:: Confrontation ! ::

Torse nu, allongé, le second Jinchuuriki de la Brume gouttait à la quiétude de cette faible brise roulant entre les habitations bordant le fourmillant centre d’entrainement du Nexus. La vie pouvait se conjuguer à bien des temps et en cet instant, le Nibanme la conjuguait au temps du plaisir, jouissant des instants présents sans se soucier du monde extérieur, rejetant pour quelques heures les présupposés de la civilisation Ninja et en particulier l’importance donnée à la constante vigilance. Du Kiri Cola, un Bentô consistant préparé avec soin, un Bingo Book à feuilleter et de l’ombre pour somnoler, il y avait peu de chose qu’appréciait plus Vicious que ces purs moments de bonheur quand il ne s’entrainait ou ne combattait pas.

Les choses relatives au monde extérieur glissaient sur ses nerfs perceptifs dans une indifférence qui frôlait presque l’indécence. Pour dire vrai, Okamura n’avait même pas conscience de ce qui pouvait bien se tramer aux alentours et il n’aurait probablement rien remarqué si la voix de Punk ne l’avait point sortit de sa paresse pour lui signaler qu’il serait de bon ton pour lui d’aller chercher ses futures affectations et autres missions. Son sempiternel retard pourrait bien lui couter un nouveau savon … Mais, après tout, on ne considérait presque plus les écarts du Numéro Deux du Village que comme une partie du folklore local …

Se grattant la nuque avec un bâillement, Eizo finit par se diriger à grand pas vers la tour en continuant sa lecture. Le chemin d’Okamura croisa celui d’un gosse à qui on avait sans doute du confier une mission pour qu’il se permette d’apostropher le Bretteur de la Brume. Allergique au débit de parole du morveux qui lui indiquait qu’il trouverait ses prochaines affectations non pas au bureau du centre des missions mais plutôt dans les appartements proches de sa Mizukage, le Jinchuuriki mit un point final au monologue d’un grognement. Ponctuant ce mouvement d’humeur par la fuite de l’Aspirant pas vraiment téméraire. Le tout sous le regard amusé du sabreur qui prit la route du Bureau en sifflotant.

Arrivant devant les portes closes du bureau, Okamura l’enfonça d’un coup de pied, faisant sortir celles-ci de leurs gonds et les envoyant s’écraser avec fracas contre des étagères chargées d’Archives. Toujours la même joie que de se retrouver face à Momochi Romae, l’exact contraire du tristement célèbre Zabuza … Vicious ne pouvait clairement pas piffer ce petit homme grassouillet au faciès porcin et au regard de fouine. Des sentiments que le manieur de sabres tentait de cacher sous un habile ton accommodant …

« Yo ! J’ai pris la liberté de feuilletter mon Bingo Book pour prioriser nos cibles futures afin de les communiquer au Bureau des Oï-Nin. Transmettez leur donc cette note de service en rayon ce nom là … Lui je m’en charge moi-même ! »

« Très bien ! Mais pour votre cas personnel, c’est impossible … Vous n’êtes pas accrédité pour ce Type d’Adversaire. »

« PARDON ?! »

Le dernier haussement de décibel du Jinchuuriki finit de faire tomber Romae de sa chaise. Le sang battant sur les tempes du bretteur trahissait l’agacement qu’il éprouvait face à la situation. Les bras croisés sur son torse, il jaugeait d’un regard noir le Chargé d’Administration à l’écriture soignée. Okamura ne put retenir un bon vieux direct du droit dans un des murs du bureau. Ce dernier resterait probablement fissuré à jamais ! Eizo semblait bien entièrement possédé quand il reprit avec une infini lenteur qui appelait aussi une violence sans borne :

« QUI ?! Qui a donné cet ordre ? »

Le Porteur de Rokubi perçait l’âme de son interlocuteur de son regard sanglant avant de détourner ses pupilles rouges au-delà du mur, là où il trouverait sa réponse. Ses lèvres se pincèrent, tremblant comme tremblent celle d’un fauve furieux alors qu’il balayait d’un rageur revers de bras le bureau du Ninja Greffier ! La Colère du Bretteur de la Brume semblait bien sans limite alors qu’il poussait de ses bras puissants les deux portes donnant sur le Bureau de Mei pour la darder de son impérieux regard. A la simple vue de celui-ci, elle comprendrait …

Elle venait de poser calmement la plume avec laquelle elle écrivait. La tempête venait d'arriver et elle pouvait sentir que sa soif de sang allait la pousser à prendre des risques inutiles. Heureusement, elle avait déjà parer toute éventualité de voir l'animal se jeter dans la gueule d'un loup plus féroce que lui. Elle pouvait entendre sa voix portante qui déjà vociférait dans l'entrée, juste devant sa porte. Plus que quelques secondes et il allait débouler dans son bureau comme un lion féroce...
Effectivement, la porte s'ouvrit à la volée tandis que les yeux émeraudes de Mei se posaient avec calme sur les deux pupilles enflammées du porteur de Rokubi. Elle pouvait lire dans son regard une rage sans pareil, elle en aurait presque sourit mais se reteint encore un peu. Tandis qu'elle rompait le contact visuel qui lui intimait bien des injures, elle se leva doucement du fauteuil dans lequel elle trônait. S'avançant lentement vers la porte qu'Eizo avait ouvert avec violence, elle ne lui accorda aucun regard jusqu'à refermer avec tranquillité les portes de son bureau... et à clefs. Elle ne voulait pas voir débouler une vingtaine de shinobis tout aussi curieux que remplis de bonne volonté protectrice à son égard, car la discussion qui allait suivre allait être mouvementé à n'en pas douter.

La jeune femme s'éloigna des portes pour retourner vers son bureau, juste devant. Elle se posa légèrement dessus, sa tête toujours baissée vers le sol, ses yeux étaient clos. Elle avait les bras croisés sous sa poitrine et releva finalement enfin ses doux émeraudes vers lui en soupirant doucement, affligée de le voir toujours aussi impulsif. Quoi qu'il avait beaucoup plus de retenu en sa présence, il restait relativement inadmissible de le voir s'énerver pour si peu. Enfin "si peu" c'était l'avis de notre Mizukage, après tout il n'y avait rien de mal à lui faire interdire des chasses qu'elle estimait trop dangereuse pour lui. Ces derniers, elle avait jugé préférable de se charger de limiter ses pulsions dévastatrices. Quant à savoir pourquoi, c'était une autre affaire dont elle était seule témoin et juge.

" - Oh Eizo! Par pitié! Ne me regarde pas comme si je t'avais émasculé! "

Elle avait lâché sa phrase avec douceur et amusement, car c'était de l'amusement qu'elle éprouvait en voyant son visage si mécontent. Elle avait une nouvelle l'impression de jouer le rôle d'une mère qui aurait privé son enfant d'un jeu duquel il abuserait. Car d'une certaine manière, même si donner la mort n'était pas un jeu, Eizo en devenait dépendant petit à petit, comme un drogue. Il voulait voir le sang coulé, il voulait avoir les mains tâchées d'hémoglobine, il voulait offrir le repos éternel à tous ses ennemis.
Le voir devenir si sauvage avait mis la puce à l'oreille de Mei. Elle avait senti ces changements qui avaient opéré dans son second, elle avait senti qu'il ne la traitait plus de la même manière, ses regards avaient changé, elle avait l'impression d'être détesté mais elle pouvait comprendre. Elle, pour sa part ne devait pas changer et n'avait pas changé face à lui. Cependant il avait su remuer des sentiments profonds dans ses entrailles qu'elle rejetait avec une force phénoménale. Eizo n'était qu'un shinobi comme les autres, elle lui donnait déjà beaucoup trop d'attentions par rapport à un autre mais ça il n'était pas à même de s'en rendre compte. Sa bulle de colère le rendant aveugle et hermétique à son environnement et particulièrement aux agissements de Mei.

