» Le remords est l'horreur d'avoir douté.

Déambulant comme à son habitude lors de ces périodes de repos. Elle revenait de sa maison maternelle. Une nouvelle altercation les avait séparées sur des mots assez tranchant que Yoruichi regrettait à présent. Certes, elle n’avait toujours pas digéré, depuis toutes ces années, que sa mère l’ait forcée à une telle autarcie. Plus jeune, elle n’avait jamais eu la force de résister à la volonté de sa génitrice, mais présentement qu’elle se trouvait être une Juunin de Suna, elle trouvait la force de s’opposer et de critiquer les actes passés. Elle savait que c’était timidité, poussée à l’extrême, était son principal défaut et qu’elle pouvait s’estimer chanceuse d’avoir atteinds le grade de Juunin avec pareille lacune.

Fléchissant les jambes pour amener sa main dans le sable, elle ne tarda à en extraire une poignée qu’elle regardait lentement s’écouler de son poing serré. Ses mâchoires elles-aussi étaient particulièrement contractées, cette affaire l’agaçait au plus haut point. C’était comme s’il lui fallait réellement l’accord de sa mère pour pouvoir éviscérer cet esprit timoré du plus profond de son corps. Relâchant subitement sa main, elle se redressa en sentant une ombre la frôler, s’intimant une marge de sécurité d’un bond en avant, elle se retourna pour prendre conscience de la personne qu’elle venait de craindre : le messager du Kazekage. Ses sourcils ne tardèrent à se dissimuler dans sa massive chevelure relâchée en de longues mèches rebelles.

Messager : « Le Kazekage t’attend auprès de la Stèle aux Morts, maintenant. »

Elle n’eût pas même le temps d’ouvrir la bouche que cette ombre venait déjà de disparaître. Elle ne savait rien de cet homme, messager ayant toujours su apparaître au bon endroit au bon moment. C’était une personne assez énigmatique, qu’elle n’avait jamais eu réellement la chance de rencontrer, sans doute comme beaucoup de personnalités de Suna. Elle ouvrait seulement les yeux en cet instant : si sa mère lui avait imposé cette autarcie dans sa jeunesse, son propre esprit fermé avait perpétué cette volonté. Elle était trop timide pour réellement engager la moindre conversation avec un être. Mais son Kage l’avait demandée, et elle ne pouvait le faire attendre.

En des foulées longues et rapides, elle ne tarda à atteindre la Stèle. Bien que Sabaku No Gaara ne portait pas sa tenue réglementaire de Kage, il n’était que trop reconnaissable de part sa chevelure rougeoyante et cette jarre immense trônant dans son dos. Elle s’approcha avant de poser un genou au sol, elle ne doutait pas un seul instant que son maître l’avait sentie arriver, mais Yoruichi tenta de prendre la parole, voulant justement sortir de ce mutisme qui ne la qualifiait que trop souvent.

Yoruichi : « Vous m’avez faite appelée Kazekage-sama ? »

Sur son ordre, elle venait de se relever, prenant position, les jambes serrées et les bras dans le dos, une de ses mains enserrant son autre poignet. Sa posture marmoréenne était une fidèle représentation du soldat en pleine absorption des paroles de son supérieur hiérarchique. Elle instaurait déjà entre eux deux un certain recul de sa part, surtout de part son regard qui était vide de tout sentiment. Yoruichi était une Kunoichi réputée pour sa douceur, d’où son surnom d’Amasa. Son regard était porté au-dessus de Gaara, elle ne l’abaissait pas non pas par insolence ou par refus de le fixer, juste qu’elle était à nouveau dans le vague. Mais la voix de son maître ne tarda à la faire redescendre sur terre. Ses yeux glissèrent petit à petit pour se river dans ceux braqués sur elle du Kazekage.

