Méchant nunekin !

Mission rang D : Soin aux Agresseurs
Les nukeins, voyageurs innocents, ont souvent quelques soucis lors de leus voyages. Donnez les premiers soins à ceux qui passeront devant votre clémence.
Spécial : JOB

Parfois, lors d'un vagabondage, un rôdeur peut tomber sur des scènes étranges. Les ébats amoureux, par exemple, sont particulièrement instructifs sur les mœurs et les coutumes de la région ainsi qu'une occasion en or de se rincer l'œil. Alias ne faisait pas exception à la règle, et durant ses nombreux voyages il avait été amené de nombreuses fois à être tant spectateur qu'acteur de tels rencontres, lorsque la nature enivrait les donzelles mieux que le sake. Il y repensait souvent, un sourire aux lèvres. Cette rencontre ci, par contre, n'avait pas le même effet sur son organisme. Rien que d'y repenser, son estomac se nouait et ses sens étaient en alerte. Car ce jour-là, il avait failli mourir.

Promenade dans une forêt jouxtant son auberge où il résidait, à Kusa. Loin de gros villages, la densité de population était faible et surtout composé de fermiers, ou des fermières. Parmi ces dernières, il y avait les jolies, et les moins jolies... Mais ce n'est qu'une digression. Il portait sur son dos un grand sac avec des provisions, et du matériel de première nécessité. Pourquoi ? Et bien, cela pouvait toujours se révéler utile, après sa rencontre récente avec un Nunekin. Et cela pouvait lui rapporter gros pour pas grand chose. Qui plus était, un voyageur sans sac, ca ne faisait pas très crédible. Il avait entendu de loin quelques clameurs. Des cris mâles. A première vue, sans intérêt, et il se prépara même à se détourner de son chemin.

Toutefois... il tendit l'oreille, et l'aiguisa au possible. Il réussit à distinguer dans ces cris des tonalités martiales. Soit c'était des ébats très ... autoritaires. Soit il s'agissait d'un combat sans arme. La deuxième option intéressait tout autant l'employeur que la première le répugnait jusqu'au plus profond de son être. La curiosité l'emporta sur toutes les considérations statistiques, et il avança à pas de loup. Lentement, mais surement, en direction des cris.

Et bien, ça c'est du spectacle.

Il s'agissait d'un combat brutal et technique en même temps. Deux maitres s'affrontaient dans une rixe incroyable. L'employeur préféra grimper à un arbre et s'y dissimuler pour observer à loisir ce combat épique qui n'avait pour spectateur que quelques oisillons, et un Heisotsu. L'un était sans doute un maitre classique de taijutsu. Ses mouvements ressemblaient à ceux qu'Alias croisait parfois. Une sorte de danse, aux accents puissants et souples comme le roseau. Et l'autre... L'autre était incroyable et invraisemblable. Des techniques puissantes, rapides, efficaces et destructrices qui prenaient de manière imparable la main dans ce combat. Ses mouvements étaient presque surnaturelle, sont corps devait être différent à la base pour lui permettre de telles acrobaties. Le premier maitre était de plus en plus mal au point, mais il se défendait plutôt bien puisqu'il arriva à blesser aux côtes son adversaire d'un puissant coup de pied qui aurait tuer l'employeur. La contre attaque fut décisive. Deux doigts perforèrent les yeux du maitre malgré les côtes fracturées et un senbon s'enfonça dans le cœur.

Le battement ultime de ce dernier confirma la victoire de l'un, la mort de l'autre. Une flaque de sang se répandit tout autour du vainqueur qui se mit à rire, comme soulagé de ce résultat. Il se releva avec de la peine néanmoins et le sourire était déjà absent de son visage. Sa voix était dure et glaciale.

Tu peux sortir de ta cachette, tu n'es pas très discret. Et même si je suis quelque peu fatigué de ce duel avec ce maitre du taijutsu, je pourrais t'étendre sans aucune difficulté.

Il se tenait quand même vachement fort les côtes pour prétendre n'avoir aucune difficulté, mais l'aura de ce nunekin semblait confirmer ses dires. Il n'était pas un adversaire que l'employeur pouvait espérer combattre avant une année d'entrainement, au minimum. Autant se rendre, même la fuite était incertaine. Il sauta de sa branche et atterrit à côté de la flaque vermeille. Il leva ses mains bien hautes, en signe de paix.

Loin de moi l'idée de me cacher... Je souhaitais plutôt observer votre duel sans vous gêner l'un ou l'autre. Je me nomme Shirai, et je connais les rudiments du taekwondo. Néanmoins, ma maitrise est bien loin de la votre. J'ai été tout simplement subjugué.

La garde du nunekin se relâcha aussitôt. Il avait eut le temps d'inspecter l'apparence chétive de l'employeur, et il savait qu'il n'avait rien à craindre de lui. Il répondit juste en rigolant.

Trop faible pour m'intéresser hahaha. Tu ne devrais pas me parler. Je ne suis pas fréquentable...merde, ca fait mal dans les côtes.

Un sourire passa sur les lèvres de l'employeur qui rétorqua.

Vous êtes dans le bingo book ? C'est pas un souci. Ce n'est pas la première fois que je rencontre un nunekin. Les gens comme vous font tourner mon commerce après tout.

Le nunekin s'arrêta alors de bouger. Ses yeux semblaient presque briller d'une flamme intense. Il se tenait toujours les côtes, mais semblait très intéressé par ce qu'il venait d'entendre. Il demanda alors, d'abord d'une petite voix.

Tu as des provisions ?

Le Heisotsu se contorsionna pour attraper son sac à dos et s'agenouilla par terre avec. Il l'ouvrit et en sortit différents sachets. De la nourriture, de l'eau, mais aussi une trousse de premier secours ainsi qu'une carte. C'était pour ce genre de service que le vagabond se baladait perpétuellement avec un si gros sac à dos. Les yeux du nunekins parcoururent les différents produits avec envie.

J'ai même des bandages de bonne qualité ainsi qu'une carte des alentours. J'ai marqué dessus les gens louches que j'ai croisé - des oinins peut-être.

Le nunekin aurait put tué le Heisotsu et s'emparer gratuitement de ces provisions. Néanmoins, dans ces milieux, on avait un certain code d'honneur. Sans les employeurs de l'ombre, les nunekins seraient simplement une race disparue de la surface de la terre. De fait, il ne pouvait pas se permettre de le tuer sans se mettre à dos toute la communauté. Il n'avait pas le choix, il répondit simplement.

Je connais le tarif. Et bien on dirait que je m'en tirerais aujourd'hui encore. Je te souhaite une bonne journée, vénal Employeur !

Il empocha tout ce qu'Alias avait à lui offrir et le salua après lui avoir tendu une petite bouse. Tout travail mérite salaire, et puis Alias lui avait aussi dressé une carte avec des mouvements de groupes suspects. C'était excellent pour le nunekin. Il pourrait plus facilement éviter les chasseurs à ses trousses, même si la carte n'était certainement pas complète. Il partit dans un nuage de fumée, ne laissant derrière lui qu'un cadavre et un vivant encore plus riche qu'auparavant.