A bas les tires au flan[PV Kurokawa]

Si la nuit précédente n’avait pas été aussi riche en émotions positive, Tsuki se demanderait si le monde avait une dent contre lui. Déjà, en rentrant chez lui alors que le soleil avait pris place dans le ciel depuis belle lurette, son père l’avait engueulé tellement fort que ses oreilles bourdonnaient encore. Quand ce dernier eut fermé le chapitre concernant les escapades nocturnes du louveteau, il entama le sujet concernant son assiduité décadente à l’académie. C’était idiot de penser que les professeurs se lasseraient de contacter ses parents pour leur expliquer son comportement… défaillant ! Oui, c’était pile le mot pour décrire ce qu’il pensait de son attitude plus ou moins hors du commun. Le paternel avait cru bon de l’avertir que le gérant de l’académie avait deux ou trois mots à lui dire, paroles qui rentreraient dans une oreille pour ressortir par l’autre. Mais que voulez vous, les adultes se sentent toujours obliger de guider les jeunes pousses sur ce qu’ils croient être le droit chemin. Le loup noir n’allait tout de même pas, en plus de les exaspérer, leur ôter le plaisir de lui balancer à la figure leur étique professorale. Bref, cet exposé matinal avait faillit renvoyer le Hari aussi sec dans les bras de Morphée, car rien ne l’ennuyait plus que les remontrances monotones que lui servaient les adultes. Ses géniteurs n’en pouvaient plus, ses enseignants s’arrachaient les cheveux, des murmures se faisaient entendre dans son dos quand il passait dans la rue. Et pourtant cette tête brûlée avait décidé d’être soumis et n’obéissait d’ailleurs qu’à une personne, justement parce qu’elle ne cherchait pas du tout à le soumettre ou du moins, le faisait de manière très subtile.

D’ailleurs, la troisième nouvelle de la journée concernait cette personne, en plus de concerner tout le clan. Vous connaissez le dicton : jamais deux sans trois et la dernière annonce était de taille, car elle eut le don de sortir le jeune homme loup de sa pseudo torpeur. Avec un air à la fois blasé et fier, son père venait de lui apprendre qu’il n’était plus l’alpha mâle du clan et il comprit tout ce suite ce qu’impliquait ce changement. Mata, sa sœur aînée et unique alpha depuis plusieurs années, était dorénavant mariée, dans le sens large du terme. Il y avait une deuxième personne à qui Aoi était selon les règles du clan sensé obéir, chose qui ne risquait pas d’arriver de si tôt. Et la liste des inconvénients qui lui venaient à l’esprit ne cessait de s’allonger au fil des secondes. Après une minute de réflexion, si on avait déroulé le parchemin sur lequel les désavantages en question étaient inscrits, il serait bien plus long que lui, en prenant sa taille comme comparatif. Et tout le monde savait que pour son âge, il était grand, bien plus que la moyenne, chose dont le louveteau ne se vantait pas, cela allait de soit. Quant au nouveau mâle dominant, sa seule description donna des nausées l’enfant lune, ce qui provoqua à nouveau la fureur de son père. Décidément, il n’y avait aucun moyen dans ce monde impitoyable de profiter d’un heureux évènement sans qu’une catastrophe, l’apocalypse vienne montrer le bout de son nez par la suite.

Ao venait de la salle des profs et avait été collé, c’était bien la première fois et ce n’était surement pas ça qui musèlerait sa flemmardise. Mais parce qu’il était un homme de paroles et avait juré de ne pas recommencer de si tôt, il était coincé dans la salle de classe jusqu’à la fin des cours et devait en plus s’entraîner sur les techniques de bases sous étroite surveillance. Parfois, il se demandait ce qu'on ferait de lui s’il n’était pas aussi prompt à tenir les promesses qu’il faisait, sans vraiment entendre ce qu’il promettait d’accomplir. Une chose était certaine, pour aujourd’hui, ses enseignants pouvaient remercier le nouveau chef du clan, car si le loup aux yeux d’argent ne conversait pas encore avec le dieu du sommeil, c’était justement parce qu’il avait mieux à faire que roupiller. Laisserez vous une sorte de squatter, usurpateur à peine plus vieux que vous prétendre être digne de vous dirigez en plus de vous ravir votre sœur ? Non, bien lui encore moins. Pendant toute la journée il avait comploté, encore et encore, tellement que ses profs croyaient vraiment qu’il s’intéressait à la leçon d’aujourd’hui. Le loup paraissait si sérieux, pouvait-on leur en vouloir de croire ce qui les enchantait ?