Sa question n’en était pas vraiment une, elle ne prit pas la peine de répondre, car elle savait bien qu’il n’allait tarder à lui donner une réponse. La situation la gênait cependant, on pouvait déjà constater que sa posture n’était plus aussi immobile, sa tête bougeait quelque peu, virant petit à petit au rouge, pour cause de ce regard braqué sur elle. Elle détourna la tête, pour ne plus devoir supporter cette honte, rien que cet homme la fixant la rendait timide, rougissante, telle la vierge pudique qu’elle détestait être. Le rouge ayant disparu de ses pommettes, elle reprit contenance et affronta à nouveau ce regard plein de majesté qu’était celui de son interlocuteur. Elle se savait plus âgée que lui, elle savait aussi que son expérience en matière de missions et de combats étaient supérieures à celles de son Kazekage. Mais elle n’avait jamais douté de sa puissance ni de son autorité. Mais il restait tout de même comparé à elle, un jeune adulte sortant à peine de l’adolescence avec une peau douce et imberbe, telle celle d’un bébé. Le temps ne l’avait point encore ravagé, les combats n’avaient laissés que peu de stigmates. Mais elle pouvait lire dans son expression, dans cette fatigue constante due à son statut de Jinchuuriki d’Ichibi, que les événements qu’il avait vécu faisaient qu’en cet instant il la supplantait.

Elle commençait doucement à comprendre la raison pour laquelle elle avait été convoquée. La lumière se faisait autant dans son esprit que dans son regard qui s’agrandit tout comme ses lèvres s’arrondirent d’une mimique surprise. Une bouche qu’elle referma rapidement face au regard grave de Gaara, mais le rouge était de nouveau monté à ses joues, non pas celui doux et délicat qui l’avait peint plus tôt par timidité. Ses joues prenaient une teinte violacée, parfaitement visible malgré sa peau mate, démontrant une colère sous-jacente d’une ampleur qui devait pourtant dépassé l’entendement de l’homme lui faisant face. Il ne pouvait réellement comprendre à quel point Amasa pouvait réellement devenir colérique à ce point, elle qui était si discrète, si calme, il pouvait constater qu’elle bouillonnait en cet instant.

Les questions se succédant, son front se plissa, ses dents se dévoilant dans un feulement félin des plus tracassant. Son regard transmettait toute la force de sa rage, Gaara était en présence d’une jeune femme qu’il ne connaissait que trop mal, aucun rapport n’aurait pu donné à imaginer un seul instant qu’elle puisse perdre les pédales de telle manière. Une fois eu-t-il terminé de parler qu’elle avança d’un pas, lançant dans l’air son bras dans un arc de cercle des plus agressif, puisse-t-il avoir senti un déplacement d’air anormal. Dans sa rage, elle venait d’insuffler du chakra Fuuton dans son geste, mais à trop petite dose que pour infliger un quelconque dégât.

Yoruichi : « C’est de SA FAUTE. Elle m’a toujours empêché plus jeune de parler à une quelconque personne, toujours à me couver, toujours en présence de seules femmes. Elle a fait de moi une FAIBLE face aux hommes, je ne peux me laisser toucher par aucun d’entre eux. Cela me fait littéralement PEUR. »

Par intermittence sa voix montait dans des aigus tellement fort que cela s’apparentait à des cris. Elle respirait à présent à grandes goulées, puis, face au masque du visage de son Kazekage, elle rougit, de gêne, de rage. Yoruichi ne savait plus réellement définir ce qui la faisait s’empourper là, mais toujours est-il qu’elle venait comme de recevoir un seau d’eau glacé venant de la calmer.

Yoruichi : « Veuillez m’excuser Kazekage-sama … je ..je me suis empo…emportée. »

Son regard s’était fait timide, précédemment abaissée, elle relevait ceux-ci comme une gamine prise en faute, jetant des œillades inquiètes afin de voir les réactions de ses parents. Elle tourna la tête vers le côté, tout en se redressant, elle n’osait plus le regarder, ce qui était visible.

Yoruichi : « Je ne vais pas vous mentir Kazekage-sama, bien que j’aime ce village, bien que la disparition d’un quelconque membre de celui-ci m’attriste. Il ne me touche pas autant qu’il le devrait, surtout si cette personne est de sexe masculin, je ne suis pas sexiste je peux vous l’assurer ! Mais je n’ai pas vraiment de liens enfaîte. Dans le clan Shihoin, les femmes ont tendances à ne pas ...se montrer souvent en société. De ce fait, j’ai toujours vécu dans ma maison maternelle. Mon père est mort en mission d’infiltration qui a mal tourné, et il m’a été interdit de fréquenter trop souvent des hommes. Si bien même que je me sens …intimidée par ceux-ci. »

Elle dansait sur ses pieds, commençant à faire des ronds dans le sable, son regard visiblement obnubilé par ceux-ci.

