 635

Esquives classiques : 13/14