Si la cloche n’avait pas sonné pour lui rappeler qu’il était encore sur terre, notre Tsuki international aurait surement perdu toute notion de temps et d’espace. Ce qui lui rappela, qu’en plus de sécher magistralement les cours, il avait une vie semblable à celle d’un sociopathe, car s’il se souvenait des visages, des voix ou des odeurs, il ne connaissait le nom d’aucun, enfin presque aucun, des élèves qui subissaient le même calvaire que lui. Histoire de sympathiser et surtout savoir ce qu’il devait répondre, car on avait aussi prévu de l’interroger pour voir s’il avait été attentif, il s’approcha d’un jeune homme et lui demanda, son sempiternel air ennuyé l’accompagnant, le cours à un de ses camarades.

- Excuse, mais tu peux me rendre un service ? Tu vois, Darui-sensei m’en veut. Il va me poser un tas de questions dans pas longtemps et je n’ai pas suivi un seul mot de ce qu’il a dit. Tu me fais un bref topo ?

Cet enfant changera-t-il un jour ?
Jamais. La vie serait d’une monotonie, non plus mortelle, mais infernale sinon…

Des punitions, pour aujourd’hui, le louveteau en avait eu suffisamment, assez en tout cas pour ne pas être contre une petite tricherie. En effet, même si ce petit questionnaire était réussi, le double entrainement intensif qui l’attendait n’était qu’une partie de ses souffrances du jour. Au début, en voyant le jeune homme réfléchir, il avait pensé qu’il l’aurait royalement envoyé baladé et qu’il aurait du se taper une autre punition fraichement imaginé pour lui par Darui-sensei. Mais il fut agréablement surpris en le voyant faire les signes de la technique de métamorphose. Il se ne se fit pas prier quand son camarade l’attira sous la table et resta aussi silencieux qu’un mort pouvait l’être. Le Hari savait que d’une certaine manière, l’aspirant tirait quelque chose de toute cette histoire, mais il n’allait pas du tout émettre cette hypothèse, ne voulant pas passer pour un ingrat.

Histoire de savoir ce qu’il avait manqué, le jeune loup écouta la conversation de sa cachette improvisée. Les questions portaient principalement sur des calculs de trajectoire, d’armes de jets et d’un tas de truc qui ne l’intéressait aucunement. Car si le fils de la lune n’était pas un bourrin, il préférait de loin le contact des poings, qu’ils soient ou non chargés de chakra que l’attitude un peu lâche des attaques à distances. D’ailleurs, le kunai n’était pas une arme qu’il se voyait capable d’utiliser, ses griffes faisant bien plus de dégâts que ce petit couteau de cuisine. S’il devait avoir une arme, ce serait quelque chose de lourd ou de très aiguisé : une masse ou des épées. Pourquoi ‘‘des’’ ? Très simple, Tsuki était ambidextre, aussi habile de la main droite que de la main gauche. Quitte à avoir une épée, autant en avoir une dans chaque main, c’était sa façon de penser.

Au loin, l’interrogatoire prenait fin, avec un sensei fort étonné du pseudo sérieux du dormeur compulsif. Et le coup de grâce que lui avait donné la copie du louveteau l’avait déstabilisé au plus haut point. Avec ça l’enfant loup pensait qu’il aurait la paix pendant un moment, qui sait, peut-être même une remise de peine. Les pas de l’usurpateur s’approchaient, une sorte de signal qui fit sortir le vrai Tsuki de sa cachette improvisée. Assis sur la table, il regarda l’aspirant en face de lui, le détaillant un moment, avant de jeter un coup d’œil rapide sur les feuilles qu’il ramassait et rangeait. N’écoutant qu’à moitié le compte-rendu du stratagème, Aoi réagit uniquement aux prévisions de son camarade. Sécher les cours, lui qui paraissait si studieux ? Pourquoi cela sonnait-il faux dans cette bouche ? Là encore, le louveteau s’abstint de tout commentaires désobligeant envers son sauveur, mais lui fit par cependant de sa requête, le remerciant d’abord pour son acte généreux.