Yoruichi : « Je …Je suis incapable de toucher un homme, et d’être touchée par celui-ci, dans un autre contexte que de celui de survivre à mon adversaire. C’est …impossible pour moi. Dès que l’un d’eux s’approche de moi, mes jambes sont faibles, ma tête tourne légèrement, tant bien même que je deviens promptement inutile. En effet, je ne sais pas venir en aide à mes coéquipiers pour cela, je suis incapable de les soutenir physiquement …Puis-je ? »

Accompagnant sa demande d’un signe de la main désignant la stèle, elle s’avança vers celle-ci, tout en contournant à une distance raisonnable son Kage. Sa main caressa cette stèle, la parcourant avec émotion, lisant à quelques reprises des noms qui ne lui étaient pas inconnus. Le nom Shihoin revenait à certaines reprises, peut-être trop pour ce clan qui fut autrefois prospère et qui n’était plus que médiocre présentement.

Yoruichi : « Certes …Je ne peux les aider sous cette forme, mais vous pouvez faire autant de vérifications que vous le souhaitez …Aucun de mes partenaires de mission n’est mort, que cela soit durant ou par après suite à ses blessures. »

Dardant à son tour son regard dans celui de son interlocuteur, elle faisait montre d’une force mentale qui ne lui était que peu connue. Ce sujet était quelque peu un sujet qui la fâchait, qui faisait ressortir la véritable femme qui était dissimulée sous sa tunique de nonne.

Yoruichi : « J’ai toujours su m’occuper, à ma façon des membres de mon équipe … »

Son regard était rivé, à présent timidement dans celui de son kage, son sourcil relevé dans une pose interrogative …Allait-il savoir répondre à la question sous-jacente qu’elle venait de poser ?

Elle n’avait pas besoin de s’excuser ? Yoruichi n’en était pas si sûre. Un Ninja ne doit jamais laisser dicter ses actes par ses émotions. Elle devait toujours les contenir, en tant que Juunin et montrer de ce fait l’exemple aux plus jeunes, jamais elle n’aurait du s’emporter ainsi, en tant qu’adulte responsable face à son chef militaire. La Shihoin venait à nouveau de faire preuve d’une faiblesse, sa rage l’avait poussée à bout, alors qu’elle aurait du la taire au plus profond d’elle-même. Son corps était dicté par la peur lorsqu’elle se reculait de la présence de tout homme, ses paroles avaient été dictées par la colère. Méritait-elle réellement son grade de Juunin ? Elle se trouvait de moins en moins fiable. Sans doute était-ce une erreur, sans doute Gaara-sama ne tarderait pas à s’apercevoir de la faiblesse de son âme, de son courage et qu’il finirait par la neutraliser. Car dans pareil monde, la faiblesse n’est pas autorisée, elle était inutile et dangereuse, surtout pour un Juunin qui est censé dirigé une équipe.

Qu’importe la pression, un Shinobi se doit de toujours se maîtriser, on ne tient compte d’aucune circonstance au cours d’un combat. Il faut savoir faire preuve d’un contrôle de soi. La rigueur de son éducation avait sans doute laissé à désirer, une nouvelle ligne pouvait être écrite sur le tableau des lacunes de sa génitrice. Une nouvelle ligne supplantant tous les bons moments, les rendant ternes et sans substance. Un voile grisâtre s’étendait sur son passé, elle commençait doucement à s’en écarter, et cela lui arrachait un grognement de frustration. Elle ne semblait plus apte de maintenir la relation avec sa mère comme celle qu’elle avait dans son adolescence. Mais après tout, depuis lors, elle était devenue une femme, devant créer sa vie d’elle-même, sans plus regarder après cette génitrice qui l’avait trompée et qui avait grandement faussé sa vision de la société.

Sortant de ses pensées, elle ne pu qu’observer avec une certaine réticence son Kazekage s’approcher d’elle. Pouvait-elle se dérober ? Non, pas devant son maître, cela aurait été un manquement de respect et de confiance envers son Kage que de faire un pas en arrière. Si l’un d’eux devait bien mettre une certaine distance entre eux, cela ne pouvait être elle. Après tout, cet homme, ayant presque moitié moins vécu qu’elle-même possédait tous les droits sur sa personne. Pourtant, son corps se penchait dangereusement vers l’arrière, contractant les muscles de son dos et de son abdomen pour garder une position peu agréable. Elle réagissait inexorablement, cherchant à mettre un maximum de distance entre eux tandis que sa volonté empêchait ses pieds de se déplacer. Il finit cependant par s’arrêter, raisonnablement proche d’elle. Ce qui la fit se détendre quelque peu et se redressant, elle adressa un sourire gêné, à cet homme qui la dirigeait.

