[ Mission - Rang C ] Démantèlement - Tricher c'est mal, et ça fait mal [ Solo ]

L’art de démarrer une journée de façon à avoir peur de ce qui pourra se passer à sa suite. En gros, un début de journée relativement pourri. Il y avait un fait qui restait en vigueur à longueur d’année avec l’épéiste junior qu’était Chôjuro, et c’était que chaque journée où il commençait mal dès le réveil, une mission l’attendait. Le stress avant même de songer à visiter le bureau des attributions de missions, au point de se renverser lui-même son propre verre d’eau au visage, accrochant l’objet en question d’un revers de la main en souhaitant s’étirer. Il avait beau être un fort manipulateur du Suiton, ça ne voulait pas dire pour autant qu’il appréciait grandement une douche si matinale. Et ce, même si elle avait tout de même le mérite de représenter un excellent moyen de se réveiller de façon efficace. Redressé en position assise sur le futon qui lui avait servi de lieu de sommeil jusqu’à quelques secondes plus tôt, le jeune homme se frotta l’œil gauche d’un air ensommeillé. Honnêtement, il aurait eu le droit de rester couché qu’il ne l’aurait pas refusé, ce droit. Mais les joies du métier de ninja – en particulier lorsque l’on est ninja de haut niveau – impliquait de se lever aux aurores pour effectuer toute tâche possible à accomplir, quitte à subir volontairement le son infernal que produisait ce truc qui lui servait de réveil-matin. Cette saleté allait finir par se prendre un coup à se renfoncer dans le meuble qui la soutenait. Mais bon, quitte à être déjà réveillé, à peu de choses près. Sortant avec mollesse du confort de son nid de sommeil, l’épéiste s’affaira à se nourrir et s’équiper adéquatement, comme à son habitude. La petite routine du ninja, histoire de bien tout avoir ce qui est nécessaire, plutôt que de se retrouver en plein combat, et se rendre compte à ce moment précis qu’on a pas embarqué d’armes. Le plan ultime pour avoir l’air d’un pauvre con. Mais bon, la journée avait beau s’être démarrée d’une façon quelque peu discutable, avec un peu de chance le bureau de distribution des missions aurait quelque chose d’intéressant pour lui.

Spoiler:

C’est avec ceci qu’il ressortit du bureau de distribution de missions du village, environ une heure plus tard. Mouais. Pas réellement fabuleux comme truc, mais ça valait tout de même mieux que rien, quand on y regardait bien. Après tout, il avait déjà songé par le passé à visiter ne serait-ce qu’un brin les milieux de jeu du village, histoire de se faire une petite idée. Alors la perspective de préparer le terrain en enlevant les aspects négatifs et arnaqueurs, quand à elle, se révélait plutôt bienvenue, tout bien considéré. Et puis, ça allait lui donner de quoi occuper sa matinée de façon efficace, alors pas de place au pleurnichage, et place à la mission. Il se dirigea sur cette pensée vers le quartier populaire précis du village qui serait concerné par cette mission, réfléchissant brièvement à la manière dont il allait s’y prendre pour débusquer les malfrats dont on l’avait chargé de mettre aux arrêts. S’ils avaient été remarqués et qu’on avait créé une mission précisément pour les arrêter, ils devaient être visibles. Mais d’un autre côté, les transactions louches et les tricheries n’étaient pas des choses faites pour être vues par n’importe qui. Il allait falloir l’œil avisé d’un ninja pour percer les subterfuges des bandits. Et il allait devoir…il fut interrompu dans ses pensées par la forme humaine d’un jeune homme, légèrement plus vieux que lui, qui le bouscula en courant, continuant sa route sans s’arrêter ne serait-ce qu’un instant pour présenter ses excuses, ou quoi que ce soit de la sorte. Les gens étaient réellement malpolis à cette époque, c’était fou. Aucun respect envers les autr…une minute. Soudain saisi d’un doute, Chôjuro porta d’un coup la main à l’emplacement où il conservait son argent sur lui…et se mit à pâlir en sentant le vide caractéristique emplissant l’endroit où aurait du se trouver sa bourse. Mais c’était qu’il venait de se faire voler comme un bleu! Démarrant à toute vitesse dans la direction à laquelle il avait vu le voleur obliquer à un carrefour, l’épéiste ne tarda pas à retrouver la trace du fuyard. Tout voleur qu’il soit, il s’en était pris à la mauvaise cible pour ce coup-ci. Voyant l’homme se retourner et reconnaître le visage qui le rattrapait à toute vitesse, le shinobi accéléra la cadence, constatant néanmoins que ce type disposait de jambes fichument compétences, pour atteindre la vitesse à laquelle il courait lui-même. La peur donne des ailes, à ce qu’on dit. Toujours est-il que ça ne suffit pas, quand on a un ninja expérimenté au cul. Obliquant au même rythme que sa cible qui courait comme si sa vie en dépendait – ce qui était presque le cas, quand on y pense -, Chôjuro bondit de toit en toit, se rapprochant dangereusement du voleur. Et un dernier bond.