Puis elle lâcha une bombe d'entre ses lèvres humides à la couleur bleue nuit envoûtante.

" - Tu as besoin de me prouver quelque chose? "

Quelle honte ! Lui qui avait pensé pouvoir faire exploser sa rage d’être tenu à l’arrière des lignes éloigné de toute action et de toute opportunité de faire valoir ses talents martiaux … Lui qui pensait pouvoir tenir tête à Mei au point de la faire céder … lui qui pensait la détester suffisamment pour rester insensible et poursuivre sa propre route sur un chemin pavé de sang n’avait pas tenu plus que quelques souffles face aux assauts de son cœur. Lui qui pensait avoir suffisamment cloisonné ses émotions pour rester suffisamment insensible s’était donc lourdement trompé et ses joues ne manquèrent pas de s’empourprer devant le regard que lui porta sa Mizukage. Il se sentait parfaitement ridicule en l’instant.

Toujours ce même ton maternel quand elle prenait le soin de l’engueuler …

Toujours ce même ton qui avait le don de faire bouillir sa rage comme son Bijuu sous ses abdominaux sculptés. Okamura tentait de se contenir, tentait de retenir les pulsions violentes qui assaillaient sa pensée alors qu’il se sentait progressivement humilié et trainé à même le sol par les propos de cette femme qui le faisait chavirer. Dévoilant ses dents blanches dans un sourire qui n’était que le reflet de ses instincts de prédations, le Bretteur de la Brume se laissait définitivement aller en gratifiant le mur le plus proche d’un revers de son bras, encastrant son poing à même la paroi.

Sensible et borné, le second Jinchuuriki de la Brume laissait parler ses émotions. Il en avait plus qu’assez de remplir à la perfection son rôle de malléable petit pion qui ne lui attirait finalement rien de ce qu’il avait toujours espéré. Arme potentiellement destructrice, il était détesté par la majeure partie des habitants du Village qu’il protégeait pourtant. L’échange n’allait finalement que dans un sens, donnant sa vie comme ses compétences pour une institution qui ne faisait que le brider et l’enfermait dans un rôle qui ne lui convenait plus. Un temps, Eizo fourmillait des actes administratifs comme des diverses missions de routines pour rester proches de Mei. Une désillusion plus tard, il s’engageait sur le chemin du Carnage dont on lui interdisait pourtant l’accès … Tout était finalement de SA faute !

« Quinze Ans … ! J’ai servi mon Village pendant Quinze an comme un bon soldat, sans rien dire de mes opinions et en obéissant aveuglément aux ordres ! En m’enfermant dans des codes que je déteste pourtant appliquer … Pourquoi ? Pour me voir interdire le sel de ma vie !! »

Ce sel là aurait bien pu faire référence à Mei … A l’affection comme à l’amour qu’il lui porte. A cette envie brûlante de la serrer contre lui, de l’embrasser comme de vivre à ses côtés non plus comme un vulgaire bras droit … Ce sel là FAIT référence à Mei autant qu’il fait référence à la violence dans laquelle Eizo se mure pour oublier le déchirant cri de son cœur qui pleure des larmes de sang à la simple idée qu’il ne pourra plus jamais battre au rythme de celui de sa Mizukage.

Si les Ninjas sont des messagers de mort, lui plus que quiconque ce doit d’être la personnification même de la grande faucheuse. Il devait redevenir le prédateur, celui que tout le monde craindra, celui que personne ne pourra surmonter. Le prédateur qui prend les vies tel le grand océan : de façon violente et impitoyable ... L’arme Kirienne, le Jinchuuriki redoutable, le second efficace. Une initiative peu étonnante car Eizo est toujours à la recherche d'adversaire de valeur pour mettre à l'épreuve sa force ! Initiative qui se heurte à des ordres qu’il ne comprend pas … Et des mots qui finissent de le faire sortir hors de ses gonds alors qu’il vocifère maintenant à l’encontre de Mei :

« Prouver ?! J’ai plus prouvé que l’ensemble des larves qui suivent tes pas dans ce bâtiment ! Regarde Droit dans ces Yeux ! Je suis un prédateur ! Je suis un opportuniste ! Je m’attaque à ce qui semble infaisable ! Et j’affirme être le meilleur … Dans la jungle des combats il y aura toujours un lion … JE suis ce lion ! Le ROI de la jungle, Traquant la moindre proie, attaquant pour tuer … Et maintenant ... Dégriffé … Castré ! Ce qui fut jadis ma jungle n’est plus que mon zoo … Mets moi une clochette autour du cou et gratte moi donc le ventre, Mei, car tu veux faire de moi un docile chat d’appartement … Miaou !? Pose-toi une seule question, veux-tu vraiment endurer tout çà ? Tu vas devoir vivre un cauchemar … C’est une menace ! Et si tu crois que je bluffe … »

Le regard hypnotique d’Okamura laissait exsuder une monstrueuse expression, allégorie de la fureur et de la haine, naissant dans les tripes du redoutable combattant et s’exprimant sous la forme d’une rage aussi tenace que violente alors que son bras droit s’animait dans le vide. La Main Libre du sculptural Ninja passa à l’arrière du crâne de Mei pour tirer son visage vers celui du bretteur de la Brume, plongeant l’unique œil visible de la belle dans le regard aussi froid que dur d’une pupille Rubis du Bretteur qui se posait en cauchemar à venir pour la belle. Pas car il deviendrait un gras Greffier docile, mais bien parce qu’il se battrait pour rester cet éphèbe guerrier à jamais et qu’il chercherait éternellement à retourner sur le front pour faire ce dont il est le meilleur au monde … Même si ce n’est pas joli-joli ! Son regard aussi dur que noir se fit l’écho de son souffle vipérien amenant aux oreilles de la Mizukage ce froid message :

« Viens-y ! »

Elle levait la tête, belle et fière face à un homme où elle savait que courber l'échine ne serait qu'un peu était fatal pour toute son autorité. Elle devait maintenir encore cette étrange relation qui le faisait se soumettre encore à lui. Elle parvenait à avoir l'attention du fauve qu'était Eizo, elle parvenait à le diriger telle une habile dompteuse qui connaissait parfaitement l'animal qu'elle faisait obéir uniquement parce qu'il désirait lui obéir.
Elle ne tiqua pas lorsque son poing alla s'abattre sur le mur avec violence, elle le savait fougueux et colérique mais étrangement elle aimait plus que tout le voir ainsi exposer toute l'impulsivité qu'il était. Un sourire vint naitre sur ses lèvres tandis qu'elle observait se corps qu'il agitait devant elle dans tous les sens. Mei ne faisait que l'observer, se perdant sur les parcelles de son corps tandis qu'il s'époumonait en reproche, il s'accablait, il se posait en victime face à ses décisions.