- Déjà… Merci pour le coup de main. Je n’en demandais pas tant, mais j’avoue que sur un tel sujet, vu les questions qu’il t’a posé, j’aurais totalement séché. Le combat à distance c’est pas du tout mon style.

Hésitant un moment, se demandant si sécher le reste des cours étaient une bonne idée vu tous les problèmes qu’il avait déjà, le jeune Hari finit par reprendre.

- Tu sèches les cours, pour aller t’entrainer, n’est ce pas ? Si tu veux, je veux bien t’aider. Ce serait une façon de payer la dette que j’ai envers toi. Qu’est ce que t’en dis ?

S’entrainer alors qu’il n’allait faire que ça quand il allait rentrer n’enchantait pas vraiment Tsuki. Mais il se passait bien de montrer ce qu’il ressentait et continuait d’afficher cet air ennuyé et nonchalant qui le caractérisait si bien. Au pire, demain matin en se levant, il aurait des courbatures, pensa-t-il en s’efforçant de ne pas grimacer. Par contre, il ne put retenir un bâillement. Il n’avait encore fait de sieste et vu que son corps était plus ou moins habitué à son cycle de sommeil totalement anormal, il réclamait d’urgence les bras de Morphée. Dommage pour lui, aujourd’hui, le jeune loup avait décidé d’être sérieux, la sieste était donc reportée à beaucoup plus tard. Quelque part au milieu de toutes ces réflexions, une partie de son cerveau continuait toujours à comploter contre le nouvel arrivant dans sa famille et venait de trouver le cadeau de bienvenue idéale pour le trouble fait.

- Allez, allons-y avant que le prochain prof arrive.

Descendant de son perchoir, le loup noir se dirigea vers la sortie de l’amphi, conscient que son bon samaritain le suivait vu qu’il ne voulait pas non plus assister à la suite des cours. La réponse à sa question ? Il s’en moquait un peu, en fin de compte, car comme lui tout à l’heure, il tenait à vérifier quelque chose en l’aidant dans son entrainement.

Le loup noir avait presque atteint le bas des escaliers quand son sauveur du jour répondit à la positive à sa proposition. Aujourd’hui, la journée promettait bien des choses, en plus de cette collaboration clandestine. Ne se tournant pas pour regarder son interlocuteur, l’ignorant presque même, Tsuki continua son chemin et sortit enfin de l’amphithéâtre qui était son enfer personnel à biens des égards. A ce moment, une sonnerie retentit et un brouhaha surprenant s’éleva de la salle qu’il venait de quitter. La pause venait de commencer apparemment, un bon point pour eux qui comptait filer en douce. Les couloirs vides se remplirent à une allure folle et les deux aspirants passèrent bientôt aussi inaperçus qu’une aiguille de une motte de foin. Son camarade du jour qui venait de le dépasser, bifurqua pour se diriger vers la fameuse porte de secours qu’il utilisait si souvent.

Décidemment, ce petit intello avait plus d’un tour dans son sac et ne cessait de surprendre l’enfant loup qui revoyait son jugement. Son bon samaritain avait plus l’air de putain de perfectionniste que d’un bon élève lécheur de souliers de profs. Une conclusion qui le faisait monter dans son estime. A la sortie de l’académie, le vent griffa le visage du jeune loup et fit partie les brides de sommeils qui menaçaient de le submerger. La mélopée du vent avait parfois des effets contraires sur l’organisme, mais c’était bien la première fois qu’Ao n’était pas contre qu’on l’empêche de dormir. L’entrainement auquel il allait se consacrer lui demanderait un maximum d’attention, mieux valait donc qu’il soit on ne peut plus éveillé. Son interlocuteur le sortit de ses pensées en lui proposant un lieu calme pour ce qu’il avait prévu de faire. L’enfant loup ne fit pas mine de le contredire et le suivit plutôt docilement quand ce dernier prit la tête du petit groupe qu’ils formaient.