La poursuite relativement brève se termina dans une ruelle, un certain voleur effondré dos contre le mur, le visage aussi boursouflé qu’un ballon d’air. C’était peu de le dire, il s’était pris une raclée dont il allait se souvenir longtemps. Il verrait à choisir ses cibles de façon un peu plus réfléchie la prochaine fois. Penché sur lui, un jeune homme portant une gigantesque épée fouillait brièvement ses poches, inversant de façon curieuse leurs deux rôles respectifs.

''Alors, t’as quelque chose d’intéressant pour moi? Voyons voir…ah, tiens, qu’avons-nous là?''

Chôjuro retira un papier soigneusement plié à l’intérieur de l’une des poches cachées de la veste, et la déplia pour en connaître le contenu. Et ô surprise…il s’agissait du lieu de rendez-vous pour une réunion de jeux privée, dont il tenait l’invitation dans ses mains. Comme c’était intéressant. Finalement, il avait été chanceux de tomber sur ce crétin qui s’était cru assez malin pour voler les possessions d’un shinobi. Pauvre débile. Laissant là l’individu bien démoli sur place, l’épéiste joignit rapidement les mains avant de sortir de la ruelle, déclenchant un nuage de fumée qui le laissa ressortir en copie conforme du type qu’il venait de tabasser, dissimulant par le fait même sa gigantesque épée en un simple katana dans son dos. Certes, dès qu’une personne voudrait toucher le katana, la supercherie serait percée à jour, mais le tout devrait suffire dans l’immédiat. Vérifiant une dernière fois l’adresse précise écrite sur la feuille en sa possession, il se dirigea vers le lieu convenu en adoptant un air aussi naturel que possible. Et que la mission commence.

C’était fou ce que c’était difficile de se retrouver efficacement dans les rues du village quand on a pas idée de l’endroit où on doit se rendre. Et c’était bel et bien le cas de Chôjuro à cet instant précis. Dissimulé sous les effets de la technique du Henge pour adopter l’apparence d’un type démoli, la gueule en sang dans un fond de ruelle, l’épéiste regardait dans plusieurs directions pour tenter de se donner des points de repère dans le coin. Car il fallait bien l’avouer, entant que shinobi tardant à attraper ses vingt ans, et tout occupé qu’il était à s’entraîner et à effectuer des missions, Chôjuro n’était pas vraiment du genre à connaître le quartier des jeux comme le fond de sa poche. Quoi, c’était pas normal, peut-être? Oui, c’était bien certain qu’il passait tous ses jours de repos ici, à parier sur deux dés en espérant qu’il aurait de la veine, pour repartir plus tard en pleurnichant, son pécule de la semaine englouti dans une connerie du genre. Et puis quoi encore? Il avait mieux à faire que de jouer le jeu de tous ces crétins malhonnêtes qui s’amusaient à dépouiller les gens d’une manière légale – en plus – qu’ils appelaient ‘’le jeu’’. C’est que le matériel qu’il s’achetait pour ses petits trucs personnels, ça coûtait la peau des fesses. Alors autant voir à viser l’économie autant que possible. Sans compter que bien au contraire de tous les autres, ce qu’il était venu accomplir allait lui rapporter du fric, lui. Et hop, dans le cul les mauvais joueurs, vous aviez qu’à prendre une carrière comme tout le monde.