Ses émeraudes se posèrent finalement d'un seul coup sur ses yeux enflammés de haine. Il venait de monter d'un ton. A présent il était sûr et certain que si elle ouvrait la porte le Momochi tomberait la tête la première sur le sol tellement son oreille serait collée à la porte pour écouter plus attentivement les exclamations d'Eizo qui jurait particulièrement avec le calme froid de Mei qui savait si bien se contrôler malgré le fait qu'un shinobi de rang inférieur osait lui parler aussi violemment mais après tout ce n'était pas n'importe qui, elle avait face à elle Eizo.
Il se proclamait roi de la jungle. Il était un lion féroce et indomptable qui se laissait approcher par la belle. Elle devait donc profiter de cette douce soumission qui soit disant venait de lui? N'était-ce pas plutôt parce que Mei était une véritable tigresse de Sibérie, de ceux qui vivent dans les froids polaires mais qui toujours savent survivre au point de vivre. S'il y avait bien un prédateur dans cette pièce, la Mizukage était celui du Nibanme. Et s'il était soumis face à elle c'était bien parce rien que sa présence et son charisme imposait plus que n'importe qui.

Elle avait froncé les sourcils lorsqu'il eut fini sa tirade. Elle se sentait presque menacée mais pensait étrangement qu'il n'était capable de rien contre elle. Mais la certitude n'avait pas gagné pour autant son esprit, si bien qu'elle fut sur la défensive lorsqu'il attrapa l'arrière de sa tête et que son visage fut beaucoup trop proche de celui d'Eizo à son goût. Elle avait à présent les mains crispées sur le bureau et son doux fascié était levé vers le haut pour être confronté à celui du shinobi qui baissait la tête sur elle. Leurs nez se touchaient, leurs souffles se mêlaient et pendant plusieurs secondes elle se laissa intimidée par son regard si assuré et menaçant à son égard. Elle ne le reconnaissait que trop peu... mais il avait un petit quelque chose qui le rendait terriblement séduisant dans sa colère. De façon presque imperceptible, la respiration de Mei s'était accélérée et elle coupa cours à l'échange visuel.

Attrapant la main d'Eizo qui était derrière sa nuque, elle lui fit lâcher prise d'un mouvement violent, envoyant son bras sur le côté tandis qu'il pouvait voir qu'elle fronçait les sourcils. Elle se releva alors de tout son séant pour ne plus être légèrement appuyée sur le bureau où était posée ses fesses.

" - Fais le moi vivre ton cauchemar, Eizo. Que je vois quel fauve tu es. Montre moi. Vas y. Je suis toute à toi, je te regarde. Allez! J'attends! Montre moi Eizo! Montre moi à quel point tu n'es que paroles et que je t'ai bel et bien mis cette clochette autour du cou qui fait de toi mon petit chat! Mon animal domestique ! J'ai hâte de voir ta menace à exécution mon cher et tendre chaton! "

Ses menaces, bien qu’il soit lui-même incapable de clairement les identifier, semblaient avoir eu le mérite de faire réagir la Kunoichi la plus puissante du Pays de l’Eau. Mei avaient beau le cacher, elle ne semblait pas insensible à la situation de son second. Alors pourquoi le priver de ce qui était son énergie, ce qui le poussait plus avant encore et qui n’était rien d’autre que son carburant comme sa drogue ? Pourquoi, à défaut de lui offrir ses lèvres, ne lui offrait elle pas le droit de dérouiller ses muscles au combat, de sentir le sang couler sur sa peau, sa peau se zébrer de blessures sous les assauts de ses ennemis à même de lui laisser une indélébile marque rosée …

Puis elle reprit de ce ton qui se faisait aussi douloureux que de la soude grignotant ses chairs alors que ses doigts évoquaient le papier de verre au contact du corps d’un Eizo qui en contracta l’ensemble de ses muscles. Réaction inconsciente à un contact qui le faisait encore trop « souffrir » dans sa chair comme dans son esprit. Sa mâchoire se crispa tout à fait à l’écoute des sombres flots de mots toujours plus humiliants pour un Jinchuuriki qui n’aspirait qu’à briser tout lien affectif avec cette femme. Mais qu’est ce qu’il l’aimait bordel !

Du chat docile il n’eut plus l’apparence. Ses traits passaient sur les sentiments d’arrogance, de colère, et de psychopathie alors que son regard se faisait plus halluciné que jamais. D’aucun aurait bien pu penser voir un mauvais comédien sur jouer l’ensemble de ses réactions. Ce n’était rien d’autre qu’Okamura en proie à un tortueux dilemme … Il ressemble à un malade mental alors que ses attitudes se font plus sauvage et animales qu’elles ne le furent jamais en présence de Mei. En cet instant, il semblait bien être le maillon supérieur de la Chaine Alimentaire !

Faisant les cents pas, marchant et revenant, passant ses bras libres dans ses cheveux comme l’eut fait un dément, grinçant des dents, arborant un sourire carnassier, singeant une attitude de vipère prête à frapper, le Bretteur de la Brume aurait bien pu faire douter n’importe qui de sa santé mentale en cet instant. Et rien ne semblait augurer de bon quand un arc électrique parcourut son large torse. Le regard enflammé, les traits figés dans une expression de pure folie furieuse, Eizo passa ses doigts désormais terminé par de pures allégories de griffes blanches au devant de son regard rubis. Zébrant son arcade d’une plaie, s’écorchant de ses nouveaux ongles démoniaques alors qu’il tournait définitivement le dos à la sublime jeune femme pour poser son regard sur la porte qu’il l’avait vu rentrer. Il est prisonnier de son propre esprit dément. Son ton était méconnaissable quand il prononça avec une infinie lenteur :

« Je viens d’une longue lignée de guerriers. Des gens qui croient au respect et à l’honneur ! »

Eizo ne semblait plus que capable de se parler à lui-même. C’est comme si sa dernière tirade avait pour but de le convaincre lui-même. Ses deux mains se plaquèrent avec une violence inouïe sur son visage alors que ses yeux passaient du rubis à l’or et de l’or au rubis dans un phénomène qui ne semblait rien indiquer de bon. Ses souffles se faisaient de plus en plus puissants et longs alors que son large torse ne se soulevait qu’en de rares occasion pour engloutir l’air irrespirable alentour tant il était empli de la présence oppressante de Mei. Cette femme le rendait fou … Et l’inhumaine voix venue d'outre-tombe qu’il employa alors ne fit qu’accréditer cette thèse :

« Tes parents t’ont déjà dit que les monstres n’existent pas ? »

Un pas plus tard, le Bretteur de la Brume se figea tout à fait dans une posture qui n’était pas sans rappeler l’amorce d’un de ses mouvements favoris. Cet angle de corps qui précédait un pas chassé immédiatement suivi d’un coup de pied chassé sous le menton. La douce symphonie des mâchoires partit donc alors qu’Eizo modulait sa rage dans une phrase tout en gratifiant sa Mizukage bien aimée d’un formidable coup de pied à la mâchoire qui ne manquerait pas de la faire tomber de son bureau.

