:: If Everyone Cared & Nobody Cried ::

Un nuage qui se dérobe, la lune qui se fait belle et dore de ses rayons la face mouillée de la pierre. Une lueur astrale qui de son éthérée lumière vint détourer plus en douceur les séculaires pierres composant le siège du pouvoir Shinobi de ce Continent. La Fraicheur soudaine de la nuit portée par une subtile brise vint cueillir le frissonnant bretteur au torse nu zébré de cicatrices qui referme, plus encore, ses mains sur son lourd bokken d’entrainement. Les épaules de musculeuse du Ninja se contractèrent un court instant avant qu’il n’esquisse un nouveau mouvement de frappe, laissant ses talons claquer sur le marbre usé des dalles ouvragées couvrant le toit de la Tour. Mécaniquement, le trentenaire multiplia une nouvelle fois les coups contre le vent frais, sous le complice regard de la lune.

« Devenir plus fort ... Ne plus jamais faillir ! Refuser l'idée même de la défaite, devenir plus fort coûte que coûte ! Je dois y parvenir ! »

Le simple fait de se répéter ces mots, à la manière d'une méthode Coué, aurait pu suffire à faire de leur auteur un authentique martyr. Un de ces kamikazes dont le quotidien ne trouvait de sens qu'à travers l'effort, la solitude, l'abnégation, la force de caractère, l’amour-propre, la fierté exacerbée, le refus de ployer lorsque sa foi et ses convictions sont en jeu, le poids des autres et la rédemption. Autant d'éléments qui correspondent au profil-type des êtres torturés. Il en allait tout autrement, dans l’esprit d’Okamura Eizo. La faiblesse avait été bannie de son vocabulaire depuis sa naissance en temps que Shinobi. Jusqu'ici, il avait toujours anticipé les plus grosses claques. S'il venait à rencontrer un obstacle, il foncerait dedans. Plutôt que de l'éviter ou de rebrousser chemin. Et cela fonctionnait à merveille, passant davantage que ça ne cassait. Un seul être, à dire vrai, s'érigeait en tant qu'obstacle si conséquent que passer par la force ne suffirait pas. Eizo entreprenait donc de l'escalader ... Il s'agissait du Yondaime Mizukage Yagura, l'illustre Jinchuuriki dont la valeur n'était plus à prouver. Cet homme était considéré, à l'unanimité, comme l’un des meilleurs porteur de Démon de ce monde Ninja. Et c'est en cela qu'il constituait une pierre d'achoppement pour notre homme, dont le but était de ravir son trône au balafré.

Pour ce faire, il avançait étape par étape. Sans trop se précipiter, mais sans perdre de temps non plus. Loin d'être fataliste, il acceptait son sort, quel qu'il fût. Vie ou mort, les combats qu'il livrerait en décideraient. Il avait conscience de la difficulté de la tâche et ne se montrait aucunement présomptueux quant à sa réussite à ce niveau. Simplement, avait-il pris l'habitude d'aborder tout ceci avec philosophie. Il restait très secret à son propre sujet, y compris envers ses camarades Shinobis. Mais il ne faisait aucun doute que chacun d'entre ceux qui ne le détestaient pas pour ce qu’il portait en son sein connaissait son raisonnement, ainsi que la force de sa volonté. La résolution d'un homme à accéder au sommet, quitte à perdre la vie en cours de route. Eizo en était tellement empreint qu'on eut cru qu'il avait été élevé dans cette seule optique. Il n'en était rien, bien entendu. C'est lui-même qui s'était forgé ce caractère de battant, de guerrier de l'impossible. Cause autant que conséquence d'une vieille rencontre, celle-là même qui transparaissait à travers le moindre de ses actes, sur cette voie du plus fort.