Les mains derrière la tête, avançant de cette démarche gracieuse et animale qui n’appartenait qu’aux Hari, le louveteau déambulait dans les rues de Kumo Gakure. Comme d’habitude, les gens se demandaient ce que je faisais à gambader au lieu d’être en cours, pire, si mon comportement n’était pas contagieux, vu que j’avais de la compagnie. Il était amusant pour le Hari de faire semblant de ne pas entendre alors que son ouïe ne lui cachait rien des infamies qu’on disait de lui. Ce qu’il y avait d’amusant ? De constater que les humains pouvaient se montrer d’une bassesse affligeante et de voir à quel point leurs actions lui facilitaient l’acceptation de sa véritable nature. Les loups étaient droits, intègres, fidèles envers leurs semblables, pas du tout attirés par l’appât du gain, en fait l’exact opposé de la grotesque caricature que lui offrait la majorité du genre humain. Encore heureux que tous n’étaient pas sortis de moule à vices. Dans ce village, les exceptions pouvaient certainement ce compter sur les doigts de la main.

Le nez affuté du loup noir le prévint qu’ils arrivaient sur une étendue d’herbe au même moment au ses oreilles n’entendirent plus les pas de son compagnon du jour. Quand il prit conscience de l’environnement qui l’entourait, sa mine d’éternel dormeur disparut pour laisser place à un Tsuki satisfait. L’endroit avait été fort bien choisi et il voyait pas du tout l’intérêt de montrer une mine dépité devant toute cette verdure. Ensuite vint le thème de l’entrainement. C’était une question astucieuse à laquelle une seule réponse s’imposait à l’esprit du louveteau. Mais avant ça, il se présenta à son tour.


- Tsuki…

Il n’avait pas besoin d’en dire plus, vu que le dénommé Yuu n’avait pas été plus bavard. Et généralement le fils de la lune n’était pas d’un naturel bavard, n’ouvrant la bouche que pour dire le strict nécessaire. Feintant un court temps de réflexion, il répondit à l’interrogation principale qui lui avait été posé auparavant, avec une neutralité dans la voix qui s’harmonisait assez bien avec la satisfaction sereine qui s’affichait sur son visage.

- C’est quoi, tes points forts ?

En effet, la meilleure manière d’avoir un entrainement constructif était de connaitre ses points forts et parallèlement ses points faibles. Ainsi, on pouvait palier au défaut, ou au moins ne pas les rendre fatal et rendre nos spécialités… mortelles.

Le loup noir aimait bien la sérénité du lieu et était de plus en plus enclin à s’investir dans cet entrainement supplémentaire. Il remarqua aussi que le jeune Yuu le fixait depuis un moment, intrigué semblait-il par sa démarche. On ne pouvait pas lui en vouloir, rares étaient les personnes se déplaçant avec autant de finesse et d’agilité. Mais, c’était l’un des nombreux avantages dont jouissait les Hari. Quoiqu’il en fut, ce n’était point le sujet qui préoccupait les deux aspirants en quête de savoir. Tsuki écouta attentivement les paroles de son compagnon, en réfléchissant à ce qu’il savait de lui-même. Le lancer d’armes n’était pas vraiment son fort et son compagnon semblait pourtant être très bon à ce petit jeu. La démonstration de sa dextérité avait été assez bien exécutée pour être une preuve acceptable. Le louveteau sortit de ses pensées quand l’interrogation dont il était l’auteur lui revint. Le Hari répondit avec un maximum de franchise, laissant au jeune Yuu le soin de tirer ses propres conclusions.

- Je suis comme tout en ce qui concerne le ninjutsu. Sinon j’utilise principalement les techniques de mon clan qui sont basées sur la traque et la force brute. En gros mon domaine de prédilection, c’est le corps-à-corps.

Il ne savait pas comment le jeune homme réagirait à la mention de terme ‘‘traque’’ mais ce n’était qu’un détail secondaire. Au vu des informations qui avait été échangées, Aoi remarqua le caractère contradictoire de leur façon de combattre. Une idée s’imposa naturellement au loup noir qui scruta aussitôt l’espace de verdure qui les entourait. Méditant quelques minutes la pensée qui germait dans son esprit, le jeune loup finit par exposer sa théorie.

- Mon but principale au combat, c’est toujours d’arriver à une distance qui me permet de placer mes coups, tandis que toi, pour être efficace, un espace assez grand doit te séparer de ton adversaire. L’entrainement consisterait donc, pour toi, de me garder à distance par tous les moyens et moi, de trouver un moyen d’arriver au corps-à-corps pour te porter un coup. D’ailleurs l’endroit n’aurait pas pu être mieux choisi. Qu’en dis-tu ?

Tout le long de son exposition, les yeux du loup noir n’avait pas quitté l’océan émeraude sur lequel il marchait. Son expression neutre, ennuyé était revenu, ce qui ne signifiait pas pour autant qu’il se désintéressait du programme qu’ils mettaient en place.