Elle connaissait bien cette époque, où le Kazekage ne semblait n’être qu’une bête, comme dicté par les envies d’Ichibi. Yoruichi avait toujours crains de le croiser dans une rue, à forte raison qu’il avait déjà commis des meurtres au sein même du village, bien qu’un grand nombre semblait avoir été accidentel, uniquement créé par une émotion explosive. A cette époque, elle était déjà Chuunin, et on murmurait beaucoup dans le dos de ce jeune homme. On parlait de lui comme d’une expérience raté, il devait être une arme, une puissance maîtrisée et manipulée par le village. Mais au final, nul ne pouvait se piquer d’avoir confiance en cet être trop instable. La Shihoin laissa couler son regard sur cet enfant, quel âge avait-il à l’époque ? 14 ans ? 15 ans ? Et il était crains comme un démon séculaire.

Il comparait donc leurs deux jeunesses ? Mais cela n’avait aucun rapport à son sens, elle ne pouvait comparé sa vie de poule aux œufs d’ors que l’on a peur de voir se briser face à la société à celle violente et détestable qu’avait pu vivre Gaara-sama. Un cas n’était pas l’autre, elle le savait parfaitement. Mais elle voyait aussi où voulait en venir cet homme en lui tendant la main de cette façon, elle voyait doucement le rapprochement qu’elle devait faire. Il lui avait fallu une main amicale pour sortir de son cycle de haine, peut-être lui fallait-elle la même chose pour sortir du brouillard de sa peur ?

Yoruichi : « Ka…Kazekage-sama… »

Sa voix était plaintive, hésitante, frustrée. Sa main tremblait tandis qu’elle la levait, comme si elle devait affronter une loi physique d’une puissance rare. Elle voulait serrer cette main, elle aurait voulu faire ce pas qui les séparait. Tout son corps tremblait violement, en plein dilemme : comment pouvait-elle refuser la main tendue par son propre maître ? Cela était purement intolérable. Son faciès était désormais transformé par la fureur que son geste semble lui être si dur. Mais elle se reprit, se mordant la lèvre inférieure, son regard rivé sur la main tendu du Kazekage. Tandis que son bras semblait s’abaisser, sa tête en fit de même, laissant planer une obscurité malsaine sur son visage.

Yoruichi : « Peut-être était-ce faire preuve de trop d’optimisme que de me demander cela dès maintenant … »

Elle adressa un regard désolé à Gaara-sama qui lui avait pourtant fait montre d’un sourire. Elle savait parfaitement ce que cela pouvait représenter, rarement, très rarement elle avait vu cet homme faire le moindre sourire. Et en deux ans, elle n’avait jamais eu droit au moindre changement d’émotion sur ce masque de froideur. Pourtant, elle était incapable elle-même de faire un quelconque effort. Elle ne refusait pourtant pas l’aide de celui-ci, mais elle se sentait incapable de répondre aux volontés de Sabaku no Gaara sur ce point.

Yoruichi : « En aucun cas je ne dénigre ce qui a été fait Kazekage-sama … Mais quand on vous a tendu la main, vous étiez jeune, fort jeune, et vous l’êtes certes toujours. J’ai dépassé la trentaine à présent, et depuis l’âge de 10 ans je côtoie des hommes. Cela fait donc plus de 20 ans que je n’ai pas touché le moindre homme, plus de 20 ans que cette crainte me taraude …Il faudra du temps pour me laisser la surmonter …Veuillez m’excuser. »

Le temps …Marqué par l’écoulement du sable dans le sablier, celui-ci était géant, et la quantité passée ne semblait que peu épaisse par rapport à l’infinité de grains de sables qui devaient encore passer par le présent. Il faudra beaucoup de temps, si Chronos et Hadès le lui en laisse bien sûr, pour qu’elle surmonte cette crainte.