« Devenir plus fort ... Il n’y a pas de place pour la faiblesse, pas de place pour la douceur ! Seulement pour la force ! Dur & Fort ! Je dois y parvenir ! »

Yagura était le point de chute et le dernier obstacle de son chemin de croix, il n'en demeurait pas moins vrai que d'autres hommes de haut rang attendaient Eizo de pied ferme. Ils n'étaient pas spécialement animés du même désir, voire pas du tout pour la plupart. Aux yeux du bretteur, c'est le destin qui les plaçait et en placerait encore sur son chemin. En résulterait ce qui devrait en résulter : soit il se montrerait assez fort que pour ne pas ployer, vaincrait et continuerait à avancer ... Soit il subirait un cuisant échec, verrait son objectif devenir inaccessible et préférerait la mort au constat de sa déroute. Tout ou rien, vivre ou mourir, vaincre ou disparaître. Si cette façon de voir les choses paraissait aussi carrée que stupide aux yeux de certains, elle n'en était pas moins admirable. Okamura ne le sait que trop bien. Nombreux sont ceux à pouvoir parler, à se prévaloir de telle ou telle chose. A l'opposé, ceux dont les actes suffisent comme signature se comptent sur les doigts de la main …

Il en fait partie !

Concentré sur ses répétitives frappes à l’encontre du vent nocturne, Eizo ne perçut point l’arrivée de Mei. Son épiderme transpirant frémit au contact de la peau douce de la jeune femme qui fit se raidir l’ensemble du corps de l’éphèbe bretteur en un instant. Son fin visage maintenant tourné sur l’enjôleuse silhouette de sa supérieure hiérarchique, Okamura ne put que la regarder de ses pupilles rubis. Habillant la Mizukage d’un regard aussi surpris que méfiant, Eizo ne tarda pas à le rendre plus dur quand il sentit le ton de la menace dans les paroles de la jeune femme.

Toutefois envouté par les mouvements de ce redoutable prédateur féminin, Eizo se fit statue de sel quand elle s’approcha de son corps et ne fit que l’accompagner du regard. Un regard qu’il voulait aussi assuré que déterminé et qu’il tentait de plonger volontairement dans celui de sa Mizukage, comme pour lui montrer que l’intense chaleur qui ravageait les chairs de sa mains n’étaient pas à même de la faire flancher. Laissant finalement retomber les résidus de son instrument d’entrainement à terre, le Vicious accompagna de son piquant regard rubis le déplacement de la jeune femme. Il ne savait que trop bien ce que cela impliquait et accueillit froidement les paroles de la Pin-Up, ne leur offrant que cette réponse :

« ... »

Rompu aux arts de la guerre et connaissant presque par cœur la jeune femme, le bretteur se fit observateur. Ces signes ne laissaient rien présager de bon et le jeune homme entreprit d’y opposer un traitement adéquat. Cependant, les ultimes mots de sa supérieure crispèrent la mâchoire du Jinchuuriki dans une expression rageuse qui s’effaça au contact de du crachat de lave crépitant. Ne rencontrant que de l’air, ce dernier termina sa course à même le toit, ne manquant pas de sillonner les pierres de ce dernier, alors qu’Okamura apparaissait à l’opposée du tir dans un roulement d’échos. Shunshin no Jutsu.

Tunique frappée par le vent frais. Corps sculpté et plus dessiné que jamais. Luisant de sueur. Les yeux à moitiés fermés pour affiner le regard noir qu’il portait à la Mizukage, Eizo refermait ses doigts sur une section métallique quelconque empruntée sur un toit voisin. De toute sa vie, cette barre fer n’aurait jamais à penser faire office de Katana de fortune. Tout pendant qu’elle puisse penser … L’arme de fortune dressée au devant de sa poitrine, Okamura s’autorisa un droit de réponse avant de se lancer dans une succession de joutes dangereuses.