Au bout d’encore un peu de recherche – une heure de plus, en réalité, son sens de l’orientation étant devenu une vraie chiure ambulante dans ce quartier -, le jeune homme termina finalement son périple totalement perdu en découvrant l’inscription correspondant à celle inscrit sur la feuille dont il disposait. Donc, que disait cette feuille en supplément, déjà…toquer trois coups et glisser vingt ryôs sous la porte. Merde, il allait quand même devoir débourser pour cette saleté de mission! Enfin bon, quand on veut chopper les crapules, il faut ce qu’il faut. Ainsi, et après avoir revérifié une dernière fois l’intégrité de sa technique de Henge, Chôjuro se rendit sur le rebord de la porte, exécutant le rituel demandé comme convenu. Le billet fut ramassé sous la porte de l’intérieur, et bientôt la porte fut envahie par quelques sons de cliquetis de serrure qu’on déverrouille. La porte s’ouvrit en grinçant, découvrant un gros homme de taille moyenne, le menton couvert d’une pilosité qui se retrouvait dépourvue de tout camarade sur l’entièreté du crâne de l’individu. L’homme le toisa du regard un instant, puis sembla finalement reconnaître l’homme qu’il avait devant lui.

''Ah, c’est toi, Koza. Allez, entre, les autres sont déjà arrivés.''

Il venait donc d’apprendre le nom de celui qu’il incarnait en ce moment-même. Bien, une bonne chose de réglée pour la suite. Honnêtement, se faire passer pour quelqu’un d’autre peut se révéler relativement compliqué quand il nous manque les informations essentielles sur l’individu. Comme le prénom. Mais bref. Plongeant dans ses souvenirs récents, le ninja tâcha de reproduire avec exactitude l’expression qui couvrait le visage de celui dont il empruntait l’identité pour ce qu’elle pourrait lui apporter. Visiblement peu désireux de s’attarder outre mesure sur l’état du nouveau venu, le gros homme se retourna tout simplement pour le guider, après avoir refermé la porte derrière l’arrivant. Suivant l’obèse en observant les alentours, Chôjuro tenta de remarquer quelque chose qui saurait lui donner une bribe d’information. Sans succès, malheureusement, car le délai durant lequel ils marchèrent pour atteindre une large pièce enfumée où discutaient plusieurs hommes ne fut que de courte durée. Tous les regards se tournèrent vers lui, l’obligeant à prier pour démontrer la bonne réaction en saluant les hommes présents de la manière la plus naturelle possible. Et comble de chance, le stratagème sembla fonctionner. Il avait au moins une chance de faire le prochain round.

La suite fut un jeu quelque peu compliqué dans le fait d’observer autant que possible, tout en tâchant de ne pas foirer sa couverture lorsqu’on s’adressait à lui. Visiblement, c’était un rassemblement de joueurs, mais le jeu lui-même n’était pas encore arrivé. Ce qui lui laissa entre autres le temps d’identifier les quatre hommes qui discutaient entre eux dans la pièce. Makinose Sasaki, propriétaire d’un casino réputé dans le quartier, au point où même Chôjuro en connaissait quelque chose. Il avait d’ailleurs fait un don aux forces du village il y a quelques semaines, histoire de se faire bien voir. Sa présence n’évoquait rien de réellement étrange, quand on y pensait. Un propriétaire de casino avait tout à fait sa place dans un petit rassemblement privé du genre, après tout. Le second, Korasumo Daïga, avait peut-être un peu moins sa place dans les environs. En effet, ce type faisait partie de l’administration politique du village de Kiri, un peu l’équivalent des assistants des sages de Konoha, pour faire une comparaison. Certes, les politiciens avaient droit à leur vice, mais sa présence en cette occasion précise pouvait laisser planer quelque doutes sur sa personne. De même que le troisième individu, répondant au nom de Terikaze Kentaro. Pour sa part, ce brave homme à la carrure imposante faisait partie de la milice courante du village, en tant que chef d’une unité dans le quartier. La milice ne représentait aucunement une partie du corps ninja, n’était composée que de défenseurs de la loi volontaires pour organiser des patrouilles régulières et veiller à préserver l’ordre, histoire d’alléger le fardeau des ninjas du village. Qu’est-ce que le représentant de la milice du quartier faisait dans le coin, et sur les heures de service? Il allait falloir jeter un œil là-dessus. Et quand au dernier des hommes présents, c’était un parfait inconnu, que les autres appelaient tout simplement Hige. Il allait devoir se contenter de tout cela. Mais plus tard, visiblement.