« Ils ont menti ! ! ! »

Toujours cet morbide voix alors que le second Jinchuuriki de la Brume Sanglante faisait de nouveau face à sa Supérieure Hiérarchique. Il ne savait plus très bien si ce coup porté l’avait été de son plein grès où s’il s’était une nouvelle fois laissé influencé par le dérangeant hôte nichant dans son ventre. Toujours est-il qu’il en assumerait pleinement les conséquences, car il y avait un point qui étreignait son cœur dans l’amertume depuis bien trop longtemps. Deux manques essentiels dans l’existence du jeune homme qui se rejoignaient donc en un unique point ! Un point que manieur de sabres ne tarda pas à aborder en utilisant ce ton qu’il ne pouvait réserver qu’à Mei :

« Plutôt Mourir que de continuer cette Vie avec ton Souvenir ! »

Elle avait la tête tournée sur le côté. Une main posée sur le bureau, ses ongles s'insérait dans le bois avec violence. Son visage inaccessible était caché par ses cheveux qui retombait sur son visage. Elle avait décidé de ne pas esquiver, de prendre de plein fouet le coup qui s'était dirigé vers son menton s'en bronché. Et ce rien que pour voir s'il oserait lever la main sur elle après son ultime provocation. Voilà qui faisait office de test. Le coup qu'il venait de lui porter venait de fissurer son cœur. Et elle cachait la tristesse qui s'était étalée sur son visage si fort d'habitude.

JAMAIS, il ne verrait ce visage déçu d'avoir espérer quoi que ce soit d'autre après sa tirade.

Il avait échoué, lamentablement échoué. Il avait voulu être fier? Qu'il garde donc sa fierté. Elle ne lui enverrait plus aucune preuve de son affection puisqu'il était totalement incapable de la déceler. Il prenait tout de travers, se refusait à comprendre quoi qu'elle fasse alors qu'elle ne pouvait lui montrer ses sentiments que par ses simples actions qu'il aurait du comprendre, qu'il devrait comprendre.
Mei était déçue, blessée d'avoir face à elle un homme qui venait de refuser de lire entre les lignes de ce qu'elle faisait. Finalement elle avait bien fait de lui dire non dès le début, si Eizo était cet homme là, elle n'en voulait pas. Elle avait trop espéré de lui, elle avait laissé un petit bout de son cœur s'ouvrir et voilà qui était largement assez pour la faire souffrir et le voir se fissurer doucement.

La belle n'avait toujours pas relevé le visage vers lui et lorsqu'elle le fit lentement, sa lèvre était mordue et du sang s'en échappait doucement. Son regard avait changé, elle ne semblait pas être en colère ou quoi que ce soit dans le genre. Elle semblait éteinte, blasée par la situation, distante par rapport à l'homme qui avait hanté ses rêves ses derniers et qui à présent allait les quitter aussi vite qu'il s'y était ancré. Cet homme qui lui avoué son amour, cet homme soit disant amoureux qui venait de lui porter un coup au visage. Il n'y avait rien de dramatique physiquement mais le geste était empli d'une symbolique qu'elle ne laisserait pas passer. Son cœur lui serait donc fermer, il venait lui-même de clore les portes de son amour en y donnait un coup de pied. Il ne pouvait plus se plaindre de quoi que ce soit.

" - Et toi. Toi, ici, face à moi. Tu as osé me dire un jour que tu m'aimais... "

Sa main passa sur sa lèvre pour essuyer le sang qui s'en échappait, elle l'observa le vermillon qui couvrait la peau de sa main durant quelques secondes puis reposa sa main sur le bureau. Ses yeux se posant de nouveau sur Eizo avec une expression indescriptible mais que n'importe qu'elle homme aimant n'aurait jamais voulu recevoir de la femme qu'il aimait. Puis, elle commença doucement à sourire avant de rire doucement et de fuir le regard du jeune homme.

" - Tu es aveugle et obsédé par ta petite personne. Si tu avais ne serait-ce qu'un peu analysé ce que j'ai fait, ce que je t'ai dis tu saurais Eizo. Mais non, tu ne vois rien, tu ne comprends rien. Et dire que j'ai failli déroger à une règle fondamental pour toi... Tu es peut-être aveugle mais moi je suis stupide. Mais j'ai compris. Et jamais je ne ferai la même erreur. Merci Eizo. Tu m'ouvres les yeux. Je n'aurais rien du espérer d'autre que ce qui vient d'arriver. Je suis déçue. Mais finalement je m'en fous. Je suis Mizukage. Alors comme tu l'avais dis vous n'êtes que mes pions et je ne ferai plus que simplement jouer avec vous. A quoi bon s'investir quand je vois ce que je récolte de l'homme que j'ai le plus choyé... "

Elle rit alors doucement. Secourant son corps la fissure de son cœur semble devenir plus profonde mais elle ne flanche pas et se dirigeant vers la porte de son bureau, elle tourne la clef et entrouvre la porte pour lui signifier que s'il le désirait, il pouvait prendre congé. Elle n'avait plus à s'expliquer et il aurait accès aux chasses et aux missions qu'il désirait. Elle ne serait plus derrière lui à vérifier que jamais il ne se jette dans la gueule d'un loup plus féroce que lui qui pourrait prendre sa vie.

Il n’en revenait pas … Elle ne faisait donc que … Rire ?! Un rire qui sonnait comme une véritable torture et qui biaisait totalement le jugement du Jinchuuriki face aux paroles pourtant acides de la belle. Elle le démontait littéralement, le laissant seul face à sa douleur et aux conséquences d’un geste qu’il n’appréciait que trop peu. Elle le faisait passer pour un monstre d’égoïsme avide de satisfaire sa personne alors qu’il n’avait jamais autant pensé à une autre durant toute sa vie. Aveugle peut être mais pas égoïste !

Le cœur d’Eizo s’emballa quand ses émotions lui indiquaient dans une colère froide que Mei cherchait habilement à détourner la situation. Elle l’accusait de n’être rien d’autre qu’un monstre d’égoïsme. Lui qui d’eux deux avait fait le premier pas, avait remis en question son éducation martiale, cette vocation de massacre qui le poussait à devenir un prédateur suprême. Lui qui avait transgressé l’ensemble des codes régissant sa vie pour finalement voir son cœur réduit en miette par un refus aussi cinglant qu’il en était désespérant.

Alors oui peut être se murait il dans la violence pour oublier toute celle qu’avait pu exsuder Mei par ses actes qui l’avaient autant humilié qu’ils ne l’avaient blessé. Un coup de pied dans la gueule, qu’est ce que c’est en comparaison du sentiment de vacuité que vous inspire un refus sur la base d’une loi que vous avez-vous-même transgressé pour mettre votre cœur à nu ? Par son refus, la Mizukage avait clairement exposé ses sentiments, en particulier celui de honte que pouvait bien lui inspirer l’idée d’être vue en compagnie d’Eizo. C’est du moins ce que le Jinchuuriki avait compris et ce fut comme un incroyable nombre de lames plantées à même son âme …

Alors il bouillonnait intérieurement, plus férocement que jamais. Serrant ses poings comme ses dents tant il ne pouvait pas supporter l’attitude de cette femme qui le faisait chavirer comme jamais. Ses muscles tendus à l’extrême tressaillirent quand le Bretteur de la Brume vit cette porte lui intimer le départ. Il fit ce qu’il savait le mieux faire, accompagnant le tout d’un regard qui en disait long :

« … »

Alors Eizo lâcha un feulement sourd ponctuant sa froide rage. Il en avait assez de cette situation de cette souffrance qui ne cesserait jamais tant qu’il l’aimerait. Peut être que ce coup avait été la meilleure chose qu’il n’eut jamais faite de sa vie finalement. Serpentin, le manieur de sabre finit donc par se diriger la sortie en ignorant totalement la jeune femme. Mais il ne passa jamais la porte …

A défaut d’une sortie qui aurait pu couper court à l’ensemble des souffrances qui enserraient son cœur dans un étau de douleur, le Bretteur de la Brume déplia son bras puissant pour violement plaquer sa paume sur la porte et refermer cette dernière avec force et fracas. Orientant son musculeux corps racé en direction de Mei, le second Jinchuuriki du Village de la Brume Sanglante entreprit donc d’emplir le bureau de sa présence, dardant la Mizukage d’un regard qui lui évoquerait un souvenir proche, un moment de tendresse qu’ils avaient tous deux partagé dans les Monts Brumeux.