« Vous devriez pourtant le savoir, Mizukage-Sama … Je ne suis pas qu’un simple animal ! »

S’il était toujours autant réticent face au fait de frapper la sublime jeune femme, Eizo laissa parler sa raison lui intimer de passer à l’action sous peine de se voir affublé du désagréable sobriquet de « lopette ». Cet affrontement lui apporterait un nouveau lot de cicatrice, peu importe le degré de prudence qu’il emploierait. Aussi, Eizo prit le pari de foncer tête baissée et de frapper fort d’entrée ! Usant de son Taijutsu comme de son arme principale, le bretteur fondit vers sa cible du soir et plus encore. Une brève course ponctuée d’un bond félin qui se termina en glissade sur ses appuis d’une façon assez spectaculaire pour se retrouver dans une position accroupie face à son adversaire. Dépliant ses bras, Eizo délivra donc une frappe de son sabre de fortune de bas en haut vers le ventre de la Mizukage. Querelleur plus que véritable prédateur, Eizo poursuivit d’un kick vertical bien vite relevé par une frappe de son index et de son majeur tendus à destination d’un Tenketsu du bras droit de la belle.

Son risible sabre uniquement tenu à une main, Eizo s’apprêtait à calquer ses pas comme ses mouvements sur ceux de la magnifique créature qu’il « affrontait » sous le regard de la lune. Un corps à corps avec la Mizukage n’était pas le pire des moyens pour passer la nuit. S’il n’y avait toutefois pas l’éventualité de mourir complètement dissout. Mais quitte à mourir, autant que se soit avec panache !

Un sourire carnassier dévoila les dents blanches du Shinobi lorsque celui-ci se heurta littéralement à un mur. Mei devait pourtant le savoir, que son second était du genre à le briser à coup de tête plutôt qu’à le contourner ! Il en avait toujours été ainsi et n’en serait jamais autrement ! Honorant son statut d’homme fort, le Jinchuuriki passa donc au travers de cette invocation minérale après un court mouvement de sabre, ne trouvant face à lui que le vent … Nymphe aérienne, la Mizukage se dérobait encore une fois face au Bretteur. A croire qu’elle aimait voir le jeune homme lui courir après … Eizo se prit au jeu et initia la poursuite, un air amusé pinçant ses lèvres.

Il reprit toutefois son attitude flegmatique quand sa supérieure fit volte face et s’adressa de nouveau à lui. Gardant une nouvelle fois le silence, Vicious se contenta de resserrer sa garde en posant un regard dur sur la plantureuse jeune femme. Elle se voulait séductrice et mante religieuse à la fois, il se faisait glacial et mordant tel le blizzard ! Sur le domaine du Taijutsu pur, il se savait supérieure à sa Mizukage. Esquivant d’une esthétique vrille le coup d’estoc, Eizo étira son sourire sous l’excitation quand la dirigeante du Village se fit provocante dans ses paroles comme dans ses actes ! L’explosion de l’arme fut soudaine et obligea le jeune homme à placer ses bras en croix au devant de son visage. Oh il aurait très bien pu tourner le dos et fuir ce coup, mais l’âme du Jinchuuriki lui intimait qu’une telle retraite aurait été le comble du déshonneur.

Alors certes, il gratifiait à nouveau son épiderme d’inédits zébras de cicatrices, mais son honneur était à se prix. S’ébrouant tel un animal sortant de l’eau, Okamura ôtait de sa peau les brûlants agglomérats rougeoyants. La douleur n’était rien d’autre qu’une étape sur la route de la victoire. Faire durer ce combat ? Il n’espérait que ça ! Passer ses nuits aux côtés de cette femme, dans quelque situation que ce soit, était déjà une victoire pour le porteur de Rokubi. Si en plus il y mêlait son plaisir de combattre … Ce genre de douleur pouvait être très proche du plaisir !

Peur ? Quelle humiliation … ! Il n’avait pas passé toutes ces années à s’entrainer pour en arriver là … Elle devait pourtant le savoir, que ce jeune éphèbe au regard de braise ne se défilerait pas … Qu’il ne reculerait pas, ne serais ce que d’un pas car se serait comme faire s’effondrer toutes les promesses qu’il s’était fait, en un seul coup. Et que, surtout, il lui serait ensuite impossible de rattraper ce coup ! Un homme fier, un homme fort. Il ne se rend pas, il ne recule pas. Il préfère la mort à la défaite. Il ne fait que porter un regard froid sur ces murs épais l’enfermant dans la pénombre en compagnie de cette surnaturelle créature qui lui arrache un énigmatique sourire.