Du côté opposé à celui par lequel Chôjuro – alias Koza – était entré, deux volets s’ouvrirent simultanément, dévoilant un escalier montant par lequel descendant un homme dans la cinquantaine, qui attira instantanément tous les regards. Vêtu richement d’un kimono de première qualité, une longue tige exhalant une fumée opaque à son extrémité entre les lèvres, le regard vert perçant et les cheveux grisonnants tirés par derrière en une longue queue de cheval, l’homme entra sans un mot dans la pièce, une main dans son kimono au niveau du torse. Imitant les autres individus présents dans la pièce…Koza… inclina lentement la tête pour saluer le nouveau venu. Lui, c’était un individu à surveiller, sans compter le fait qu’il s’agissait – tout comme Hige – d’un parfait inconnu au départ. S’asseyant avec souplesse sur un large coussin visiblement laissé à sa disposition dès le début, l’homme tira une bouffée de la tige jaillissant de ses lèvres, avant de prendre la parole d’un ton fort apaisant, et pourtant ferme tout à la fois.

''Merçi d’avoir répondu si rapidement à mon appel, mes amis, et bienvenue. Nous allons pouvoir commencer.''

Un peu étrange pour une réunion de joueurs, non? En fait, plus Chôjuro voyait de choses dans cette demeure depuis qu’il y était entré, plus il se disait qu’il avait eu une veine pas croyable en choppant le voleur précis qu’il avait rencontré. Comme quoi quand la providence s’en mêle, rien n’est impossible. La preuve, il était en train d’assister à une réunion quelque peu douteuse sur la nature qu’elle était supposée avoir, déguisé sous les traits d’un voleur de rue invité à côtoyer quelques membres éminents de la société moyenne du village. Pour ne rien cacher…le premier qui allait réellement sortir une paire de dés de sa manche, il pourrait se vanter d’avoir pris un ninja au dépourvu de façon flagrante. Carrément.

Très honnêtement, Chôjuro avait déjà été à une réunion de joueurs par le passé. En fait, c’était Ao qui l’y avait forcé, ayant un peu trop picolé avant d’avoir l’idée de retrouver quelques copains pour se faire des tours au dés. Et bien que l’idée n’ait pas particulièrement plu à l’épéiste, la perspective de voir Ao ivre qui commençait à se mettre en colère avait été à l’époque une motivation amplement suffisante pour ne pas refuser l’idée de l’homme en question. Quand on pense que ce type pouvait être une torture ambulante – et très durable – alors qu’il était en possession de tous ses moyens, ivre et la bouteille encore en main, ça avait de quoi foutre la trouille, littéralement. Et au vu de ce dont il se souvenait de cette soirée plutôt mémorable, ce qui se passait dans la pièce où il se trouvait maintenant n’avait rien d’une réunion de joueurs. En fait, la seul chose qui aurait pu être propice au jeu dans cette pièce, c’était la table basse qui trônait en son centre. Sans compter que comme groupe de joueurs, la diversité était un peu trop importante dans les fonctions des types présents pour réellement garder cette théorie plausible. Il était bel et bien tombé sur la bonne piaule pour faire ses recherches. Et puis, ça permettait de bien rire de leurs gueules alors qu’ils ignoraient encore qu’ils révélaient tous leurs trucs d’un seul coup à un étranger infiltré dans leur petit cercle intime.

Mais ce qui intéressait principalement Chôjuro, dissimulé sous les traits du dénommé Koza, c’était l’homme qui venait de faire son entrée parmi eux, arrivant visiblement de l’étage du haut, dissimulé derrière des volets qui prenaient l’apparence d’un mur intégral, sans faille. Quelque chose à cacher au deuxième, peut-être? Il lui faudrait éclaircir ce point plus tard. Mais dans l’immédiat, les propos échangés sous ses yeux et à portée directe de ses oreilles que l’on croyait dignes de confiance pour le moment, tout cela revêtait d’une importance bien plus colossale. En somme, il venait de pêcher un foutu gros poisson, avant même d’avoir eu le temps de jeter sa ligne à l’eau. Prise d’un coup. Le premier à déclencher l’enchaînement fut tout bonnement l’inconnu qui les avait gratifié de sa présence depuis maintenant à peine plus d’une minute. Se tournant vers l’homme d’affaires de casino, il prit la parole.

''Alors, Sasaki. Comment se porte l’entreposage des bénéfices?''

''Très bien, Kuromo-dono. Vos hommes se chargent comme à leur habitude de charger l’argent à l’emplacement habituel au casino, et aucun problème n’a été rencontré. Les sommes s’élèvent à une vitesse faramineuse, ça fait plaisir à voir.''