Autant maladroit que malhabile, Okamura avait également le vilain défaut de se laisser griser par ses émotions violentes. Il avait faillit comme il ne pensait jamais pouvoir faillir et sa fierté aurait bien pu lui imposer de revenir en arrière. Mais pour la première fois il mit cette dernière de côté car il ne pouvait imaginer une vie sans Mei. Regrets et tourments seraient peut être le fil conducteur du reste de son existence, mais au moins aurait il, de son vivant, tout tenté pour devenir l’univers de celle qui était depuis longtemps le sien. Et tenter de faire pardonner l’impardonnable …

Il était là, la main posée sur la porte. Il l'avait fermée avec violence, assez pour que Mei se raidisse et se retourne doucement vers lui. Son regard rubis se posa dans ses deux iris et elle sentie que la chair de poule gagnait sa peau de par ce regard profond qui ne semblait plus aussi hostile qu'auparavant. Elle soutint ce regard qui savait faire effet sur elle mais se refusa à s'attendrir devant cette marque d'affection qu'il lui chuchotait par les yeux. Il ne méritait pas qu'elle comprenne ce qu'il entreprenait ainsi. Cependant elle était toujours, bel et bien dos à la porte. Elle n'avait pas tenté de la rouvrir ou de chasser le bras d'Eizo pour s'échapper de la position dans laquelle il la mettait.
Car après tout, elle était bien, si proche de lui sans cette tension douloureuse de ressentiments qui s'échappait habituellement de lui. Ses prunelles observaient et elle ferma les yeux en tournant la tête légère sur le côté pour le fuir. Elle avait envie de lui en vouloir, elle ne voulait pas qu'il voit à quel point il pouvait facilement se faire pardonner de n'importe quel geste qu'ils soient violents ou non. Car Mei était forte et avait l'habitude des coups, mais surtout ce n'était pas si elle ne se battait pas régulièrement avec lui, alors recevoir un coup si faible n'était pas dramatique, c'était juste symbolique et elle voulait donner plus de sens à ce symbole. Oui, elle voulait qu'il regrette et qu'il compense autrement.

Mais Eizo ne savait jamais quoi faire ou dire. C'était un animal sauvage et colérique qui n'obéissait qu'à ses instincts et quelque part c'était ce qui faisait également tout son charme. Toujours sans le regarder, toujours fuyante, elle ouvrit ses lèvres pincées jusqu'à maintenant pour lui demander d'une voix douce dans un chuchotis léger.

" - Pourquoi refermes-tu la porte...? "

Finalement il s'agissait surtout là d'une question rhétorique. Elle releva vivement le visage vers lui, farouche comme une tigresse. Ses yeux froncés se braquant sur lui tandis que le feu de ses yeux laissait deviner l'humidité donc ils pouvaient s'emplir si facilement, car jamais on ne verrait dans les yeux de Mei plus qu'un regard embrumé, les larmes ne couleraient jamais sur ses joues ou tout du moins pas pour si peu. Elle saurait se réfugier dans la colère pour éviter cela.

" - Pourquoi tu fais ça?! Pourquoi est-ce que tu es comme ça?! "

Elle s'était mise sur la pointe des pieds pour se donner plus de poids dans cette position où son visage baissé vers elle le mettait dans une position fort incommodante. Elle pouvait sentir étrangement tout ce qui dégageait de lui avec puissance. Il la faisait respirer plus fort, la rendait nerveuse par sa proximité toujours plus soudaine que la précédente. Elle posa vivement ses mains sur le torse qui lui faisait face et tournant son visage sur le côté, elle le poussa en arrière avec peu de force pour mettre plus de distance entre leur deux corps.
Elle s'appuyait sur la porte et fuyait le regard pétrifiant du bel homme. Ses mains venant se plaquer paume contre la porte, bras tendue vers le sol. L'ultime dilemme menaçait d'arriver, elle n'était prête, son cœur battait trop fort et sa poitrine se soulevait trop violemment ou alors était-ce pour autre chose.

C’est dans cette situation que son sourire prenait une toute autre signification. D’ordinaire, ses lèvres se pinçaient en prenant bien soin d’impliquer une forte de dose de sadisme dans le dévoilement de ses dents blanches. En temps que Jinchuuriki, il se devait d’entretenir cette dérangeante aura qui était la sienne, celle d’un élément alternatif sur lequel il était impossible de se forger un avis arrêté et qui n’attirerait aucune sympathie de la part des autres Ninjas de la Brume. Mais Mei était étrangère à cette comédie malsaine tant elle occupait une place particulière dans le cœur d’Eizo. Elle ne le savait, dorénavant, que trop bien …

Le regard de Mei se faisait hypnotique, à même de définitivement calmer toute la colère qui pouvait bouillir sous les abdominaux sculptés que porteur de Rokubi. L’influence de ce dernier se faisait grandissante dans les réactions du disciple de Shiliew qui se laissait, plus que jamais, griser par ses émotions aussi violentes que soudaines. Preuve évidente qu’il ne maitrisait aucunement son indésirable hôte pour l’Heure. Et ses réactions étaient à même de le placer dans ses situations pour le moins inconfortables. Preuve venait d’en être faites par ce geste impensable qui avait pourtant était commis.

Si le démon limace était à même de modifier ses réactions au point de lui faire lever la main ou le pied sur la femme dont il était éperdument amoureux, alors Eizo devait se résoudre à vite prendre le problème à bras le corps. Et il ne comptait pas se défiler. Comme il ne comptait pas esquiver les reproches comme le regarde émeraude de sa magnifique Kage. Assumant sa folie passagère et plongeant son regard intense plus que jamais dans celui de Mei, Okamura comptait récupérer ce qu’il venait de perdre. Et un fou duel de regard s’engagea donc pour un temps qui sembla au Jinchuuriki être une douce éternité. Et l’éternité, c’est long, surtout vers la fin …

La question de Mei vint mettre un point final à cet échange qu’avait fortement perturbé les attitudes félines de la jeune femme qui ne se laissait pas dompté par cet homme qui semblait l’avoir profondément irrité. Eizo ne savait que faire, il n’avait jamais été doué dans ce domaine et il maudissait plus encore sa bêtise pour semer des embuches supplémentaires là ou son manque de confiance ne l’aidait pas à définitivement conquérir le cœur de la belle.

