[Mission Rang C] Monter la garde [Pv. Fusaki]

Monter la Garde
Passez votre nuit sur les murs d'enceinte de Kumogakure. Rien de grandiose, mais une attention optimale sera nécessaire. Une activité longue, qui nécessite un professionnalisme sans bornes. Spécial : JOB

~ Quand le destin s’acharne sur un démon ~
Gardienne des portes

Un silence de plomb règne dans la petite habitation. La pénombre est étouffante, de même que l’humidité. Le seul bruit brisant cette noirceur presque irréelle, c’est la respiration lente et sereine de Sachiko. Elle dort depuis un moment, contrairement à la plupart des personnes qui viennent tout juste de retrouver leur lit douillet. Car cette nuit, elle a une mission importante, sa première mission de rang C sans son équipe : elle doit garder les portes. Mission à la vue importante, mais pourtant bien banale lorsque l’on sait que peu de gens connaissent l’emplacement du village caché des Nuages. Néanmoins, ça ne voulait pas dire de sommeiller sur le boulot, il fallait tout de même être vigilant, au cas où. C’est pourquoi elle avait passé tout l’après midi au lit, sans vouloir en sortir. Mais elle grogna tout de même lorsque le son désagréable du réveil se fit entendre.

L’adolescente appuya machinalement sur le bouton, les yeux alourdis par les brumes du sommeil. Elle regarda l’heure affichée par le réveil. Dix-neuf heures trente. Alors pourquoi diable faisait-il aussi noir ? Ah oui, c’est vrai. Le soleil de l’après-midi tapait si fort qu’elle avait du mettre des couvertures sur les murs pour empêcher le soleil d’entrer. Mais elle n’avait pas envie de les enlever, pas maintenant. De toute façon, si elle ne se dépêchait pas, elle allait être en retard. Après tout, elle avait beau être toute habillée, il fallait tout de même qu’elle se coiffe un peu, et elle devait être aux portes à vingt heures. Elle sa hâta donc d’enlever les nœuds qui s’étaient formés dans sa coiffure, avant de prendre de quoi manger dans le frigo. Puis, elle sortit, se préparant mentalement à sa première nuit blanche. Pas que ça lui faisait peur, mais il ne fallait pas qu’elle s’endorme.

Comme à son habitude, la jeune fille arriva légèrement en avance. Aucun mot ne s’échangea alors qu’elle prenait la place des gardiens de jours. Elle remarqua immédiatement que le siège face à elle était supposé accueillir quelqu’un. Visiblement, cette mission, elle ne l’exécuterait pas seule. Youpi. En plus de devoir passer une nuit blanche à surveiller un danger qui ne viendrait probablement jamais, elle devait en plus endurer la probable froideur d’un collègue. Elle poussa un soupir.
N’arrivant tout bonnement pas à rester assise, dans un endroit où la seule chose qu’elle pouvait voir était les grandes portes, elle sortit de l’abri pour s’appuyer contre l’objet de sa mission. Les portes étaient grandes et massives, mais ce n’était pas ce qu’elle voulait observer. Non. Elle se mit plutôt à regarder pensivement les étoiles, visibles pour une fois. La lune éclairait ses yeux de braise alors que le vent faisait virevolter ses cheveux lilas. La douce fraîcheur du printemps était agréable, ni trop froide, ni trop chaude. Elle resta un moment comme ça, savourant les sensations que pouvait lui offrir cette nuit douce et agréable. La nuit pouvait être bien effrayante pour certain, mais pour elle, c’était une source d’apaisement. C’est un facteur qui avait bien influencé dans le fait qu’elle avait accepté cette mission.