« Personne n’est censé être en prison. Vous me faites une fleur, Mizukage-Sama. En nous cachant aux yeux du monde, vous m’autorisez à me révéler tel que je suis vraiment … Aimerez vous ce que vous trouverez ? »

Passant son « sabre » de fortune à sa ceinture, Eizo semble se détacher de l’affrontement en posant un genou à terre. Ses doigts puissants passent sur son pantalon brûlé par endroit avant d’arracher les jambes au niveau des genoux. Enroulant ses bandes d’étoffe autour de ses poings, le Ninja de Kiri délaisse également ses sandales pour le plus porter qu’une simagrée de short en lambeau. Il renvoyait plus l’image d’un Bad Ass adepte du Combat libre que de l’honorable bretteur en cet instant … Corps vouté, sabre de fortune tenu aux côtés de sa tête, Eizo entendait ne rien parer du tout pour mieux frapper !

Une fraction de seconde plus tard, Eizo se trouve nez à nez avec le Mizukage. Visage de Marbre, regard vide, leurs visages se frôlent, les lèvres d’Okamura se pincent. Il rive ses pupilles rubis face aux émeraudes Iris de la dame de fer du Pays de l’Eau. Le coup du bretteur part à une vitesse folle, à peine freiné par les poussières soulevées à l’apparition du Porteur de Rokubi. Un souffle chaud exsudé sur la gorge de la séduisante jeune femme plus tard, Vicious porte un coup violent aux obliques de Mei en soufflant d’un ton monocorde deux syllabes simples :

« Kamen ! »

Technique d'Ai Uchi, l'art de dégainer, elle prouve à elle seule que le bretteur de Kiri est en évolution constante. Aux dernières nouvelles, il n’était pas en mesure d’utiliser ce genre de mouvements. Un Ninja ne montre pas ses meilleures armes en public avait pour coutume de lui rabâcher Yagura : ce dôme et la confiance qu’il porte en Mei vont lui permettre de se déchainer ! En cette nuit, il souhaitait montrer à sa Mizukage qu’il n’était pas quantité négligeable au combat. Enchainant immédiatement par la saisie de base du Taekwondo, Eizo « escalade » sa sexy adversaire pour lui placer un coup de pied derrière la tête !

Vrillant au dessus de Mei tel un Singe Bondissant, Okamura ramène à lui son « sabre » en touchant le sol, armant immédiatement un nouveau coup de pied vers l’arrière. L'Uchiro Geri ! Rapide bien que peu puissant, Eizo pose son regard sur le dos de sa Mizukage pour frapper à l’endroit idéal. C’est l’inopportun moment qu’il choisi pour river ses yeux sur l’admirable fessier de la belle. Son visage arbore un masque de trouble alors qu’il se teinte progressivement de pourpre. Son mouvement n’a plus rien de fluide quand il frappe entre les omoplates de la séduisante nymphe. Okamura se veut de nouveau stoïque en adoptant sa sempiternelle garde bretteur, il n’en reste pas moins … Emoustillé pour un court instant !

Eizo sentit sa gorge se nouer à l’instant où la Mizukage entreprit de « raccourcir » sa tenue pour faciliter ses mouvements durant le combat. Les pommettes légèrement rougies, Eizo amorça un léger mouvement de recul face à tant de Sex Apeal avant d’agiter frénétiquement sa tête pour retrouver sa concentration. Ce n’était vraiment pas le moment de penser à ça ! Ecarquillant les yeux face au jet d’étoffe lui bloquant la vue, Okamura réagit d’un amble mouvement de « sabre » pour repousser cet indésirable vêtement au loin. Quelle ne fut pas sa surprise quand il fut cueillit d’une claque sur les fesses qui lui arracha un rictus de fureur. Elle voulait le dévorer, hein ? Pas de la façon qui plaisait au Bretteur semble t’il !