A sa question, il ne répondit pas. Pas plus qu’il ne répondit aux questions suivantes, laissant le silence être le seul témoin des phrases de la Mizukage. Serpentin personnage à l’attitude aussi peu claire que pouvait être fort l’amour qu’il portait à Mei, Eizo ne réagit donc pas. Il se murait dans un silence qui se faisait l’écho de ses faiblesses sentimentales. Mais il n’en perdait pas pour le moins son regard qui nimbait Mei de sentiments forts, de ceux qui ne se brisent jamais et qui n’aspiraient qu’à réchauffer le cœur de ceux à qui ils sont destinés. Perversion, tristesse, douceur, jeu... Désir. Eizo, comme son histoire, était un homme compliqué qui ne savait que trop peu y faire pour exposer ses sentiments.

Et alors que la plantureuse Terumi cherchait à mettre de la distance entre eux, le Bretteur de la Brume se laissa faire … Avant d’enfin se décider à ne plus être un simple spectateur de sa vie sentimentale. Vif dans son mouvement mais infiniment doux dans son toucher, le porteur de Rokubi déposa tendrement sa main sur celle de Mei, cherchant par ce contact à forcer la belle à le regarder de nouveau pour planter son regard dans le sien. Elle serait à même de lire dans ses yeux. Il ne désirait qu’une chose alors qu’il se rapprochait lentement, au point de mêler son souffle à celui de Mei, la retrouver. C’est donc sur ce ton suave qu’il ne réservait qu’à elle qu’il répondit dans un murmure :

« Parce que tu es mon univers … Mei ! »

Elle laissa sa main contre le torse brûlant du jinchuuriki, son visage se retournant doucement vers lui tandis qu'elle pouvait sentir la main chaude qu'il avait posé avec tendresse sur la sienne. Ses prunelles se fixant d'abord sur la main presque deux fois plus grande que la sienne, qui cachait chacun de ses doigts. Il était bouillant et elle pouvait sentir tout l'agitation qui menait grand combat dans son être, elle sentait son cœur battant, sa respiration puissante, elle fondait devant lui, devant son corps, devant ses paroles, devant ce qu'il était, ce qu'il représentait.
Son visage remontait lentement, ses iris émeraudes sauvages venaient doucement se perdre dans les yeux amarantes que lui offrait Eizo. Le feu de son corps gagnait le sien et son doux fascié n'était plus aussi sévère, elle ne pouvait être sévère lorsqu'il avait son visage aussi près du sien, lorsque son nez frôlait le sien, que sa bouche menaçait la sienne plus par sa proximité que par les paroles qui en coulaient avec plaisir. Elle sentait son souffle doux et fort qui laissait deviner qu'il était bel et bien un animal sauvage qui avait repris calme l'espace de quelques secondes.

Elle était sage. Ses yeux rivés dans les siens, elle ne savait plus quoi dire. Son cœur venait de sursauter une nouvelle fois alors qu'il évoquait ses sentiments pour elle, elle sentait le muscle palpitant dans sa poitrine et le rouge lui serait presque venu aux joues si elle n'était maître d'elle-même comme peu le sont. Elle restait immobile, interdite face à lui, ses lèvres entrouvertes laissant échapper ses expirations avec délice.
Puis elle tenta de reculer, ses lèvres si près des siennes menaçaient la maîtrise qu'elle avait sur elle-même, elle menaçait tout ces codes qu'elle s'interdisait de rompre pour Kiri. Mais après tout... un simple baiser... Il n'y avait rien de mal en cela, non? Sa langue passa sur ses lippes tandis que ses beaux yeux s'étaient fixés sur la bouche d'Eizo qui avait rompu toute mesure de sécurité ou d'espace personnel entre eux. Mais non, elle ne devait pas craquer, elle devait rester sage face à cette provocation à la luxure même minime.

Elle ne put que murmurer un début de phrase qu'elle ne finirait pas. Elle n'avait rien droit de dire, elle ne pouvait pas lui dire ce qu'elle aurait voulu, il devait deviner mais il ne saurait pas le faire. Ils ne feraient jamais que tourner en rond à ce dévorer des yeux sans jamais y mettre les mains.

" - Je... "

Son esprit hurlait tellement de chose qu'elle ne pouvait manifester par sa voix délicieuse, qu'elle mordit sa lèvre en dardant son regard dans le sien, torturée. Prends mes lèvres! Dévore mon corps! Happe mon esprit! Étouffe mes souffles plaisants! Découvre ma chair de ses étoffes! Parcoure ma peau de caresses! Arrache de ma gorge des cris délicieux! Ses ongles s'enfoncèrent dans son torse et elle tourna de nouveau son beau minois sur le côté pour lui épargné le douloureux conflit qui se jouait dans ses yeux. Sa main s'arrachant finalement de son emprise tandis qu'elle la ramenait farouchement contre sa poitrine et que sa chevelure auburn cachait son visage et les émotions qui s'y installaient.
Elle resta quelques instants plaquée contre la porte de bois avant de faire un large pas sur le côté pour s'échapper de la position dans laquelle Eizo l'avait mise. A cet instant rien n'aurait pu faire croire qu'elle était la plus puissante kunoichi de son pays, rien n'aurait pu faire croire qu'Eizo ne fut que son second et non son supérieur vu ses réactions intimidées. Étrangement les rôles étaient inversés l'espace de quelques secondes. Mais encore fallait-il carpe diem.

Le contact de ses doigts sur son corps … Comment avait il pu se passer de cette douce alchimie si longtemps ? La pression qu’exerçait Mei sur son Torse ne faisait que battre plus encore son cœur, indice évident du caractère enflammé des sentiments qu’il pouvait bien porter à la plantureuse jeune femme qui le faisait définitivement chavirer. Les codes, lui, les brisait … Il n’éprouvait aucune peur à affirmer qu’il aimait la belle. Ses réactions il ne cherchait jamais à les dissimuler et à son contact, la Mizukage pourrait ainsi constater que ses pommettes rougissaient, que la température de son corps ne cessait de grimper alors que les battements de son cœur se faisaient plus rapprochés. Il l’aimait … Tout simplement !

Et il espérait que le peu de réaction qu’il pouvait percevoir dans les attitudes formatées de sa Kage renvoyaient un semblant de sentiments identiques. A vrai dire, il n’en savait que trop rien et ne serait pas surpris d’être tombé dans l’hémisphère dédié aux crétins et autres boulets après ce qu’il avait pu dire et faire quelques instants auparavant. Mais il est de nombreuses choses qui peuvent être soignées au cours d’une vie, surtout quand on y adjoint la dose d’amour qui convient. Alors dans le cas du dernier Okamura … Mais il avait toujours plus ou moins considéré ces maximes comme des tas de foutaises. Quel bordel dans sa tête …

Il restait donc ainsi, immobile et enflammé à la fois. Gouttant une émanation du bonheur qu’il s’était un jour promis d’avoir. Le contact de sa Mizukage le rendait si … Bien. Il ne pensait pas, autrefois, pouvoir rencontrer quelqu’un qui le sublimerait ainsi au point d’en faire ce qu’il était en l’instant. Puis Mei est arrivé et à tout changé dans sa façon de voir les choses. Il redécouvrait comme cela réchauffe d’avoir des sentiments et ne pouvait plus imaginer vivre sans dorénavant. Mais il était aussi fier que susceptible et ses sentiments étaient un frein à son bonheur autant que les codes du village bridaient la Kage dans une carapace qu’il était ardu de fendre.

Alors il se contentait de vivre dans l’instant, plongeant son regard sanglant dans le vert synonyme d’espoir que lui laissait entrevoir les Iris de la belle chère à son cœur. Ses attitudes parlaient pour elle, mais le Bretteur de la Brume avait le plus grand mal à déchiffrer ces messages inconscient. On ne devient pas un mentaliste du jour au lendemain. Ce petit bout de chair rosé qui passa sur les lèvres de la belle transit les muscles du combattant de la brume dans un spasme qui en disait long.

