Entrainement des Petits Nuages de Kumo[Mission de rang]

Spoiler:

Les lieux étaient remplis d’un silence soutenu. Aucun cri d’enfants ne venait déranger ma quiétude et en cette matinée, j’avais mis les pieds à L’Académie pour une raison qui m’était encore inconnue à cette heure. Moi qui détestais jouer le rôle de professeur, je m’étais présenté à mon poste comme si ce métier avait été une bénédiction pour moi. Je me sentais excessivement bien et remplis d’une joie intense. Mais malgré toutes mes bonnes intentions, mon caractère allait bientôt changer radicalement. Un simple petit son, une simple question idiote. Il n’avait suffi que de simples mots pour me rappeler la raison du pourquoi je détestais tant cet endroit. Des questions remplies d’innocences derrière lesquelles se cachait un petit garçon ou une petite fille qui n’avaient fait que les premiers pas dans ce monde de grand. Dans un monde où le danger était omniprésent et où la mort pouvait vous attendre à chaque tournant de notre vie. Pourquoi s’étaient-ils engagés sur une route aussi dangereuse où les obstacles parsemaient leur chemin afin de les faire abandonner? Avaient-ils décidé tout simplement de s’enrôler pour partir à l’aventure, sans même connaître le fond de ce qui les attendait? Savaient-ils que le meurtre et la mort allaient les côtoyer sans cesse et que rendus à une certaine étape, ils allaient ne fait qu’un avec elle? Tant de questions qui au final n’avait peut être même pas de réponses. Tout innocents, ils s’étaient inscrits à l’Académie pour des raisons futiles.

De la simple volonté de leurs parents ou amis, ils avaient accepté de franchir ce pas. Un pas qui allait sans aucun doute les emmener directement au cimetière. Était-ce vraiment ce qu’ils voulaient? Et moi, pourquoi avais-je accepté l’offre du tranchoir? Pourquoi avais-je décidé de le suivre jusqu’à son dernier souffle et d’apprendre de ses enseignements, le mal? Ce mal qui m’avait permis de me faire un nom dans de nombreux villages. Ce mal qui m’avait fait ressentir la douce odeur du sang chaud qui coulait sur la lame de mon arme. Qui m’avait fait ressentir cette sensation qui vous transperce de bord en bord lorsque vous sentez la vie de votre victime être rappelée dans les enfers de ce monde. Que de joie et d’extase que je pouvais ressentir là. Voilà pourquoi j’avais choisi cette route. Pourquoi j’avais décidé de suivre mon maitre, de lui faire confiance et de perpétuer sa mémoire même au-delà de la mort. Il était ma raison de vivre et aujourd’hui, j’exécutais sa volonté. Ce village allait être ma planche de salut et au moment venu, j’exalterais la volonté du tranchoir afin que tous puissent trembler devant son nom. Mais pour le moment, je devais poursuivre ce que j’avais déjà entrepris et c’est dans cette optique que je me dirigeais vers le jeune garçon qui venait tout juste d’entrer et me présentant devant lui, je lui dis :

-Un nouvel élève hein? Comme si on n’avait pas déjà assez d’incapables dans nos classes. Enfin, si tu es là c’est certainement pour nous prouver que tu fais exception à la règle non? Suis-moi.

L’invitant à me suivre. Je me dirigeais en direction d’une salle isolée au fin fond d’un corridor aussi sombre que mon cœur. Une fois placé devant la porte qui m’intéressait, je l’ouvris dans un grincement interminable et lorsque le chemin se libéra, je pénétrais dans la minuscule pièce. Ne disposant d'aucunes fenêtres vers l’extérieur, je me plaçais derrière mon bureau fétiche et reposant mon regard sur le nouveau, je débutais l’interrogation.

-Bon avant de commencer le côté pratique de ta première journée, je voudrais savoir pourquoi es-tu ici? Qu'est-ce qui t’a poussé à choisir cette voie où la mort et le meurtre sont chose courante?