Devant le calme régnant dans les alentours, elle se perdit dans ses pensées. Elle repensa surtout à sa nouvelle équipe. Denko, elle commençait à le connaître. C’était son ami, un garçon gentil et agréable, mais puissant au combat. Il pouvait bien se défendre et elle était là en cas de besoin pour le guérir. Il y avait aussi Hoshikuma, ce jeune garçon mystérieux. Bien sûr, tout le monde pouvait dire qu’il était turbulent, agaçant, provocateur et tout ce qu’ils voulaient, mais elle, elle le trouvait juste mystérieux. Parce qu’elle avait lu dans ses yeux. Elle avait lu qu’il n’était pas celui qu’il laissait paraître, et c’était ce Hoshikuma là qu’elle voulait connaitre. Mais il y avait surtout ce Fusaki, cet homme qui leur servait de Senseï. Selon elle, un détraqué mental, un fou. Il était violent et n’éprouvait visiblement aucun sentiment s’apparentant à la compassion, à l’amitié ou à l’amour. Son regard était aussi sombre que la nuit et son cœur semblait fait en pierre. Jamais de sa vie la Genin n’avait vu quelqu’un d’aussi sombre et cruel. Néanmoins, il ne lui faisait pas peur. Elle ne l’aimait pas, tout simplement. Et elle sera prête à lui tenir tête s’il tentait de la rabaisser, elle ou n’importe qui d’autre. Jamais elle ne laisserait croire à ce dégénéré qu’il était supérieur à eux, seulement parce qu’il était plus fort en combat. C’était bien le seul humain sur Terre qui n’éprouverait pas le plaisir malsain de lui piler sur les pieds, la rabaisser encore plus bas qu’elle ne l’était déjà.

Sachiko dût bientôt remettre les pieds sur Terre. Son coéquipier venait tout juste d’arriver. Elle se retourna lentement, histoire de faire face au nouveau venu et peut-être bien l’identifier. Qui sait, peut-être était-ce quelqu’un qu’elle connaissait ?

~ Lorsque le destin s’acharne sur une démone… ~
Et mince… Pas lui !

Sachiko fronça les sourcils en reconnaissant la personne face à elle. Fusaki, son Senseï. Mais quelle poisse ! Pas lui, quand même ! Pourquoi le destin semblait-il s’acharner sur elle hein, pourquoi ? Elle se retint à grande peine de dire « Ah non, pas vous ! ». Le connaissant tout de même un minimum, elle savait qu’il ne le prendrait pas très bien. Et bon, elle tenait tout de même à garder ses deux jambes, quoi. Ça pouvait toujours être pratique, des jambes. Comme pour s’enfuir lorsqu’un fou comme celui devant elle était en colère. Qui savait ce qui pouvait bien se passer dans la tête de ce dégénéré ? Pas elle, en tout cas.

Néanmoins, malgré tout le dégoût que pouvait lui inspiré cet homme, elle ne put réprimer un demi sourire devant les paroles de son professeur. Ils étaient au moins d’accord là-dessus : cette nuit allait probablement être longue, très longue. Même si l’éclair malicieux qui avait passé dans le regard sombre de l’homme l’inquiétait, elle parla tout de même, histoire de rester polie.

- Nous sommes au moins d’accord là-dessus, Senseï.

Senseï. Ce mot lui brûlait la langue tant il lui semblait si peu approprié pour un homme à l’âme si noire que lui. Sérieusement, comment avait-il fait pour se mériter un travail pareil ? Ne fallait-il pas être patient pour devenir Senseï, histoire de ne pas démolir ses élèves à la moindre occasion ? Bah, peut-être était-elle un peu sévère. Ce n’était pas tous les Senseï qui étaient patients et compréhensifs. Au moins, lui avait daigné retenir son véritable prénom, ce qui lui fit tout de même un peu plaisir, bien que ça vienne d’un malade. Après tout, c’était bien l’un des seuls à l’avoir appelé Sachiko. Il y avait bien sûr sa mère et Denko, mais c’est tout. Elle ne pouvait se faire une idée d’Hoshikuma, celui-ci ne l’ayant tout simplement jamais appelé.
Se rendant soudainement compte qu’ils étaient toujours à la belle étoile, l’adolescente se dirigea vers le post de garde, qui avait tout de même le bon côté de les protéger du vent. Et puis, de toute façon, si elle ne faisait rien, elle allait virer complètement cinglée. L’aura que son Senseï dégageait semblait encore plus oppressante dans l’obscurité, comme si c’était vraiment une créature de la nuit. Elle n’était pas du genre à avoir des préjugés sur les autres, étant très bien placée pour savoir que ça pouvait faire bien mal, mais elle l’avait vu à l’œuvre. Elle avait lu dans son regard lors du test et ce qu’elle avait vu l’avait tout bonnement tétanisée. C’est d’ailleurs pour ça qu’elle n’avait jamais recommencé, depuis. Chaque fois qu’elle le regardait, elle se demandait comment on pouvait avoir une âme aussi noire. Selon elle, c’était tout bonnement impossible. Même les criminels de rang S devaient avoir un brin de lumière dans leurs yeux. Pas lui.