Un frisson qui trouva son écho dans la phrase avortée que murmura la plus puissante Kunoichi du Pays de l’Eau. Une douleur pourtant si proche du plaisir vint assaillir les muscles pectoraux du manieur de sabre à la cage thoracique se soulevant de plus en plus violement sous la respiration saccadée que lui imposait cette surnaturelle situation. Ce genre de contact il n’en avait que trop rêvé … Au point de voir une partie de son monde s’écrouler alors que la Mizukage se dégageait. Il se sentait vide désormais … Vide et desséché, frigorifié par cette absence qui nimbait son regard d’une tristesse aussi soudaine que profonde. Que pouvait-il bien espérer sans elle, devant ce nouveau refus qui lui brisait le cœur autant qu’il lui intimait l’ordre de partir. Rien, sinon que de fuir ce bureau silencieusement …

Mais à défaut d’écouter sa raison, Eizo prit le partit de sa folie, celle qui guidait son cœur quand il était trop proche de cette flamme que pouvait être Mei. Il était invariablement attiré par la belle et se souhaitait tout sauf la perdre. Alors qui prit le partit de la laisser faire, cette petit étincelle de courage … Peut être embraserait elle des feux d’espoirs. Vivre avec des remords plutôt qu’avec des regrets, s’était le sens de l’action d’Okamura. De ce geste lent qui le faisait se rapprocher d’elle, de ses doigts tremblants se posant sur la hanche de la plantureuse jeune femme pour y retrouver cette chaleur qui le nimbait tant de bonheur. Une action qui allait dans le sens de ses deux mots prononcés sur ce ton qu’il ne destinait qu’à elle :

« Aucune importance … »

Eizo pencha la tête sur le côté, un air faussement innocent comme inquiet se dessinant sur son visage à la peau pâle. Il ne savait pas vraiment comment pourrait bien réagir la belle devant ses actes, toujours est il qu’il ne souhaitait qu’une chose en cet instant et qu’il allait s’employer pour que cette chose soit dessinée dans cette réalité. Décomposant sa gestuelle à la manière d’un froid serpent, Il lui agrippa le poignet et passa une main sur son visage, cherchant de ses rubis Iris le regard envoutant de la belle pour lui faire comprendre ce qu’il cherchait plus que tout. La serrer dans ses bras, l’auréoler de sa chaleur … L’Aimer surtout !

Son visage se tourna vers Eizo lorsque sa main chaude entoura sa joue avec douceur, elle semblait s'imbiber de cette chaleur qui se dégageait du corps du jeune homme, si bien que ses mains en devenaient légèrement moites. Elle resta immobile un instant, observant ses beaux yeux qui lui chuchotaient tant de douceur. Sa poitrine c'était comme figée et sa respiration imperceptible repris de la puissance lorsqu'il vint se saisir de son poignet. Instinctivement, elle plia le bras pour opposer résistance à ce genre de toucher donc elle n'avait pas habitude. Son corps se colla à celui du bretteur qui pu sentir toute la puissance de ses expirations qui venaient se s'intensifier étrangement à son contact.
Elle était comme un petit animal fuyant, elle aurait mordu sa main si elle n'avait pas été hypnotisé par ses prunelles au couleur de l'amour. Le rouge lui vint aux joues lorsqu'il déposa ses longs doigts et sa main puissante contre son visage délicieux. Il ne pouvait manquer le changement de couleur même léger que venaient de prendre ses joues tout comme elle avait remarqué celle du shinobi à la différence qu'elle donnait comme signification à ses rougeurs le tempéramment enflammé d'Eizo. Il était plus un dragon qu'un pauvre petit lion, prêt à tout dévorer et brûler pour arriver à ces desseins.

Doucement, elle se laissa guidée par l'ambiance de la pièce dans laquelle le beau bretteur l'avait attirée. Sa main libre se souleva doucement jusqu'à son visage. Ses doigts glacés vinrent se posées contre sa joue et légèrement sous sa mâchoire. Son pouce s'autorisant ce qu'elle ne pensait pas pouvoir oser toucher autrement que pour le ramener à la vie. Lentement, délicieusement, il frôla les lèvres du Nibanme dans une tendre caresse, suivant la courbe de la chair humide et dure comme on pouvait s'y attendre d'un ninja d'élite et pourtant, elles étaient si douces...
Habilement, elle continua son chemin sur ce visage qu'elle pensait si bien connaitre mais qu'elle touchait tel un aveugle pour la première fois, elle redécouvrait ce qu'elle voyait depuis des années. Son pouce remontant sur sa joue, s'appuyant sur sa pommette avant de venir se loger sur un sourcil et finir sa course sans les cheveux d'Eizo comme le reste de sa main pour redescendre dans sa nuque avec délice. La saisissant, elle amena le visage du bellâtre vers le sien et colla son front au sien en soupirant de plaisir au contact du jeune homme. Comment pouvait-il être si réconfortant?

" - Tu fais fondre une à une mes barrières. Que suis-je sensée faire alors que je ne rêve que de tes lèvres et de tes caresses ? "

Elle s'était mise sur la pointe des pieds pour parvenir à coller son front à celui du jeune homme, si bien que doucement, elle remit ses talons à plat et vint plaquer son oreille contre le torse d'Eizo. Dans le silence qui les liait, elle pouvait entendre tambouriner le cœur du kendoka avec puissance, emmenant le sien dans la même danse de palpitations puissantes. Sa main était redescendu également pour se plaquer contre son pectoraux, appréciant en silence la musculature qu'il lui offrait.
Elle avait fermé les yeux et se laissait envoûter par le parfum qu'il dégageait. Il n'y avait plus rien à faire, elle était conquise et lui offrait le plaisir de lui faire savoir. Il pouvait sentir sa poitrine plaquée contre lui qui respirait un peu plus lentement, elle s'était calmée et reposait la vague d'émotion qu'elle avait subit mais qu'elle s'apprêtait de nouveau à subir au moindre geste à nouveau empli de sens qu'il pourrait faire à son égard.

La vie n’avait de sens que dans ces moments de pur bonheur ou la réalité rattrape et dépasse même le rêve. Jamais dans son inconscient le jeune homme au corps zébré de cicatrice n’avait imaginé situation plus propice à l’éclosion de son bonheur. Sa peau pâle frémissait pour mieux ressentir le monde alentours, afin de se rassurer que corps et esprits se trouvaient bien dans la même réalité physique, que le Bretteur de la Brume ne rêvait pas éveillé. Et son cerveau malade ne semblait pas lui jouer des tours …

Il était là, irradié par sa lumière et baigné par sa douceur. Son parfum avait une saveur de bonheur comme de liberté capable de lui donner la force de renverser n’importe quel mur, aussi monolithique soit il ! Mei le faisait tant se sentir vivant qu’il n’en redoutait plus la mort … Après avoir vécu cet instant de délice, il aurait bien pu accepter de trépasser dans l’instant … S’il n’avait pas conscience qu’ils pourraient tous deux vivre des instants cent fois plus intense au cours de leurs vies peut être mises en commun.