Faisant volte face en un souffle, le Jinchuuriki arborait une moue mêlant la colère à la gène. La jeune femme lui faisait complètement tourner la tête et il perdait peu à peu sa concentration. Se battre contre Mei en cet instant, s’était comme donner des coups d’épée dans l’eau ! Finalement, le porteur de Rokubi s’immobilisa dans une garde de Kendo, fermant lentement les yeux. Il cherchait à se couper totalement de l’image séduisante de la jeune femme, ne faisant confiance qu’à son ouïe pour anticiper le prochain. Seul problème, c’est que la théorie est belle mais la pratique beaucoup plus ardue ! Le Jinchuuriki fut bien vite tiré dans le sol, ne laissant que sa tête apparente et perdant son arme de fortune par la même occasion.

Eizo s’agitait, battant des jambes dans le vide de l’étage en dessous alors que Mei réapparaissait devant lui. Le sourire de cette dernière aurait bien pu le faire fondre s’il ne se sentait pas humilié par la situation et blessé dans son orgueil ! Pantin entre les mains de la jeune femme, Okamura en occultait même l’incroyable pouvoir de séduction que la Mizukage exsudait dans ses poses et ses attitudes pour littéralement bouillir de l’intérieur. Les ultimes provocations de Mei mirent le feu aux poudres et malgré tout le « respect » qu’il avait pour elle, il se devait de montrer qu’il n’occupait pas son poste par hasard et qu’il était assez puissant pour se tenir à ses côtés !

Un simple clignement de paupières. Un changement brutal. Du rubis à l’or ! Les Iris du Bretteurs n’étaient plus siens, signe évident d’une providentielle intervention intérieure. Serrant les dents, laissant ses canines lentement s’hypertrophier, Eizo contractait l’ensemble des muscles de son corps, les laissant prendre en volume et lézarder progressivement le sol entourant son corps. Des bulles d’un Chakra blanc glissèrent sur la peau du Ninja de Kiri alors qu’il éventrait le sol en dégageant son bras droit, refermant sur le sol une main dorénavant pourvue de griffes plus que d’ongles. Le fracas fut total quant Okamura s’extirpa du sol en creusant un cratère autour de lui d’un simple mouvement d’épaule. Prenant pied sur le sol de l’étage inférieur, Eizo laissait une unique queue de Chakra battre l’air dans son dos alors que son corps auréolé d’un Manteau démoniaque irradiait une lumière électrique !

« Pas question de baisser la tête !! »

Le jeune homme n’avait pas encore finit sa phrase que déjà il bondissait en direction de Mei. Auréolé de son Démoniaque Manteau, il emporta une partie du toit avec lui et se retrouva au devant du sublime corps de la jeune femme en une fraction de seconde. Délaissant toute notion d’esquive au profit de l’offensive pure, Eizo frappa Mei en un point précis du corps. Son poing épousant le nombril de la jeune femme, il enchainait déjà une nouvelle frappe, initiait un coup de pied chassé censé cueillir la jeune femme au menton, mais ce dernier ne vint jamais …

De son démoniaque manteau jaillit un bras de chakra pur aux mains terminées par des doigts griffus, émanation de la volonté d’un Rokubi trop longtemps contenu et désireux de faire couleur le sang de son propre chef. Toutefois, avant que le dangereux membre n’ai frappé la Mizukage, le Bretteur s’était figé et opérait un intense processus de concentration pour contenir le démon en lui. Se mordant la lèvre au sang, il figea tout à fait le Chakra l’enveloppant et ce dernier glissa à une allure folle vers les deux symboles « 柔術 » formant le sceau contenant Rokubi. Haletant, trois quart de profil face à Mei, Eizo venait de retrouver son ardent regard rubis et commenta à sa manière cette surprenante intervention :

« … »

Transpirant et couvert de poussière, le jeune homme laissait ses muscles pectoraux se soulever à mesure qu’il reprenait sa respiration. Contenir un Bijuu n’était pas chose aisée, mais il y arrivait de mieux en mieux avec le temps. Toutefois, il n’était toujours pas satisfait de ses actes du soir. Aussi se tourna t’il vers la Mizukage, mine sombre et visage renfrogné. Sans sabre, il savait ses chances inexistantes, mais ce n’était pas le genre de chose à arrêter Okamura. Levant un bras vers la nymphe responsable de son tourment, il serra et desserra deux fois le poing, l’invitant à revenir « danser » avec lui. Le tout avant de placer ses bras au devant de son corps dans une garde efficace …