Bénéfices? Entreposage? De quoi ils parlaient, ces deux-là? À ce rythme, ils ne faisaient que confirmer la rumeur de détournements d’argent qui avaient motivé certains à transformer ces suspicions en une mission ninja. Alors comme ça, le casino de Sasaki servait d’entrepôt pour des versements d’argent. D’accord. Mais encore? La réponse allait peut-être se préciser, alors que le nouvellement nommé Kuromo se tourna vers le politicien.

''Et de ton côté, Daïga?''

''À la perfection, Kuromo-dono. Je me suis arrangé pour faire passer les versements inaperçus sur les registres bancaires, comme prévu. Rien ne peut témoigner que l’argent ait même jamais existé, en fait.''

De quoi?! Maintenant, c’était le politicien qui commençait à parler de magouilles quelque peu larges, même pour sa position hiérarchique. Falsifier des dossiers bancaires à l’intérieur même des bureaux de gestion du village, c’était un truc qui pouvait lui valoir un bannissement à coups de pied dans le fion, et encore, c’était s’il évitait l’emprisonnement. Sérieusement, c’était quoi tout ça, les trucs pleuvaient littéralement! Une nouvelle fois, Kuromo se tourna vers un nouvel interlocuteur : Kentaro, le milicien. Alors, quel truc véreux il allait dire, celui-là?

''Kentaro?''

''L’escorte de l’argent d’un point à un autre s’est fait sans encombres dernièrement. Rien à signaler, tout fonctionne.''

Aaaah, alors c’était ça, le rôle du milicien. La protection du magot alors qu’il se fait transférer en douce pour être conservé bien au chaud dans les coffres du casino de l’autre type. Ingénieux quand même, le petit plan en trois étapes. Le proprio’ du casino sert de banquier au groupe, le milicien fait les transferts, et le politicien efface les traces. Mais en sachant cela…il restait tout de même un trou. Hige et Koza…quel était leur rôle, à eux? La réponse ne tarda pas à se faire voir, alors que l’apparent patron de l’affaire, Kuromo, venait de se tourner vers eux. Il prit le temps d’aspirer une bouffée de fumée, pour ensuite leur adresser la parole de la même façon qu’aux trois autres.

''Et vous, Hige et Koza, des petits incidents à déclarer depuis la dernière fois?''

''Mis à part un vieillard qui nous avait vus ressortir à la fin de la dernière réunion, je n’ai eu aucun besoin de faire taire quiconque. J’ignore si Koza a eu davantage de travail.''

''Non, rien de mon côté. Les pigeons affluent toujours autant dans les rues, mais l’affaire reste secrète à priori jusqu’à maintenant.''

La réponse était sortie toute seule, carrément. Aucune pensée, juste le fait de jouer un rôle qu’il espérait avoir interprété de façon convenable. Hige avait parlé de ‘’faire taire’’ certaines personnes, et Koza semblait partager la même tâche que lui. Ils devaient donc représenter ce qui empêchait leurs petites affaires de s’ébruiter, en faisant disparaître les témoins et ceux qui pourraient dire quelque chose de trop. Six hommes, formant une machine bien huilée, qui semblait étonnante à avoir été percée à jour au point de créer une mission ninja. Honnêtement, avec ce niveau d’organisation, ils auraient pu continuer encore bien longtemps. Peu de membres dans le coup, donc pas beaucoup de chances de fuite. Chacun accomplit son rôle, sans bavure. En fait, la mission avait sans doute été créée par un subordonné inquiet des agissements de son maître, ou ayant découvert en secret quelque chose l’ayant fait douter. Ces individus n’étaient pas dangereux à proprement parler, en fait, vu qu’ils gardaient toute cette histoire entre eux. Mais ils détournaient tout de même des sommes d’argent importantes, ce à quoi il allait falloir mettre un terme. Les pensées de l’épéiste furent interrompues par un son mat qui vint retentit devant lui, sur la table. Tout comme à quatre autres emplacements sur la table, en fait. Baissant les yeux, Koza – alias Chôjuro – posa le regard sur une enveloppe de cuir repliée, dans laquelle il eut la demi-surprise de découvrir une somme imposante. Merde, il y en avait pour une fortune dans ces trucs! La voix de Kuromo s’éleva alors qu’il se relevait lentement, laissant les volets derrière lui s’ouvrir par le fait même.