Elle l’observa un peu à la dérobée. Comme ça, à la noirceur, seul le reflet de ses yeux était visible. Vu la manière dont-il était enveloppé dans du tissu noir, il se fondait parfaitement au paysage. Dans une mission d’espionnage, seuls ses yeux auraient pu le trahir, et encore. Ils étaient si sombres… Honnêtement, on aurait dit que tout de ce personnage était sombre, autant l’âme que l’apparence. Mais… Qu’en était-il de son passé ? Était-il aussi sombre que tout le reste ? Était-il tâché de sang comme elle le présumait ? Dissimulait-il une souffrance à peine endurable ? Ou bien avait-il eut un passé tout à fait banal et il avait choisit de vivre comme ça par choix ? Elle n’en savait rien, mais elle n’était certainement pas assez folle pour lui demander.

Devant le silence qui s’installa, elle demeura silencieuse. Le silence, c’était devenu un ami aussi proche que la solitude. Elle s’y était faite et elle avait même appris à l’apprécier. Il lui permettait de réfléchir plus aisément, bien qu’il pouvait parfois être bien pénible à supporter. Cependant, dans ce cas précis, elle ne voulait pas du silence. Tout bonnement parce que cette nuit, elle voulait tenter de mieux cerner son mentor. Tant qu’à devoir endurer un fou, autant mieux tenter de rendre ça utile ? Mais il restait à trouver quoi dire. Et c’était bien difficile, vu le caractère du Chuunin. Le moindre mot de travers pouvait se retourner contre elle. Finalement, au bout de quelques instants, elle décida de poser la question qui lui trottait le plus dans la tête. Choisissant avec soin ses mots, elle se lança :

- Dites, Senseï. Êtes-vous devenu notre mentor par choix ?

Sachiko se demandait si Fusaki allait prendre la question au sérieux. Après tout, les réactions de cet homme étaient si imprévisibles… Et parfois même dangereuses. Comme elle avait appris à le faire face à ce détraqué, elle resta sur ses gardes, prêtes à se défendre en cas de besoin. Autant en parole qu’en geste.

~ Quand le destin s’acharne sur une démone… ~
Une vieille dame étrange…

Sachiko frissona devant le regard avertisseur de Fusaki. Il était si sombre, encore plus noir que la nuit. Elle était sûre que rien n’aurait pu être plus terrifiant que le regard qu’elle avait vu lors de l’entraînement. Visiblement, elle s’était trompée. Le regard qu’il lui avait lancé, elle l’avait reçu aussi violemment qu’un coup de poignard. C’était un fou, un meurtrier, elle en était persuadée, même si elle savait que ça pouvait faire bien mal de se faire traîter de démon alors qu’on ne l’était pas était bien douloureux. Parce qu’après tout, il lui avait prouvé à plusieurs reprises… Et puis, même le regard du pire meurtrier ne pouvait pas être plus sombre que celui du Senseï. Impossible.

Malgré tout, elle posa sa question, qui fut accueillit par un « non » bien catégorique. La réponse ne l’étonnait pas, bien qu’elle aurait voulut plus de détails. Après tout, en connaître plus sur son ennemi, ou du moins un danger potentiel, pouvait s’avérer bien utile… D’un autre côté, s’ils restaient tout deux silencieux, elle serait bien heureuse, n’ayant pas à subir une quelconque attaque, subtile, par la parole de cette langue de vipère. Et puis, le silence, elle l’aimait bien, tout de même. N’était-ce pas son meilleur ami ? Le silence, il avait recueillit toutes ses joies et toutes ses peines… Mais pour l’instant, l’adolescente ne parvenait pas à se relaxer, oppressée par la lourdeur de l’air et la boule dans sa gorge.

Elle fut bientôt tirée de ses pensées par la voix du dégénéré qui lui servait de mentor. Il avait soit disant des petites choses à faire. En pleine mission. Ouais, il voulait surtout faire autre chose que s’ennuyer toute une nuit assis sur une chaise, quoi. Bien sûr qu’elle ne l’attendrait pas, il ne reviendrait pas de toute façon, elle en était certaine. Et elle ne pouvait pas lui en vouloir : c’était de loin la mission la plus barbante de tous les temps. La jeune fille acquiesça donc, même si ce fou était déjà partit. Bah, elle ne pouvait pas y faire grands choses de toute façon, alors à quoi bon tenter ? Elle poussa un petit soupir de découragement. Au moins, la tension dans l’air était disparue, probablement parce que le Chuunin était déjà loin. Dommage qu’elle ne puisse en profiter.