La main tendue de son Maître se serrant pour passer devant son visage laissait un sentiment de regret encercler le cœur de Yoruichi. Cette main elle aurait vraiment voulu la saisir, mais elle n’avait su relever le menton et affronter sa peur. Elle était une femme faite, et ce depuis quelques années, elle avait même obtenu le grade de Juunin et était donc qualifié de Kunoichi fiable. Mais, ses peurs d’enfance la dominaient toujours, cela était d’un ridicule affligeant, mais qu’y pouvait-elle en cet instant ? Soupirant, sa tête baissée, elle semblait ne plus prêter la moindre attention à son éminent interlocuteur, ses yeux plongés dans le vague, visiblement dépourvu d’émotion. Elle se retirait au plus profond d’elle-même, comme elle le faisait souvent, par habitude, pour éviter de voir sa propre déception, pour devenir enfin la véritable machine à tuer qu’elle était théoriquement. Sans cette face d’elle-même, sans doute n’aurait-elle jamais pu devenir une vraie Kunoichi, sans doute serait-elle restée au grade de Genin, tentant éternellement de se distinguer. Le prestige de certains Ninjas leur était du par certains grands actes, ou émotions fortes les ayant permis de faire un miracle. Mais ce ne fut jamais le cas de Yoruichi, elle s’était distinguée par sa froideur, inquiétante et glaçante autant pour ses ennemis que pour ses protagonistes, murant ses sentiments afin de se servir de son intelligence logique plutôt que de son intelligence émotionnelle.

Sans doute Gaara-sama allait voir se changement de mentalité, qu’il ne le comprenne ou non n’intéressait guère la jeune femme. Elle ne voulait plus se sentir gênée par ses émotions, et de ce fait elle installait une distance entre elle et son maître. Elle devenait l’ombre assassine, en opposition pure et simple de son surnom Amasa, mais cela n’était guère important. Plus rien n’avait d’importance lorsqu’elle se dissimulait de la sorte. Elle saurait reconnaître la gentillesse du Kazekage, et surtout l’honneur qu’il lui faisait en voulant s’occuper personnellement de son cas. Après tout, il était Kage, il avait sans doute bien d’autres choses à faire que de disposer de son temps avec une Juunin inapte à fricoter avec la gente masculine. Elle allait lui faire perdre son temps, mais pouvait-elle refuser qu’il s’occupe d’elle ? En aucun cas, elle savait cela nécessaire et de plus, il semblait bien décidé à lui tendre la main. Il était le premier à faire ce pas vers elle, même si cela était pour une grande partie de la faute à Yoruichi. Si la colère n’avait pas envenimé son ton et sa vision, elle n’aurait sans doute pas donné ses explications et peut-être aurait-elle reçu un blâme pour répétition successive de non-assistance à un coéquipier en danger. Quelle ironie, sa timidité habituelle lui aurait interdit de tenir son Kage au fait de sa vie passée.

Sa gangue de glace bien que performante se fissura en un petit sourire à l’énonciation du jeu de mot de son maître. Ainsi donc elle allait l’avoir sur son dos ? Son père aussi lui avait promis une chose similaire, d’après sa génitrice, avant qu’il ne parte en mission pour ne plus jamais en revenir. Allait-il vraiment tenir une promesse ? Etait-ce possible qu’un homme soit fiable ? Qu’il ne disparaisse pas subitement par un coup du sort ? Après tout, depuis sa naissance dans le clan, une majeure partie des hommes étaient anormalement morts en mission, si bien même que sa mère en venait à se demander si elle n’avait pas porté une malédiction sur le clan. Ce n’était guère justifié bien sûr, mais souvent, chaque homme qui avait promis d’un peu s’occuper de Yoruichi n’avait que peu tenu sa promesse, celle-ci ayant été interrompue par une traversée du Styx non-prévue.

Retombant sur terre, elle fut à l’écoute de la proposition de son Kage, ainsi voulait-il commencer déjà maintenant ? N’était-il donc pas un peu entreprenant ? Cela n’avait aucune importance après tout. Elle se devait d’être aux ordres, et elle prendrait cela comme un devoir dont elle devait se départir avec motivation. Car il fallait qu’elle fasse elle-aussi des efforts afin de transcender cette lacune, cette infection grave qui lui enflammait le cœur. Penchant la tête de côté, elle riva son regard froid dans celui de son Kage, comme si elle le sondait, après tout, peut-être avait-il des intentions sous-jacentes ? Non, elle en doutait, ses deux dernières années, elle avait pu dénoter une certaine bonté en Gaara, bien qu’elle ne l’ait jamais connu aussi intimement qu’à présent.

Yoruichi : « Je suis à vos ordres Kazekage-sama, mon temps et ma vie vous appartiennent. »