''Voilà votre part des profits du mois. Vous aurez les informations sur la prochaine réunion de la même manière que d’habitude.''

Eh bah, il serait pas resté longtemps dans le coin, celui-là. Mais les autres n’avaient pas l’air de s’en offusquer, donc ça devait ressembler à ça chaque fois. En tout cas, chose sûre, c’était que les types autour de cette table en ce moment recevraient une petite visite imprévue sous peu, dès qu’il aurait soumis leurs noms pour une arrestation en règle. L’épéiste regarda un moment l’enveloppe de cuir qu’il tenait dans sa main, puis la glissa dans la poche intérieure de sa veste. Il verrait quoi en faire plus tard. Pour l’instant, le plus difficile restait encore à venir…

Finalement, la réunion avait bel et bien tourné en jeux. Durant une demi-heure, histoire de ne pas paraître impoli ou trop pressé, l’épéiste avait participé à quelques parties, toujours déguisé sous son apparence de Koza. Ce ne fut que lorsque Hige annonça son départ, qu’il se leva en déclarant qu’il se devait de faire de même, quittant la pièce avec son ‘’acolyte’’ après un bref salut aux trois hommes restants. Le temps de se rendre à la porte, un propos de Hige le fit cependant presque tressaillir. Apparemment, Koza était une grande gueule, et l’autre s’étonnait de son silence rallongé durant la réunion. Prétextant un état de fatigue récent, Koza – avec un Chôjuro grinçant des dents sous le déguisement – marcha aux côtés de son compère quelques instants…pour finalement le trainer de force dans une ruelle de côté, dès qu’il fut certain que personne ne les regardait. Quelques secondes, et l’individu fut maîtrisé sans bavure. Il avait beau être le type qui se chargeait de faire disparaître les témoins indésirables, ça ne faisait pas forcément de lui un dur pour autant. La facilité avec laquelle il avait été mit au tapis en était la preuve flagrante. Ligotant poignets et chevilles de l’inconscient, l’épéiste opta pour la solution rapide, bien que peu désirable. Aussi le vit-on sortir de la ruelle, sous son apparence de Chôjuro, laissant derrière lui un homme inconscient et ligoté… dissimulé dans un conteneur à ordures. Il faut ce qu’il faut, comme on dit. Quittant rapidement les lieux, le shinobi retourna sur ses pas, revenant prestement sur les lieux de la réunion qu’il venait de quitter.

Arrivé non loin de la demeure en particulier qu’il retrouvait pour la deuxième fois de la journée, Chôjuro se retrouva cependant forcé de freiner brusquement son avancée, stoppé directement à la vision… de nul autre que Kuromo, qui sortait de la demeure, accompagné de deux hommes forts en masse musculaire qui devaient sans aucun doute lui faire office de gardes du corps. Observant sa cible s’éloigner à pas lents depuis sa position accroupie sur un toit adjacent, le jeune homme laissa finalement son regard s’égarer vers le deuxième étage de la demeure. Que pouvait-il bien y avoir là dedans? Ça valait bien de jeter un petit coup d’œil pour la forme. Et c’est sur cette pensée que le shinobi se retrouva accroupi sur le rebord de l’unique fenêtre ouverte de l’étage, jetant un premier coup d’œil circulaire sur les environs. Il s’agissait d’un bureau. Richement décoré, plusieurs armes anciennes exposées sur les murs, entourant un large bureau de bois sculpté et verni. Commençant par le plus simple, à savoir le bureau, l’épéiste ouvrit quelques tiroirs, pour découvrir ce qu’il reconnut pour être des registres. C’était…les tenues des montants transférés dont ils parlaient?!!! Mais merde, c’est qu’il y avait des fichues sommes dans tout ça! Comment l’administration du village faisait-elle pour être suffisamment aveugle pour laisser autant de pognon lui passer sous le nez?! Incroyable. Pliant l’une des copies pour la glisser par la suite dans la sacoche pendant à son côté, l’épéiste fut finalement interrompu dans son intention de poursuivre ses recherches, par le son de pas relativement lourds montant un escalier derrière l’unique porte de la pièce. La porte s’ouvrit…pour laisser entrer le gros bourru qui l’avait accueilli plus tôt, qui passa sans remarquer un ninja se maintenant silencieusement juste au dessus du cadre de la porte alors qu’il se dirigeait avec quelques pièces de paperasse vers le bureau. Sans demander son reste, le jeune homme sortit en silence de la pièce par la même voie qui l’avait fait entrer, dégageant aussi prestement que la discrétion le lui permettait. L’objectif final de la mission était clair, maintenant : il devait retrouver Kuromo et le mettre aux arrêts, tout connement. Mais premièrement, le retrouver. Il n’avait pas pu aller bien loin, vu la vitesse à laquelle il se déplaçait lorsqu’il était parti.