Bien évaché dans mon fauteuil, je contemplais la pénombre qui occupait la place. Je n’étais pas le professeur le plus attentif du monde, mais j’en avais l’habitude. S’il me répondait, j’allais rectifier le tir et porter mon attention sur ses paroles, mais pour le moment, un silence de mort s’était emparé de la pièce rendant l’atmosphère encore plus lourde et sinistre. Très peu de lumière du corridor éclairait la minuscule pièce et même si la porte était restée ouverte, ça n’avait rien changé à la clarté des environs. Mon corps à moitié attiré par la faible lumière qui était entrée, le jeune aspirant pouvait ressentir sur lui une sensation des plus désagréables. Comme si la pièce se refermait sur sa pauvre personne telle un piège. Étrangement, je ne semblais pas être dérangée par cette atmosphère. À me voir aller de la sorte, on pouvait croire que j’y étais habitué et que peut être même que je privilégiais ce genre d’endroit à d’autres beaucoup plus voyant et beaucoup plus lumineux.

Si l’on prenait le temps de me psychanalyser, on aurait découvert que ce qui se trouvait en mon for intérieur ressemblant comme deux goute d’eau à ce qui se faisait cette pièce. Cette noirceur représentait mon âme damnée par les âmes mortelles des enfers et cette oppression que l’on pouvait ressentir ici décrivait cette peur et cette angoisse que l’on ressentait lorsqu’on me rencontrait pour la première fois. Ce corps physique que l’on voyait que partiellement ne décrivait qu’une infime partie de la personne que j’étais, rien de plus. S’il s’était tu sans répondre à mes questions, mon aura meurtrière aurait continué de l’oppresser jusqu’à l’obliger à quitter cette salle, mais heureusement pour lui, il avait eu la brillante idée de briser l’ambiance qui régnait pour répondre aux questions que je lui avais posées plus tôt. Délaissant les ténèbres un moment, je reportais mon regard sur lui afin de ne rien perdre de ce qu’il avait déjà commencé à me dire.

Dans ses propos, il y avait une sorte de franchise qui l’avait poussé à faire sa demande pour entrer à l’Académie. De ce qu’il m’avait dit, il voulait pallier les faiblesses qu’il avait afin d’être capable de protéger les personnes qu’il aimait. Un but louable certes, mais qui allait très certainement lui causer bien du tort dans le futur. Relevant la tête après y avoir réfléchi un bref instant, ma voix brisa à son tour le mur du silence.

-Les faibles n’existent que pour permettre au plus fort de survivre. Si tu désires faire partie des plus forts, tu as bien choisi ton camp, mais si jamais le doute s’installe dans ton esprit, c’est fini!!! Tu as le choix de vaincre ou d’être vaincus et rien d’autre. Maintenant, voyons ce que tu vaux vraiment.

Après lui avoir fait ce petit discours, je lui demandais de me montrer tout d’abord de quoi il était capable et si ses essais étaient satisfaisants, j’allais lui faire l’honneur de lui transmettre cet enseignement divin que m’avait d’abord transmis le tranchoir.

-Avant de faire n’importe quoi, je veux voir de quoi tu es capable. Alors, commence par faire une métamorphose de ma personne.

Même s’il ne pouvait pas me voir complètement, je voulais savoir si ce jeune garçon possédait une mémoire photographique. S’il en était capable, une première étape allait être passée, mais fallait-il tout d’abord qu’il y parvienne.

Dans le noir ce n’était pas facile d’analyser la personne qui se trouvait en face de nous, mais de cette situation se distinguait une possibilité bien présente lors de mission confiée par le Raikage. Effectivement, il n’était pas toujours aussi facile d’obtenir les moindres détails sur une cible potentielle et lorsqu’on avait la chance de le voir, même tant est peu, il fallait la prendre et mémoriser le moindre détail le plus rapidement possible. C’était un exercice de mémoire essentiel à tout ninja et si l’on n’était pas en mesure d’y parvenir, c’est que la voie que nous avions choisie n’était pas celle que l’on aurait dû choisir. Au moins, pour le cas de cet autre microbe, il avait encore la chance de tourner les talons et de retourner chez lui. Il venait à peine d’être accepté à l’Académie alors il n’était pas encore trop tard pour bien faire. La vie de ninja n’était pas un emploi disponible à tout le monde, loin de là. Beaucoup abandonnait après quelques semaines seulement de cours et d’entrainement dans lesquels chaque défaut était montré au grand jour. Ce n’était pas facile et j’étais passé par là moi aussi, mais contrairement aux entrainements qu’ils subissaient dans cette école, les miens avaient été beaucoup plus difficiles, tant sur le plan mental que sur le plan physique. En effet, je n’avais pas appris les techniques de bases dans un établissement scolaire comme celui-ci.