A son contact rien n’avait jamais changé, pourtant tout était différent. Son regard était à même d’habiller Eizo pour l’éternité, lui faire retrouver cette humanité que beaucoup croyaient oubliée. Lui qui se décrivait comme un squelette décharné, privé de sentiments au profit d’un pouvoir trop grand ne pouvait que se sentir ressuscité à son contact. La douce chaleur de ses doigts passant sur son visage adoucissait les os de son malheur pour les couvrir muscles tout en douceur enrobés d’une peau sucrée appelée bonheur ! Ses paupières mi-closes traduisaient cet état de pur contentement alors que les doigts de sa belle plongeaient dans sa jungle capillaire.

Il se redécouvrait totalement à son contact, chacune des arrêtes brutes de sa musculeuse silhouette prenant une autre ses sous les doigts de la belle. Renaissant sous les doigts de la plantureuse Mizukage, le dernier Okamura prenait peu à peu conscience d’un élément qu’il n’avait que trop mis de côté dans son existence : Mei ! Elle était partout: dans sa vie, dans ses rêves, dans ses pensées. Instigatrice de sa douleur comme de sa joie, il ne s’imaginait plus sa vie sans elle et souhait plus que tout que dure cette si agréable étreinte. Quitte à mourir dans ses bras …

Si c’est vrai que les actes sont la voie de l’émotion, ceux d’Eizo prirent donc la parole pour lui montrer SA direction. Penché sur elle, Eizo embrassa son cou, remontant d'abord vers sa mâchoire, puis, se laissa glisser jusqu'à sa clavicule, jusqu'à sa gorge... Toujours plus brûlant, toujours plus doux. Ses mains glissèrent le long de la taille de la magnifique Terumi, pour se poser sur sa hanche aux courbes si douces tandis que leurs corps se rapprochaient plus que jamais. Répondant ainsi aux invitations murmurées par sa Mizukage, le Jinchuuriki ne pouvait s’empêcher de progressivement perdre pied, pour un simple murmure. Une simple phrase qui la touchait en plein cœur, peu importe qu'elle soit vraie. Il ne vivait que par sa vérité …

« Je ne préfère rien, Mei … »

Il avait pu masquer ce manque de confiance qui le berçait actuellement, naissant autour de son palpitant et se propageant peu à peu à ses muscles qui ne vivaient plus qu’au rythme de Mei. Son cœur grelottait car tout cet amour, toute cette idyllique situation pourrait bien n’être qu’une illusion. Une illusion à même d’exploser et de définitivement strier son cœur de profondes fissures. Encore et encore. Jusqu'à ce qu'il ne reste de lui qu'un amas de pièces broyées. Oui, le Bretteur de la Brume avait peur … Peur de se bercer de mirages et de perdre celle qui semblait bien être tout pour lui.

Alors il ne manqua pas de la serrer plus fort encore dans ses bras, s’accrochant à elle pour s’assurer de sa présence comme pour la nimber de sa protection somme toute futile pour une femme forte comme elle. Mais il voulait la protéger à jamais, de ses bras comme de ses sentiments … Sa respiration se fit haletante alors que son front ne quittait pas celui de la belle Kunoichi. Ses paupières s’ouvrirent pour plonger son regard dans le gemme des magnifiques Iris qu’il souhaitait contempler chaque matin … Les lèvres d’Eizo frôlant celles de la belle, le second Jinchuuriki du Village murmura avec une assurance qui traverserait le temps et les épreuve un fait immuable :

« Je t'aime, c'est tout. »

La chair de poule gagna sa peau claire, elle était attentive à chacun de ses gestes. Si bien que lorsque ses lèvres se déposèrent dans son cou, ses dents mordirent sa lèvre inférieur alors qu'elle avait les mains posées sur son torse et que docile, elle le laissait découvrir la chaleur de son corps et de sa gorge d'où s'échappait avec difficulté les mots qu'elle ne devait pourtant pas dire. Elle aurait flanché dans ses bras si elle ne s'obligeait pas à garder quelque peu ses esprits alors qu'il la touchait si intimement. Ses lèvres chaudes couraient sur sa peau effarouchée par ses baisers et elle n'osait presque plus bougée.
Les paumes qu'il posa sur ses hanches la firent sortirent doucement de sa torpeur tandis qu'elle braquait ses yeux sur ses lèvres qui s'animait pour lui parler et répondre à ses interrogations. Elle était des plus envoûtée par le bretteur, un sourire s'était doucement installé sur sa bouche pulpeuse et humide. Leurs corps proches, elle pouvait sentir son cœur qui battait dans sa poitrine avec puissance, elle n'était donc pas la seule à être envahie de sentiments qui déchainaient les muscles de son corps.

Doucement, elle mit ses mains sur celle du jinchuuriki qui la tenait par la taille. Reculant lentement d'un ou deux pas pour plaquer son dos contre la porte. Elle lâcha une des paumes pour diriger sa main vers le loquet qu'elle referma pour la seconde fois. Voilà qui en disait sur ce qu'elle attendait du bellâtre qui lui faisait face. Elle ne voulait pas que quiconque viennent les déranger. La tempête était passée et il avait quelque chose à se faire pardonner.
Ses doigts vinrent se frayer un passage sur ses muscles, parcourant son corps sans la retenue dont elle avait preuve toutes ses années. Ses prunelles suivaient le mouvement de sa main avec plaisir et on pouvait lire dans la lueur de ses iris tout le désir qui assaillait ses pensées. Finalement ils passèrent dans son cou, remontant vers sa mâchoire et sa joue pour qu'elle lui face encore davantage baisser la tête, pour que leurs lèvres se retrouvent encore presque collées. Mei avait habillement glissé son pouce entre leur bouche. Instaurant un petit espace qui alimentait encore davantage l'envie d'obtenir un baiser de ses lèvres charnues et sucrées. Puis, dans un souffle presque étouffé, observant les lèvres du kendoka, elle se laissa enfin parler.

" - J'ai besoin de temps... pour te le dire. "

Son pouce caressa les lippes du shinobi et ses yeux s'élevèrent pour affronter les deux flammes qu'étaient les iris d'Eizo. Elle aimait ses mains chaudes sur son corps, son souffle si proche de son visage qui l'embaumait agréable, ses yeux envoutant, sa présence protectrice, son corps puissant qui surplombait le sien. Oui, à cet instant le bretteur de la brume n'avait plus rien du gamin auquel elle l'avait si souvent comparé. Il était homme, il avait toute la prestance qu'il fallait pour lui plaire et faire naître dans son ventre les sentiments qui lui plairait. Il était devenu désirable car il avait vraisemblablement muri.
Elle ôta son pouce d'entre leurs lèvres... Il n'y avait plus qu'un pas à faire pour dévorer ses lèvres, mais il était trop tôt pour qu'elle ose ainsi s'en emparer sans se poser de question. Elle s'approcha, Leurs bouches se frôlèrent alors et son cœur s'emballa vivement tandis qu'elle fermait les yeux et que sa main droite se plaçait sous la mâchoire carrée et fière du ninja de Kiri. Il n'avait plus qu'à dérober un baiser qu'il lui tendait sans lui offrir. Qu'il vienne se saisir de ce qu'il désirait s'il la voulait vraiment toute entière. Une femme comme Mei ne s'offrirait jamais, il fallait l'attraper habilement et ne plus la lâcher de crainte de la perdre définitivement. Pas de secondes chances lorsque la première est gâchée.