Entre temps, le louveteau s’était assis, les jambes croisées en tailleur, et jouait avec une coccinelle qui traçait son chemin dans la végétation verdoyante. De temps en temps, son regard se posait sur son interlocuteur, fuyant, fugitif, de manière à voir comment il réagissait. Apparemment, le fait qu’il fasse parti d’un clan semblait expliquer une grande partie des questions que le jeune homme se posait. Ce qui arrangeait le loup noir. Il fut aussi content, bien qu’il fût trop occupé à embêter le pauvre insecte rouge pour le montrer, que son idée fut acceptée avec tant d’enthousiasme. Alors que l’aspirant s’activait dans sa recherche de projectiles inoffensifs, le jeune Hari regardait la coccinelle s’envoler. Il fut tiré de sa rêverie par les questions du jeune homme en habits chinois. Levant la tête, plongeant ses yeux d’argent scintillant d’un reflet azuré, l’enfant laissa le silence s’installer.

Il n’avait aucune envie de révéler sa vraie nature, non pas parce qu’il avait honte de lui –cette période de complexe était loin maintenant –, plus parce qu’il refusait de passer pour un mangeur d’homme. Le souvenir de sa rencontre catastrophique avec Jin était aussi présent que si elle avait été marqué dans son âme au fer rouge. Aussi, il retourna à sa contemplation méditative sans laisser le moindre son trouver le chemin de ses lèvres. Et puis, pensait-il dans son fort intérieur, le jeune Yuu saurait tôt ou tard de quoi il en retournait. Après tout, ce n’était pas comme s’il était inconnu de la population de Kumo. Le temps passait lentement. Et si la mélodie du vent avait quelque chose d’envoutant, de reposant, Aoi craignait que le sommeil vienne de nouveau frapper aux portes de ses paupières. Autant d’heures d’affilées sans avoir une seule fois céder au divin appel de Morphée, un phénomène que même le terme de miracle ne pouvait justement qualifier.

Enfin, la collecte de projectile prit fin et la camarade du louveteau s’empressa de lui donner une tonne de conseils. Si ceux-ci avaient une quelconque utilité, le Hari n'en saurait jamais rien vu qu’il n’était même pas capable de dire le nombre de pierres que possédait son opposant. Cependant, il comprit que son interlocuteur attendait lui aussi un conseil de sa part, ce qu’il ne comprenait pas vraiment. Réfléchissant l’espace de quelques secondes, le loup noir pensa à quelque chose qu’il espérait pouvoir appliquer à tous les spécialistes du combat rapproché. Le bruit de pas s’éloignant fit comprendre au fils de la lune qu’il allait aussi devoir hausser le ton s’il voulait se faire entendre de son bon samaritain, ce dernier ayant mis plus mètres d’écart entre eux. Le regard fixant le sol, sa voix rauque s’éleva, plus imposante que d'habitude mais suintant toujours cet ennui presque démoralisant.

- Vise toujours les membres moteurs. Sans un bon appui, les coups portés perdent en puissance et en précision.

Alors qu’il finissait sa phrase, Tsuki entendit le jeune aspirant le prévenir. Quelques micros secondes plus tard, un sifflement strident se fit entendre, prenant au dépourvu le canidé qui n’avait même pas pris le temps de s’échauffer. Toujours assis en tailleur, l’enfant loup laissa la partie supérieure de son corps basculer en arrière et arrêta sa chute à quelques millimètres du parterre d'herde. La pierre fendit le vent quelques centimètres au dessus du visage sans expression de l’animal, qui poussa en soupir en voyant que sa flemmardise aurait pu lui donner un bleu.

- Tché… Il y va dur pour un début…

Le loup marmonna ses mots entre de dents de fait que son camarade ne put même pas voir ses lèvres bouger. Se redressant promptement et sautant sur ses pieds pour se mettre debout, Ao décida qu’il ne ferait pas non plus dans la dentelle. Sautillant d’un pied à l’autre, pour se dégourdir les articulations, l’animal fondit, tel un aigle sur sa proie, vers Yuu qui préparait surement son prochain coup.

Pour une fois, peut-être qu’il agirait avec sérieux. Mais une chose était sûr, il réservait lui aussi quelque surprise.