Elle fut bientôt forcée de constater la raison du départ de son mentor : une dame, d’un âge assez avancé, passa devant elle sans s’arrêter. Il s’était enfui pour ne pas avoir à faire son job ? C’était une blague ? ! La Genin grogna, forcée de voir que cet imbécile l’avait piégée. Où alors était-ce lui, la vieille dame ? Elle n’avait pas vraiment le temps de se questionner. La vieille avançait toujours en direction du village et, même si elle n’avançait guère rapidement, Sachiko devait agir le plus rapidement possible. Sa mission était de faire la garde et elle devait accomplir cette mission, même si son « collègue » n’était pas présent. Où alors il l’était, dans le rôle de l’ « envahisseur ».

Elle soupira avant d’appeler la dame.

- Madame ! Madame, vous devez passer par ici pour inscrire votre nom ! Madame !

Comme l’aînée semblait faire la sourde oreille, l’adolescente se dirigea en courant vers elle. Au bout d’à peine quelques fractions de secondes, elle était devant la vieille femme, lui bloquant le passage. Les sourcils légèrements froncés et la voix douce mais ferme, elle dit :

- Madame, je ne peux pas vous laisser passer si vous ne vous enregistrez pas à l’accueil.

Même s’il s’agissait d’une personne âgée, la jeune fille était déterminée à ne pas la laisser passer. Après tout, elle avait depuis longtemps cessé de juger les personnes par leur âge. La seule différence était qu’elle vouvoyait les adultes et qu’elle était plus douce avec les jeunes enfants, sans pour autant être souriante. Les personnes âgés, c’était des adultes tout à fait banals qui la traîtaient de démon comme tous les autres. Alors elle ne laisserait pas passer cette femme sous prétexte qu’elle était âgée, oh que non. Elle devra se plier aux règles, comme tout le monde.

Décidément, elle n’avait pas perdu de temps et après mon départ précipité, la jeune genin s’était jetée littéralement au-devant de la vieille dame, afin de lui faire signer ce satané morceau de papier qui allait lui donner les clefs de sa liberté dans ce village. Voyant sa route maintenant bloquée par la jeune fille, la vieille dame s’arrêta complètement et laissant ses pieds s’ancrer au sol pendant plusieurs minutes, la personne âgée garda le silence. Aucun son n’était sorti de sa bouche et comme si elle n’avait jamais appris à parler, elle s’était tue à jamais, laissant le doute envahir l’esprit de la seule garde présente à son poste, à une heure aussi tardive de la nuit. Après de longues et interminables minutes, la personne d’un certain âge se décida enfin à se bouger le cul et se penchant en direction de Sachiko, elle empoigna les deux petites joues de la jeune fille pour ensuite les étirer, l’une après l’autre. Désirant certainement tester la résistance d’une peau aussi jeune, elle poursuivit son petit manège pendant un bref instant avant de redonner à Sachiko ce qui lui appartenait de droit. Se relevant complètement avec l’aide de sa canne, un petit rire s’exprima de par ses lèvres crevassées et d’une voix rauque et étouffée par l’âge, elle répondit :

-Tu n'as pas changé ma petite Emi.

Se l’appropriant en quelque sorte, par un nom qui n'était pas le sien, comme le faisaient toutes les grands-mères lorsqu’elles rencontraient une enfant qui leur semblait familière, elle venait d’ouvrir un semblant de conversation, mais au final, ce n’était pas réellement la réponse à laquelle Sachiko s’était préparé. De par sa question, elle s’était attendue à ce que la vieille femme s’excuse pour cet oubli mineur et retourne sur ses pas pour signer le document, mais tout ne s’était pas passé comme elle l’avait supposé et maintenant, pour la femme inconnue, Sachiko était devenue une de ses petites filles.