En effet, ce ne fut qu’au prix de quinze petites minutes de recherches qu’il le retrouva, environ trois pâtés de maison plus loin, toujours accompagné de ses deux malabars. Il allait falloir trouver un moyen de s’occuper de lui sans causer trop de remous aux environs, histoire que les gens ne croient pas qu’il s’amusait simplement à casser la figure à trois types sans raison apparente. C’est donc sur ce mode de pensée pro-prudence que l’épéiste veilla à suivre le trio sans se faire remarquer, jusqu’à atteindre une demeure fort aisée, du moins, c’était ce que sa taille, sa clôture de béton armé l’entourant de tous côtés et son dojo privé laissait supposer. Les murs étaient assez haut pour dissimuler la vue aux passants, ce qui allait sans aucun doute représenter un bon atout pour agir. Perché en haut d’une maison à plusieurs étages, le shinobi regarda les trois hommes franchir la porte double de la résidence, attendant le moment où cette dernière se refermerait. L’instant où la porte se referma fut ponctué d’un courant d’air rapide, signal du début de l’action.

Même si de l’extérieur, on ne put entendre qu’un son étouffé, de l’intérieur, le son du craquement du béton put être clairement audible aux oreilles de l’homme ciblé. Apparaissant à la manière d’un courant d’air, légèrement dans les airs comme s’il bondissait, Chôjuro se contenta de poser une main sur le visage de chacun des deux costauds qui préservaient leur employeur. La suite les laissa tout bonnement sans conscience, alors qu’ils furent projetés avec violence contre les parois du mur de béton derrière eux. Restant en suspens un moment, encastrés dans le mur sur une dizaine de centimètres, les deux hommes tombèrent simultanément au sol, touchant le sol avec un bruit mat. Pendant ce temps, Kuromo s’était vivement retourné, le regard maintenant crispé en fixant l’auteur de cet évènement pour le moins inattendu. Il regarda le jeune homme devant lui porter la main à l’énorme paquet emballé pendant à un étui dans son dos, dégainant ce qui se révéla être une épée couverte de bandages. L’arme resta en suspens un moment…puis fut tout simplement plantée dans le sol, la pointe s’enfonçant sur une trentaine de centimètres pour rester fixe. La voix de l’épéiste s’éleva alors une seule fois, prononçant les mots qui décrivaient parfaitement bien la situation dans laquelle se trouvait maintenant le fraudeur. Traduction : il était dans la merde, et jusqu’au cou.

''Je suis au regret de vous annoncer que votre principale source de revenus va vous être retirée…Kuromo-dono.''

Les deux derniers mots avaient été prononcés avec un sarcasme et une désinvolture que le shinobi avait jugé utile de rajouter dans le cas présent. Ils étaient à l’abri des regards, à l’intérieur de la propriété, dissimulés par les murs. S’il tentait de nier comme un con ce qu’il comprendrait sans doute au premier instant, il n’aurait rien fait d’autre que de rater une chance de rendre son sort un peu moins douloureux. La suite lui revenait, en fait, en terme de décision. Il pouvait décider de se rendre directement, auquel cas il resterait en bon état et serait directement conduit en un lieu approprié pour qu’on s’occupe de son cas. Ou il pouvait tenter – notez bien le ‘’tenter’’ - de résister, auquel cas son sort serait le même, hormis le fait d’ajouter une visite à l’hôpital en supplément. Et pas pour de petites conclusions. Les réfractaires, Chôjuro n’avait pas l’habitude de les ménager. Aux finales, c’était relativement facile de résumer le choix présent :

Ça passe, ou ça casse.