La douleur qui assaillit la joue du Jinchuuriki n’était presque rien en comparaison avec celle qui tiraillait le cou tant ce dernier avait tourné sous la phénoménale force du coup porté par la Mizukage. Totalement interdit, Eizo ne se sentait pas autrement que comme un idiot finit en cet instant. Son visage n’exprimait qu’un sentiment de honte qui lui intimait de s’enterrer en cet instant. Plus que la surface de sa peau, la Mizukage venait de marquer à vie l’orgueil de son second qui ne fut que plus attentif à la suite des événements, ouvert à une autre réalité, ayant un sens plus aigu des choses …

Il s’attendait à passer un sale quart d’heure, à voir son corps recevoir une foule de coups et des réprimandes sonores incroyables pour avoir osé lever si haut la main sur cette femme d’exception. Quelle ne fut pas sa surprise quand sa Mizukage l’étreignit avec douceur. S’il avait eu la chance d’avoir une enfance normale, Eizo y aurait presque reconnu la tendresse et la chaleur d’une mère. Que s’était étonnant, d’être réconforté par la femme que l’on a… Une situation saugrenue qui arracha un pauvre sourire aux lèvres du Porteur de Rokubi.

Tout ce qui suivit, toutes les vérités qu’énonça calmement Mei, Okamura les encaissa sans broncher, sans faire preuve d’une quelconque manifestation émotive. Il les reçut impassible, en Shinobi. Tout en sachant qu’elles étaient parfaitement fondées … Il n’était encore qu’un sale gosse. Elevé dans une cache pour devenir une arme et accueillant en son sein une créature qui n’aspirait qu’à le dévorer intérieurement, il pouvait être plus dangereux pour ses proches que pour ses propres adversaires. Mei avait entièrement Raison. Eizo n’était pas encore un homme maitre de ses émotions …

« Je ne t’en voudrai pas de ne pas excuser cette faiblesse … »

C’était la première fois de la soirée que le jeune homme s’autorisait à tutoyer sa supérieure hiérarchique. S’il occupait son poste de bras droit, c’est aussi parce qu’il partageait une certaine histoire avec Mei et bien qu’il s’impose en permanence une certaine distance envers elle, il était parfois nécessaire de faire fi des convenances pour parler plus profondément des choses, avec son cœur. Mains dans ce qui restait de ses poches, Eizo tourna le dos à la plantureuse jeune femme pour faire face à la lune.

Il avait apprit énormément en cette nuit. Et celle-ci s’inscrirait probablement comme fondatrice d’un changement important chez le Jinchuuriki. Ses yeux rubis rivés sur la Lune, Vicious passa lentement ses doigts joint sur les deux symboles qui formaient le sceau enfermant Rokubi au creux de son corps. « 柔術 ». Deux simples caractères à même de dévoiler deux facettes du personnage également. Personnage Rude & Accommodant. Peut être était il temps de ne pas laisser le côté rude s’exprimer qu’en combat … Tournant la tête suite aux ultimes paroles de sa Mizukage, Eizo ne put s’empêcher de tenter de remporter la joute verbale à défaut du combat physique :

« J’imagine que vous n’entendez pas par là que nous allions nous coucher … Ensemble ? Dans ce cas, alors … Allons nous coucher … »

Nouvelle distance, mais sourire enjôleur. Ce n’était pas la première fois que le Ninja de la Brume mentait ouvertement à la nymphe hantant ses yeux. Dormir n’était rien d’autre qu’un luxe qu’il n’avait pas le droit de s’offrir. Eizo comptait bien retourner s’entrainer aussi vite que possible pour tenter de combler le fossé qui le séparait des élites de ce monde. Tant de progrès à faire en si peu de temps … Alors pourquoi en perdre encore en s’avançant lentement vers cette jeune femme dont il ne pouvait détacher son regard grenat ?