Persuadé que cette jeune genin était la personne qu’elle croyait être, elle se rapprochait, une seconde fois, de la fausse Emi et sans figer dans le temps comme elle l’avait fait plus tôt, elle empoigna solidement sa petite fille pour ensuite la prendre dans ses bras, comme si elle ne l’avait pas revue depuis des siècles. Se croyant véritablement au beau milieu d’une rencontre de famille, la grand-mère souleva de terre la jeune Sachiko et la balançant d’un bord à l’autre, elle passa tout près d’échapper la jeune kunochi. La rattrapant au dernier moment, elle poursuivit ses câlins et ses baisés secs et une fois le tout terminé, elle déposait la petite au sol, avant de continuer sa route, comme si rien ne s’était passé. Inévitablement, quelque chose n’allait pas chez elle et même si elle avait appris la sagesse à travers les âges, il y avait quand même une coupe de fiouses qui lui manquaient dans sa tête. Son âge avancé avait fait des ravages chez elle et maintenant elle errait sans but dans les rues du village caché de Kumo. Sachiko allait devoir réagir rapidement devant un cas comme celui-ci, car si elle la laissait faire, elle allait très probablement être réprimandée par son supérieur qui venait à peine de quitter les lieux et qui était du même fait l’homme à la tête de son équipe.

Elle le connaissait assez bien pour savoir qu’un tel manque de discernement n’allait pas être accepté et que si elle voulait éviter son courroux, elle allait devoir régler ce léger problème par elle-même. Sans attendre la jeune Sachiko, la vieille dame poursuivit son trajet pour s’enfoncer toujours plus dans les profondeurs du village. De la distance qu’elle venait de parcourir sur la route principale du village caché de la foudre, Sachiko avait déjà enfreint plusieurs lois. Défiant les lois comme si de rien était, la vieille femme s’arrêta soudainement et tournant la tête en direction d’une maison dans laquelle la lumière éclairait toujours son intérieur, un envie soudain s’empara d’elle et laissant son esprit dérangé la guider, elle se dirigea vers la porte principale de la maison sur laquelle elle donna trois gros coups. Commençant à crier à bouche déployée un prénom incompréhensible, la vieille dame entreprit un dérangement public et de par les nouvelles lumières qui venaient de s’allumer dans les maisons avoisinantes, toute cette histoire allait bientôt très mal se terminer. Qu’allait faire la jeune garde pour régler le problème? Allait-elle attendre le retour de son sensei ou allait-elle lui faire honneur en réglant ce problème par elle-même?

~ Quand le destin s’acharne sur une démone... ~
What the…. ? !

Sachiko était devant la vieille dame. Celle-ci n’avait toujours pas réagit et l’adolescente restait sur ses gardes. Elle ne faisait tout simplement pas confiance à cette vieille, peut importe l’âge qu’elle avait. Le doute commençait à l’envahir devant le silence de l’aînée, mais elle ne laissa rien paraître, ne pipa aucun mot. Si elle avait apprit un truc avec Fusaki, c’était qu’il fallait apprendre à se fermer le clapet de temps en temps. Mais, honnêtement, elle s’était préparée à tout, sauf à ça. Lorsqu’elle sentit ses joues se faire tirer d’un côté et de l’autre, elle en resta bouche-bée. Elle ne prononça aucun mot pendant ce… ce truc, tout comme elle garda le silence lorsque cette femme l’appela « Emi ». La jeune fille ne s’attendait vraiment pas à ça. À un combat, un peu, à des insultes, sûrement, à ce que la femme signe tout bonnement le bout de papier, beaucoup. Mais pas à ce qu’elle la considère comme un membre de sa famille !

Elle tenta de s’échapper lorsque « sa grand-mère » la saisit de nouveau, mais elle n’y parvint pas. Elle se fit donc balancer d’un côté puis de l’autre, avant de se faire envahir par une armée de bisous bien désagréables. Étrangement, elle ne regrettait plus de ne pas avoir connu ses grands-parents… Va savoir pourquoi.

Lorsqu’elle se fit enfin reposée au sol, Sachiko était bien étourdie. Et la première pensée qui lui passa par la tête, ce fut « Ce vieille est folle ! ». Elle se dit dans un petit ricanement qu’elle était peut-être la mère de son senseï… Le monde est petit, après tout. Si elle avait assez de courage, peut-être qu’elle allait lui demander. Mais pour l’instant, elle devait s’occuper de cette vieille folle, qui était en train de faire du grabuge. De toute façon, si elle ne faisait rien… Elle n’osait même pas imaginer la réaction de Fusaki. Pas qu’elle avait peur de lui, détrompez-vous… Mais le Raikage, lui, lui inspirait beaucoup de respect et elle savait que ses colères pouvaient être meurtrières. Et puis, montrer à son mentor qu’elle n’était pas aussi faible qu’il semblait le penser lui plaisait bien comme idée, ne serait-ce que pour fermer le clapet à ce fou.