Tout ce que je connaissais avant mon arrivée à Kumo avait été appris de mon maitre. Étant un guerrier sans pitié, ses entrainements reflétaient bien son tempérament et son caractère. En plus d’être très difficile et de vous repousser dans vos derniers retranchements, le tranchoir ne se gênait pas pour me faire ressentir la souffrance et la douleur. Mais contrairement à ces monstres que j’avais eus comme parent, mon maitre m’avait fait subir cela pour fortifier mon corps et mon esprit. Même si parfois, j’étais ressortir de son enseignement avec des blessures très graves, j’en étais toujours ressorti grandis. C’était grâce à l’absence de pitié et de chance qu’il m’avait permis aujourd’hui de devenir son discipline et de transmettre dans le monde son enseignement et ses pensées. Il avait été pour moi le seul homme qui avais mérité mon respect et pour qui j’avais octroyé le surnom de sensei. Dans ma vie, j’avais eu d’autres enseignants, mais à aucun moment, ils ne s’étaient montrés dignes de recevoir mon respect. Même ce dirigeant qui était à la tête du village n’était pour moi que l’objet de mes projets futurs. Si j’avais accepté de travailler pour lui aujourd’hui, c’était simplement par intérêt, tout simplement. Il avait besoin de bon guerrier comme j’avais besoin de lui pour avancer. Nos besoins étaient comblés et c’est tout ce qui importait pour le moment.

Revenant à mes moutons, je fixais le jeune homme en face de moi. Comme ça faisait un bon moment que nous étions dans le noir, nos yeux s’étaient habitués à la noirceur et maintenant nous étions en mesure de mieux voir dans l’obscurité. Lui laissant la chance de se prouver, il dut se reprendre à trois reprises, afin d’arriver à un résultat qui ne pouvait pas être considéré comme excellent puisque même si sa voix ressemblait à la mienne, elle ne pouvait être acceptée. Dans une véritable mission, ce petit détail, aussi léger qu’il aurait pu paraître, aurait fait fondre sa couverture comme neige au soleil ce qui en aurait résulté de la mort de ce pauvre incapable. Loin d’être satisfait de ce que je venais de voir, je lui donnais mon commentaire sur les tentatives ratées qu’ils avaient exécutées.

-Et bien tu n’es pas différent de tous ces incapables qui sont assis dans les classes. Tu penses avoir réussi ta métamorphose, mais tu es loin du résultat final. Une voix un peu trop grave, des vêtements manquants de détails, il n’y a vraiment rien qui vaille. Si tu veux arriver à une parfaite copie de ta cible, tu ne dois oublier aucun détail, aussi minime soit-il, mais si tu veux te faire démasquer et bien tu es sur la bonne voie. En plus, ce n’est pas tout que d’avoir l’apparence physique de la cible, mais faut-il aussi avoir son caractère, ses manies, sa façon de bouger. Tous ces éléments vont te permettre de faire une copie crédible et d’éviter de te faire tuer par le premier venu. Le monde ninja est un environnement remplis de détail et si tu ne comprends pas ça, tu n’arriveras à rien en tant que ninja.

Me levant, je décidais de laisser le jeune morveux seul. De ce que j’avais vu, il n’avait pas été en mesure de faire cette simple métamorphose qui était une technique toute au bas de l’échelle. J’avais bien d’autre chose à faire que de perdre mon temps avec lui. De toute façon, ce qui lui restait à apprendre ne me concernait plus et des informations que je lui avais transmises, il allait être en mesure de se débrouiller tout seul, comme un grand garçon. M’arrêtant dans le cadre de la porte, je lui portais un dernier message que je déposais sur mon bureau dans un parchemin que j’avais reçu pour lui précédemment et sur lequel étaient écrits son horaire de cours ainsi que le numéro de ses classes. Tout en déposant le message, j’ajoutais :

-Je pense que tu as bien d’autres possibilités que de perdre ton temps sur une voie qui ne t’emmènera nulle part.

S’il voulait perdre son temps à tenter d’atteindre un rêve qui lui était inaccessible, il pouvait bien le faire, mais mon temps était de loin plus précieux que le sien et pour le moment, j’en avais assez perdu comme ça. Sans rien rajouter, je disparus dans le corridor pour aller m’occuper de tâches plus importantes.