La situation était tendue, ça se sentait dans l’air. Le type en face de lui semblait incertain de la réaction à adopter, étant donné le sort qu’il avait fait subir à ses deux gardes du corps en se servant visiblement de sa force brute à elle seule. Le gosse n’était pas à sous-estimer. Et pourtant, la décision du ciblé fut celle qui allait causer sa perte, pauvre mec. C’était dommage, il aurait pu terminer sa journée en bon état. Faisant jaillir de son kimono un nodachi étincelant tenu à l’envers dans sa main droite, l’homme se positionna en posture de combat classique. Ah, tiens, ce type avait déjà fait l’expérience des modes de combat par le passé, et il disposait visiblement d’un talent tout de même notable. Mais au vu des nombreuses ouvertures qu’il laissait paraître inconsciemment malgré tout, il n’allait pas réellement être un problème à gérer. La preuve, la première chose qu’il fit par la suite fut celle qu’il ne faut jamais faire : se déconcentrer soi-même en allant haranguer l’ennemi. Crétin.

''Ne te méprends pas sur mon compte, gamin, j’ai été un Chuunin expérimenté dans ma jeunesse. Tu ne m’auras pas si fac….eurgh!''

La phrase fut fort malheureusement – ou heureusement, selon les points de vue – interrompue par une présence inconnue et imprévue au niveau du ventre de Kuromo, en la forme d’un poing enfoncé au niveau de son plexus solaire, lui infligeant une perte de souffle qui le laissa pantois quelques secondes. Sérieusement, il aurait eu le temps de se faire foutre trois fois une raclée, dans le temps qu’il lui avait fallu pour reprendre – sommairement - ses moyens. Et comme un imbécile, le seul réflexe qui ponctua son retour au niveau psychologique fut de brandir le bras droit, tentant d’infliger une blessure grave, voire mortelle, à son adversaire en visant le cou. Le coup ne toucha cependant jamais sa cible, le bras se retrouvant arrêté par une main qui serra ses muscles avec une poigne de fer l’empêchant d’effectuer tout mouvement. La suite se passa très rapidement, alors que l’épéiste tira tout bonnement sur le bras droit de Kuromo pour l’attirer à lui, se permettant ainsi d’achever rapidement ce pseudo combat par un direct retentissant au visage, plaquant par la même occasion la cible touchée au sol. Lorsqu’il se redressa en lâchant le bras droit qui retomba avec mollesse au sol, Chôjuro se demanda même s’il n’en avait pas fait un petit peu trop, au vu de la marque laissée par le dernier coup. Mais bon, c’était de sa faute aussi. Quand on est vieux et faible, on n’agite pas le peu de puissance de jeunesse qu’on a eu en espérant intimider un adversaire bien plus puissant. La stratégie du con, quoi. Le jeune homme jeta un dernier regard au type inerte étendu devant lui, inconscient.

''Et tu la gardes fermée jusqu’à nouvel ordre.''

.~oO(0)Oo~.

La suite se passa relativement aisément. Hormis quelques petits imbéciles d’hommes de main qui choisirent ce moment précis pour venir se faire péter la figure en beauté par le ninja qui attendait que l’escouade qu’il avait demandée n’arrive, rien de particulier à signaler. Une fois les alliés particuliers arrivés sur place, il laissa à leur discrétion le fait de ramener les petits malotrus là où ils le devaient, c’était leur boulot de répartir les personnes arrêtées lors des missions, après tout. Quand au reste…eh bah…

D’après les dires populaires, la suite de la journée fut ponctuée par plusieurs arrestations, dont l’une se produisit en plein cœur des bureaux d’administration du village, causant à la fois l’émoi de plusieurs habitants, et l’indignation de nombreux collègues qui virent d’un œil réprobateur leur confrère coupable être emmené là où il le devait. La situation fut la même dans un casino du quartier populaire, de même qu’en plein dans un centre de milice du même quartier. Y a pas dire, la journée fut mouvementée en nouvelles. Et au milieu de tous ces ragots, personne ne remarqua le jeune homme, portant sans problème une épée colossale dans son dos, mangeant tranquillement un bol de nouille au comptoir d’un petit restaurant sur un bord de rue, le troisième depuis qu’il avait pris place.

Honnêtement, les nouilles au bœuf, y a quoi de mieux comme récompense?

Mission Complétée

Note et validation du rp

Points gagnés:
10pts de rp
6pts de rp de bonus mission
Ryôs reçus:
1.000Ryôs
Commentaires:
Je crois que ce que j'aime le plus c'est l'absence totale de fautes dans ces posts... c'est sublime.
Sinon un petit blockquote serait mieux pour ta mise en page.

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