Pour toutes ces raisons, lorsque le cartier commença à s’agiter sous la folie de la femme, elle agit au quart de tour. Elle disparut pendant une fraction de seconde, réapparaissant près de la vieille folle. Alors qu’elle allait la saisir pour l’emmener de force, elle décida de jouer la carte de sa folie. Prenant un air tout tristounet et charmeur, prenant atout de ses grands yeux pour paraître encore plus triste, elle se mit à dire, la voix traînante :

- Grand-maman… Il faut signer le papier, là-bas, parce que sinon les méchants ninjas ils vont nous attaquer… Et moi, j’ai peur des méchants ninjas…

La grand-mère s’arrêta dans son geste avant de se tourner vers sa « petite-fille ». Celle-ci espérait que sa stratégie allait marchée. Cependant, elle ne baissa pas sa garde, aillant appris avec Fusaki que les dégénérés mentaux étaient totalement imprévisibles…

~ Quand le destin s’acharne sur une démone… ~
Toutes les « bonnes » choses ont une fin

Sachiko fut immensément soulagée lorsque la vieille femme sembla accepter de signer le bout de papier. Elle fut portée à vouloir s’échapper lorsque la bonne femme la prit dans ses bras, mais elle n’en fit rien, continuant de jouer son rôle d’« Emi ». Lorsque finalement la vieille partit, la kunoichi soupira. Nan, mais ils allaient finir par être envahis par les fous ! Tiens, en parlant de fou, en voilà un qui sortait des arbres derrière elle. Fusaki. Évidement, il n’avait rien manqué… Un autre test ou alors il n’avait pas envie de se frotter aux gens de son espèce ? M’enfin.

Lorsqu’il se mit à lui dire qu’elle aurait dût agir de manière plus « drastiques », elle se retint à grande peine de lui balancer qu’elle au moins, elle avait fait autre chose que rester planter au milieu des arbres. Parfois, elle avait bien envie de lui balancer son poing dans la gueule, celui-là. Mais, étrangement, elle aimait bien cette sensation. Car lorsqu’elle la ressentait, elle avait l’impression d’être plus humaine. De plus ressembler aux gamins violents dans les rues, bien que cette comparaison ne l’attire pas vraiment. Elle avait l’impression… d’être quelqu’un de normal, quoi. Mais bon.

Plutôt que de faire quelque chose qu’elle aurait par la suite regrettée, la jeune fille reprit place sur son petit tabouret. Le jour n’allait pas tarder à se lever, ce qi lui plaisait bien comme idée. Elle pensa à retenter de commencer un dialogue avec son mentor, mais laissa tombé cette idée. Vu la tentative de tout à l’heure, mieux valait rester tranquille. Elle garda donc le silence, se reperdant dans ses pensées. Celles-ci se baladaient sans grand ordre, passant de sa mère à Denko, de Denko à Hoshikuma, de Hoshikuma à Fusaki, de Fusaki aux meurtriers… Elle frissonna. C’est vrai quoi, chaque fois qu’elle pensait à son senseï, elle pensait aux criminels… Vivement le lever du soleil, qu’elle puisse partir d’ici ! D’ailleurs, elle remarquait déjà que le ciel commençait à s’éclaircir, ce qui était bon signe. De toute façon, elle commençait déjà à s’endormir. Trop d’émotions fortes en ne seule nuit. Et puis, pour une première nuit blanche, celle-ci avait été plus chargée que prévue. Qui aurait cru que la Genin allait tomber sur une vieille folle qui la prendrait pour sa petite-fille ? Pas elle, en tout cas.

Finalement, le soleil commença sa longue et fastidieuse montée vers le ciel. Sachiko observa avec un intérêt à peine dissimulé ce spectacle merveilleux. Il était bien rare qu’elle se lève suffisamment tôt pour assister au lever de soleil et elle s’émerveillait à chaque fois devant cette beauté. Le ciel qui se teintait de mille nuances ainsi que le gazouillis des oiseaux qui se levait, tout ça était vraiment merveilleux. Mais elle dut bientôt interrompre son observation, car les gardes de jour venaient d’arriver. Il était temps pour eux de partir. Leur mission était terminée et elle ne s’en plaignait pas. Son mentor lui fit un petit signe de salut avant de disparaître. L’adolescente eut un petit sourire fatigué avant de partir à son tour chez elle, où elle comptait bien dormir de tout son saoul… Avant d’attaquer une autre mission, encore…